Maladies auto-immunes : pourquoi et comment lutter contre le stress

Quelles sont les maladies auto-immunes ?

Définition : c'est quoi une maladie auto-immune ?

Habituellement, le système immunitaire sert aux défenses de l'organisme contre les infections, car il sait faire la différence entre une cellule de l'organisme saine et une cellule infectée, ou une cellule extérieure à l'organisme (bactérie pathogène par exemple), ou encore une cellule cancéreuse à éliminer.

Que veut dire auto immune ?

Dans une maladie auto-immune, le système immunitaire réagit à des antigènes du soi et s'attaque par erreur à des cellules saines ou des constituants de l'organisme. Par exemple, dans le diabète de type 1, le système immunitaire s'en prend au pancréas et produit des auto-anticorps contre les cellules bêta des îlots du pancréas, sécrétrices d'insuline. Au début de la maladie, les pathologies auto-immunes sont déclenchées par une rupture de tolérance immunologique de l’organisme face à ses propres constituants.

Les auto-anticorps dans les pathologies auto-immunes

Dans une maladie auto-immune, le système immunitaire produit des protéines, des auto-anticorps, dirigés contre des antigènes du soi. Par exemple, dans la thyroïdite de Hashimoto, la baisse de production des hormones thyroïdiennes résulte de l’attaque de la thyroïde par des auto-anticorps : les anti-thyroperoxydase (anti-TPO) et les anti-thyroglobuline (AT).

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Exemples : liste de maladies auto-immunes

Il existe plus d'une centaine de maladies auto-immunes. Si certaines concernent un organe particulier (cas du diabète de type 1), d'autres touchent tout le corps, comme le lupus érythémateux systémique.

Maladies auto-immunes de la peau

• Le psoriasis
• Le vitiligo

Maladies auto-immunes de la thyroïde

• La maladie de Basedow
• La thyroïdite de Hashimoto

Maladies auto-immunes des articulations

• La polyarthrite rhumatoïde
• La spondylarthrite ankylosante, une inflammation chronique des articulations, caractérisée par une atteinte du rachis et du bassin

Maladies auto-immunes de l'intestin et du foie

• La maladie de Crohn
• La maladie cœliaque, due à une réaction immunitaire au gluten
• L'hépatite auto-immune

Maladies auto-immunes touchant le système nerveux

• La sclérose en plaques, où l'inflammation détruit la myéline des fibres nerveuses
• Le syndrome de Guillain-Barré

Maladies auto-immunes du tissu conjonctif

Le syndrome de Sjögren, qui provoque une sécheresse oculaire

Stress et maladies auto-immunes

D'après la société française de rhumatologie, dans 20 à 30 % des cas de maladies auto-immunes, on constate que la pathologie s’est déclenchée après un événement marquant et stressant, tel qu’un traumatisme physique ou psychique : deuil, séparation, accouchement, intervention chirurgicale, etc.

Le stress augmente le risque de maladie auto-immune

Une étude publiée en 2018 portant sur un large échantillon de la population suédoise a montré qu'un stress important augmente le risque de développer une maladie auto-immune ultérieurement.

Cette étude s'est basée sur des registres incluant 106 464 patients souffrant de troubles liés au stress, auxquels ont été associées 1 064 640 personnes non exposées au stress et 126 652 frères et sœurs. L'âge médian auquel les troubles liés au stress étaient diagnostiqués était 41 ans. Le suivi portait sur une durée moyenne de 10 ans.

Résultat : par rapport à la population non exposée au stress, les patients souffrant de troubles liés au stress avaient un risque de maladie auto-immune accru de 36 %. Pour le stress post-traumatique, le risque augmentait de 46 % pour toute maladie auto-immune et était multiplié par 2 pour des maladies auto-immunes multiples (≥3).

Comment expliquer cette relation entre le stress et les maladies auto-immunes ? Pour les auteurs, les personnes souffrant de troubles liés au stress subissent des altérations physiologiques, notamment une perturbation de l'axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien et du système nerveux autonome, qui peuvent influencer de nombreuses fonctions de l'organisme, dont l'immunité, et donc la susceptibilité à la maladie.

