Une personne sur dix souffrirait de maladie auto-immune

Par Elvire Nérin - Journaliste scientifique et auteure Publié le 16/06/2023 Mis à jour le 16/06/2023
Actualité

Une nouvelle étude sur 22 millions de Britanniques suggère que 10 % de la population souffre de maladie auto-immune. L'alimentation et l'environnement seraient les principaux responsables.

L'expert : Le Dr Jean-Marie Magnien, auteur de Réduire au silence 100 maladies avec le régime Seignalet

Le système immunitaire protège généralement des maladies et infections. Lorsqu'il détecte des agents pathogènes, il dirige des cellules spécifiques pour identifier et détruire les micro-organismes pathogènes. "Le système immunitaire sait normalement faire la différence entre les corps étrangers et vos cellules, indique le Dr Magnien. Mais dans les maladies auto-immunes, le système immunitaire attaque par erreur des parties de votre corps, telles que les articulations ou la thyroïde."

Les maladies auto-immunes les plus connues sont l'asthme, la polyarthrite rhumatoïde, la maladie de Crohn, certaines affections thyroïdiennes, la sclérose en plaques, la maladie céliaque. Certaines maladies auto-immunes ne ciblent qu'un seul organe. Le diabète de type 1 endommage le pancréas. D'autres conditions, telles que le lupus, peuvent affecter tout le corps.

Dans une nouvelle étude sur 22 millions de personnes, publiée dans The Lancet, les chercheurs estiment qu'une personne sur dix souffre d'une maladie auto-immune, les femmes étant plus touchées que les hommes. Pour parvenir à ce constat, les chercheurs ont examiné des dossiers de santé électroniques anonymisés au Royaume-Uni afin d'identifier 19 des maladies auto-immunes les plus courantes. Ils sont arrivés à la conclusion qu'environ 10 % de la population britannique (13 % des femmes et 7 % des hommes) souffrait de l'un des 19 troubles auto-immuns identifiés. De précédentes estimations allaient de 3 à 9 %. "Il est difficile de spéculer sur la façon dont ces estimations s'appliquent à d'autres pays, précise le Dr Nathalie Conrad, auteur de l'article et chercheur à l'Université de Glasgow. Nous pensons qu'il est peu probable que de telles variations soient attribuables aux seules différences génétiques et suggérons que des facteurs de risque potentiellement modifiables peuvent être impliqués dans le développement de maladies auto-immunes."

Les chercheurs ont découvert que les augmentations les plus importantes dans la fréquence des maladies auto-immunes concernent la maladie cœliaque, le syndrome de Sjögren et la maladie de Basedow. La maladie céliaque résulte d'une réaction immunitaire au gluten, un ensemble de protéines présentes dans le blé, le seigle, l'orge et le triticale. 

Parmi les facteurs de risque soupçonnés de jouer un rôle dans l'augmentation de certaines maladies auto-immunes, figurent l'obésité, certains virus, la vitamine D, l'alimentation.

La piste de la perméabilité intestinale

Dans les années 1980, le médecin universitaire français Jean Seignalet (1936-2003) a proposé que les maladies auto-immunes se déclarent sur un terrain génétique particulier (lié notamment aux types HLA), dans un contexte d’hyperperméabilité intestinale et en présence d’un déclencheur d’origine bactérienne, toxique ou alimentaire.

"Parmi les substances alimentaires citées par le Dr Seignalet figurent le gluten et les protéines laitières. Pour le Pr Seignalet, le cours de ces maladies peut donc être modifié par une diminution de la perméabilité intestinale et l'éviction des aliments déclencheurs", dit le Dr Magnien.

Dans les années 2010, l’équipe du Pr Alessio Fasano à Harvard a confirmé que la perméabilité intestinale est un facteur clé dans le déclenchement de réactions auto-immunes, et leur persistance. Ainsi, le Pr Fasano a montré en 2015 que l’exposition à la gliadine, une protéine immunologique du gluten, augmente la perméabilité intestinale chez tout le monde. "Cette hyper-perméabilité n’entraînera de phénomène d’auto-immunité que chez une partie de la population, déclare le Dr Magnien. Certes le gluten n’est pas la seule substance susceptible d’augmenter la perméabilité intestinale mais c’est la plus présente dans l’alimentation."

"Par ailleurs, indique le Dr Magnien, plusieurs études suggèrent que les allergènes alimentaires dans l'enfance, en particulier l'exposition précoce aux protéines de lait de vache, peuvent influencer le risque de maladies auto-immunes, telles que le diabète de type 1, la maladie cœliaque, les maladies inflammatoires de l'intestin, la polyarthrite rhumatoïde, la sclérose en plaques, les troubles neuropsychiatriques." 

Le gluten, en augmentant la perméabilité intestinale augmente la possibilité de voir des protéines laitières ou des fragments de protéines se retrouver dans l’organisme et déclencher une réaction auto-immune. "Cela ne signifie pas, indique le Dr Magnien, que l'hypersensibilité à la caséine conduit chez tous à la sclérose en plaques ou à une maladie auto-immune. Mais cela signifie qu’il est prudent de les éliminer, au moins pendant quelque temps, si l’on souffre d’inflammation chronique ou de maladie auto-immune."

On dispose aujourd’hui de plusieurs études d’intervention corroborant les rétablissements répertoriés par Jean Seignalet après le suivi de son régime, et les témoignages positifs des lecteurs du Dr Jean-Marie Magnien après la mise en application des protocoles décrits dans son livre.

Un avis médical reste souhaitable si vous souffrez de maladie auto-immune et souhaitez opter pour des changements alimentaires.

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