Pour agir à la fois sur la douleur et la mobilité articulaire en cas d’arthrose, vous pouvez faire appel à des associations de plantes. Efficaces, elles n’ont pas les effets indésirables des médicaments. Détails.
Arthrose
L'arthrose, maladie des articulations, démarre aussi dans l'intestin. Quel rôle le microbiote joue-t-il dans cette pathologie ? Comment y remédier grâce aux probiotiques, prébiotiques ou à l'alimentation ?
L'arthrose est l'une des maladies musculo-squelettiques les plus fréquentes. Elle se caractérise par une dégénérescence du cartilage articulaire et une inflammation de la membrane synoviale, qui provoquent des symptômes invalidants : douleurs, raideur matinale, gonflement, mouvements articulaires limités... L'arthrose peut toucher différentes articulations, comme le genou (gonarthrose), la hanche (coxarthrose) ou la colonne vertébrale.
D'après l'Inserm, l'arthrose concerne plus de 10 millions de personnes en France et 65 % des plus de 65 ans. Toutefois, de nombreux adultes plus jeunes souffrent aussi d'arthrose. C'était le cas de Laura Azenard, naturopathe, qui a développé la maladie vers l'âge de 40 ans, ce qui l'a amenée à écrire un premier livre : Comment j'ai vaincu l'arthrose. Dans un nouveau livre, Je soigne mon arthrose, elle décrit les différentes stratégies à mettre en place contre la maladie, dans un programme de quatre semaines. L'une des pistes évoquées est celle de l'intestin. Voyons plus précisément pourquoi.
Les liens entre l'arthrose et le microbiote intestinal
Le microbiote intestinal compte entre 1012 et 1014 micro-organismes, avec de l'ordre d'un millier d'espèces différentes, mais seulement une centaine d'espèces bactériennes sont prédominantes. Ces micro-organismes qui peuplent l'intestin participent aux fonctions digestives et immunitaires de l'organisme. Un déséquilibre du microbiote, aussi appelé dysbiose, est retrouvé dans un grand nombre de pathologies humaines.
Le microbiote intestinal est impliqué dans l’initiation et la progression de maladies causées par l’inflammation. La dysbiose favorise l'inflammation, la production de cytokines pro-inflammatoires et de métabolites bactériens, susceptibles de stimuler les mécanismes pathologiques de l’arthrose. De plus, les facteurs de risque d’arthrose, comme le vieillissement, l’alimentation et l’obésité, perturbent le microbiote intestinal.
Lire : Les compléments alimentaires qui combattent l'inflammation (abonnés)
Comme l'explique Laura Azenard, "Il existe un lien entre la dysbiose intestinale et la progression structurelle de l’arthrose. Par exemple, dans la gonarthrose, l’abondance de streptocoques dans le microbiote intestinal est associée à l’intensité de la gonalgie" (douleur du genou).
Le microbiote intestinal, notamment via son rôle dans l’inflammation systémique de bas grade, pourrait être impliqué dans la destruction articulaire et la douleur arthrosique
Quels sont les symptômes d'un mauvais microbiote ?
Les troubles du transit, les problèmes digestifs, tels que les ballonnements, le reflux gastro-œsophagien, la constipation, qui peuvent être dus au stress, sont aussi souvent liés à un déséquilibre du microbiote intestinal. Des dysbioses ont été décrites chez des patients souffrant de maladies inflammatoires chroniques de l'intestin : des bactéries pro-inflammatoires peuvent être sur-représentées chez eux.
Le microbiote peut aussi jouer un rôle dans la prise de poids, même s'il ne saurait être le seul responsable. D'après la Docteure Martine Cotinat, gastro-entérologue, "Si votre microbiote a été malmené pendant des années par une alimentation riche en glucides raffinés, en graisses, en protéines animales et à l’inverse si les végétaux riches en fibres ont déserté votre assiette, votre microbiote s’est vraisemblablement considérablement appauvri. Il crie famine en quelque sorte et vous incite en sous-main à manger plus que ce dont vous avez besoin."
Un déséquilibre du microbiote est également constaté dans le syndrome de fatigue chronique. Il peut aussi accompagner des problème de peau. "Les urticaires chroniques, l’eczéma, peuvent apparaître en cas de déséquilibre de la flore intestinale et disparaître lorsque cet équilibre est rétabli, " indique le Dr Sincholle, pharmacologue et auteur du livre Super microbiote.
L'intérêt des probiotiques et prébiotiques contre l'arthrose
Chez les patients arthrosiques, on trouve un microbiote différent de celui des personnes sans arthrose, d'où l'idée de le corriger avec des probiotiques, c'est-à-dire des micro-organismes vivants, et/ou des prébiotiques, qui sont des fibres utilisées par la microflore bénéfique.
Quel probiotique pour les douleurs articulaires ?
D'après Laura Aenard, "L’administration de certaines souches probiotiques, pendant 6 mois peut stimuler le métabolisme osseux, atténuer la douleur et réduire les réponses inflammatoires de différents troubles musculo-squelettiques liés à l’âge, dont l’arthrose."
Bifidobacterium longum et autres souches contre l'arthrose
La souche Bifidobacterium longum CBi0703 semble retarder la progression des lésions du cartilage. Bifidobacterium longum est aussi utilisée pour améliorer le transit et le métabolisme des glucides, des lipides et des protéines et l’assimilation des vitamines et des minéraux.