Stress post-traumatique et maladies auto-immunes

Plusieurs études ont analysé la relation entre le syndromme de stress post-traumatique et le développement d'une maladie auto-immune.

Par exemple, d'après l'analyse de la cohorte des infirmières NHS-II (plus de 54 000 personnes), les femmes qui ont subi un traumatisme ou eu des symptômes de stress post-traumatique présentent 76 % de risque en plus de souffrir de polyarthrite rhumatoïde.

Les militaires souffrant du syndrome de stress post-traumatique peuvent présenter un risque élevé de maladies auto-immunes

De même, une étude a été menée chez des militaires américains, en utilisant la cohorte Millenium. Parmi les 120 572 participants suivis pendant une durée moyenne de 5,2 ans, le risque de contracter l'une des maladies auto-immunes sélectionnées était 58 % plus élevé chez ceux ayant des antécédents de stress post-traumatique. Les ajustements des résultats tenant compte de l'IMC, du tabagisme et de la consommation d'alcool ont eu peu d'impact sur les estimations. Les auteurs en concluent que "les militaires en service actif souffrant de syndrome de stress post-traumatique peuvent présenter un risque élevé de maladies auto-immunes, indépendamment de leur expérience du combat ou de traumatismes antérieurs."

Les personnes souffrant de stress post-traumatique restent dans un état permanent d'hyperexcitation et de peur. C'est pourquoi ce syndrome est associé à des anomalies endocriniennes, immunitaires et neurobiologiques. La baisse des taux de glucocorticostéroïdes, l'augmentation des facteurs pro-inflammatoires, l'altération de l'expression des gènes et le vieillissement accéléré des cellules immunitaires peuvent entraîner un dysfonctionnement immunitaire qui sous-tend la pathogenèse de nombreuses maladies inflammatoires à médiation immunitaire. De plus, l'hyperexcitation et l'augmentation de l'activité hormonale dans le système nerveux central favorisent la libération de niveaux excessifs d'hormones de stress qui contribuent à une dysrégulation immunitaire chronique et au développement potentiel de maladies auto-immunes.

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Comment lutter contre le stress ?

Dans Vaincre la sclérose en plaques, Émilie et Julien Venesson proposent "la recette des 4 S et 1 T", un programme sur le mode de vie qui, associé à des mesures nutritionnelles et alimentaires, vise à diminuer de manière drastique le nombre de poussées de sclérose en plaques (SEP) :

• 4 S pour sommeil, stress, soleil et sport ;
• T pour tabac (à supprimer !).

Le rôle du stress dans la sclérose en plaques

Le stress joue un rôle important dans la SEP. En effet, comme vu précédemment, un stress majeur peut favoriser une maladie auto-immune ultérieure. Uune fois que la SEP est déclarée, l'exposition au stress augmente le risque de poussées.

Le stress augmente la perméabilité de la barrière hémato-encéphalique

"Le stress agit négativement dans la sclérose en plaques de deux manières", expliquent les auteurs. "Tout d’abord, il fragilise le système immunitaire, ce qui facilite les débordements du virus herpès 4 et ensuite, il augmente les niveaux de MMP-9, c’est-à-dire qu’il augmente la perméabilité de la barrière hémato-encéphalique, ce qui facilite d’autant les poussées."

Émilie Venesson, atteinte de sclérose en plaques, témoigne du stress dans lequel elle vivait à Paris avant de changer de cadre de vie : « Mon boulot consistait à gérer constamment des situations d’urgences, dans un milieu dans lequel il fallait impérativement être performant et s’adapter en permanence. Le stress était quotidien. Les longs trajets pour me rendre sur mon lieu de travail étaient également source de stress. La ville aussi. C’était un peu comme un cercle vicieux, car la fatigue me fragilisait et me rendait moins endurante au stress et autres difficultés. On ne s’en rend pas nécessairement compte lorsque nous baignons dedans. Mais ce fut très frappant lorsque nous sommes partis vivre à la campagne : l’absence quasi soudaine de
sources de stress m’a permis de comprendre combien cela avait eu de conséquences sur ma santé. »

Des pistes pour lutter contre le stress dans la SEP

Pour lutter contre le stress qui nuit à la maladie, il faudra peut-être modifier des éléments de votre vie qui sont sources de stress, comme votre cadre de vie. Ce sont des décisions importantes. N'hésitez pas pour cela à vous faire accompagner par un professionnel, comme un psychologue.

Vous pouvez également :

• faire des exercices de relaxation, de méditation de pleine conscience, de sophrologie ;
• pratiquer la cohérence cardiaque ;
• le sport peut aussi aider à réduire son stress et c'est un des piliers du programme proposé par Julien et Émilie Venesson. Leur conseil : "si vous avez une mobilité suffisante, pratiquez 3 à 4 fois par semaine un sport de force comme la musculation ou de l’escalade, des sports de combat, de l’aviron, du sprint, du saut en longueur, du rugby, etc."

Questions fréquentes

Quelles sont les maladies auto-immunes les plus fréquentes ?

D'après une étude récente, environ une personne sur dix serait concernée par une maladie auto-immune et les femmes seraient plus touchées que les hommes. En France, environ 200 000 personnes sont diabétiques de type 1. Si on estime qu'en Europe la maladie cœliaque concerne environ 1 % de la population, alors cette maladie auto-immune serait plus fréquente que le diabète de type 1 en France. Enfin, les maladies auto-immunes de la thyroïde sont également fréquentes dans la population générale : d'après Jean-Louis Wémeau, professeur émérite de l'université de Lille et membre de l'Académie nationale de médecine, la thyroïdite autoimmune asymptomatique est "en définitive présente chez 3 à 20 % des adultes normaux". Les maladies auto-immunes de la thyroïde sont plus fréquentes chez les femmes. Des auto-anticorps antithyroperoxydase seraient retrouvés dans 10 à 20 % de la population adulte féminine et les antithyroglobuline chez 3 à 5 %.

Quels sont les symptômes des maladies auto-immunes ?

Les symptômes varient en fonction des pathologies. Mais certains symptomes sont plus fréquents comme la fatigue, les douleurs musculaires, les troubles de la concentration. Parfois, la maladie évolue sous forme de crises.

Les causes : qu'est-ce qui peut déclencher une maladie auto-immune ?

Différents facteurs augmentent le risque de développer une maladie auto-immune. Tout d'abord, il existe une susceptibilité génétique aux maladies auto-immunes : certains gènes les favorisent. Mais des facteurs environnementaux ont aussi été identifiés, comme :

• la pollution aux métaux lourds (mercure) ;
• des agents infectieux : infection virale ou bactérienne ;
• l'alimentation ;
• l'obésité...

Dans les années 1980, le médecin français Jean Seignalet (1936-2003) a proposé que les maladies auto-immunes se déclarent sur un terrain génétique particulier (lié notamment aux types HLA), dans un contexte d’hyperperméabilité intestinale et en présence d’un déclencheur d’origine bactérienne, toxique ou alimentaire. "Parmi les substances alimentaires citées par le Dr Seignalet figurent le gluten et les protéines laitières. Pour le Pr Seignalet, le cours de ces maladies peut donc être modifié par une diminution de la perméabilité intestinale et l'éviction des aliments déclencheurs", explique le Dr Magnien, auteur du livre Réduire au silence 100 maladies avec le régime Seignalet. "Par ailleurs, indique le Dr Magnien, plusieurs études suggèrent que les allergènes alimentaires dans l'enfance, en particulier l'exposition précoce aux protéines de lait de vache, peuvent influencer le risque de maladies auto-immunes, telles que le diabète de type 1, la maladie cœliaque, les maladies inflammatoires de l'intestin, la polyarthrite rhumatoïde, la sclérose en plaques, les troubles neuropsychiatriques." 

Pour aller plus loin, lire : Vaincre la sclérose en plaques