D'autres souches semblent intéressantes contre l'arthrose : Lactobacillus rhamnosus, aussi utilisée pour perdre du poids ; Lactobacillus casei Shirota (LcS), étudiée pour son action sur la douleur, la raideur arthrosiques et l’inflammation articulaire...
Dans Super microbiote, le Dr Daniel Sincholle conseille des souches Lactobacillus casei, au vu de résultats obtenus chez l'animal, où le probiotique a été associé à d'autres substances, le collagène de type II et la glucosamine. Le pharmacologue conseille donc cette souche, associée à d'autres compléments : "Sur la base des seules études chez l’animal, on pourrait essayer Lactobacillus casei (5 à 10 milliards d’UFC par jour), associé à de la glucosamine, de la chondroïtine et de l’harpagophytum," indique-t-il.
Quel prébiotique ?
"Concernant les prébiotiques, les sulfates de glucosamine et de chondroïtine sont souvent conseillés en cas d’arthrose pour leurs vertus sur le cartilage, et ils pourraient également avoir des effets positifs en permettant d’augmenter le nombre de bactéries bénéfiques chez un arthrosique", explique Laura Azenard.
Un exemple : le sulfate de glucosamine
Le sulfate de glucosamine est un des constituants de la matrice du cartilage. Il permet la synthèse de l’acide hyaluronique, augmente l’action lubrifiante du liquide synovial, réduit les radicaux libres, et améliore la circulation sanguine dans les tissus articulaires.
Dose conseillée : 1 500mg par jour, si possible en 2 ou 3 prises, durant 6 mois minimum.
Contre-indications : femmes enceintes, allaitantes, personnes diabétiques ou prédiabétiques, asthmatiques, personnes sous antivitamines K, présentant une allergie aux crustacés ou aux insectes, ou sous surveillance pour les taux de sodium, potassium ou calcium.
Quel probiotique pour la polyarthrite rhumatoïde ?
La polyarthrite rhumatoïde est une maladie auto-immune dans laquelle le système immunitaire attaque les articulations. Elle se manifeste par une inflammation douloureuse qui entraîne peu à peu des lésions permanentes. Les patients montrent souvent des troubles intestinaux tels que des nausées, une diarrhée et une constipation. Les probiotiques pourraient avoir un rôle positif à jouer dans l'évolution de la maladie.
D'après Daniel Sincholle, "Chez l’homme, Bacillus coagulans, qui produit de l’acide lactique, a montré des activités anti-inflammatoires et immuno-modulatrices ainsi que la capacité de diminuer les symptômes arthritiques. De la même manière, une supplémentation en Lactobacillus casei a diminué l’inflammation et amélioré la souplesse articulaire."
Dose conseillée : Bacillus coagulans, 2 milliards d’UFC par jour, associée ou pas à Lactobacillus casei, 1 milliard d’UFC par jour pendant 8 semaines.
Soigner son microbiote par l'alimentation
L'alimentation permet de modifier naturellement la composition du microbiote intestinal. Pour fournir la bonne alimentation à son microbiote et privilégier les "bonnes bactéries", il est conseillé de manger :
- des fibres : cellulose, pectines des fruits, des légumes, des légumineuses, des noix, des graines et des céréales complètes…
- des prébiotiques : fibres non digérées par l’intestin, elles fermentent dans le côlon, augmentant ainsi la masse bactérienne. Vous les trouvez dans : artichaut, asperge, banane, ail, poireau, oignon, tomate, orge, seigle...
- des probiotiques, présents dans des aliments fermentés : kéfir, yaourt, fromages, pickles, choucroute, kombucha, kimchi, miso…
Ces aliments favorisent la production d’acides gras à chaîne courte (AGCC) par l’intestin, et contribuent à diminuer l’inflammation. Pour limiter l’inflammation, augmentez votre consommation de végétaux, baies, aromates, épices (curcuma...), oméga-3 (poissons gras, noix, huile de colza, graines de lin et de chia).
Parallèlement, pratiquez un exercice physique adapté à votre pathologie.
Lire : Quel sport pratiquer quand on a de l'arthrose ?
Quels sont les cinq ingrédients ou aliments à ne pas manger contre l'arthrose ?
Les aliments ennemis du microbiote sont par exemple les graisses saturées et trans, les sucres, les additifs industriels... "Les graisses saturées stimulent la croissance de bactéries favorisant l’inflammation et augmentent la perméabilité de l’intestin", explique la Dre Martine Cotinat, gastro-entérologue. "Si vous réduisez votre consommation de graisses, veillez à ne pas les remplacer par des glucides à index glycémique élevé, mais plutôt par d’autres graisses monoinsaturées (comme celles de l’huile d’olive), et polyinsaturées de type oméga-3 (comme les noix, l’huile de cameline…)". Globalement, pour bien nourrir son microbiote, il est conseillé de fuir les produits industriels.
Cinq ennemis du microbiote
(source : Je rééquilibre mon microbiote, du Dr Martine Cotinat)
- les graisses saturées
- les oméga-6
- les graisses trans
- le fructose
- les édulcorants
Pour aller plus loin, lire : Je soigne mon arthrose
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