Quelle alimentation contre l'hypothyroïdie ?

Par Marie-Céline Ray - Journaliste scientifique Publié le 11/03/2024 Mis à jour le 11/03/2024
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En cas d'hypothyroïdie, il convient d'adopter une alimentation riche nutritionnellement, apportant des aliments favorables au fonctionnement de la thyroïde. Quels sont-ils ? Avec les conseils des Drs Philippe Veroli et Benoît Claeys, auteurs de livres sur l'hypothyroïdie.

L’hypothyroïdie correspond à une situation où la thyroïde ne synthétise pas assez d’hormones thyroïdiennes. Ses principales causes sont la thyroïdite de Hashimoto, une chirurgie qui a retiré la thyroïde ou les conséquences d’une radiothérapie. La pathologie touche surtout des femmes.

Les symptômes de l'hypothyroïdie

Dans Le guide complet de l'hypothyroïdie, le Dr Philippe Veroli décrit les principaux symptômes observés en cas d'hypothyroïdie, à savoir : 

  • ralentissement du métabolisme : frilosité, fatigue, somnolence, difficulté à perdre du poids ;
  • troubles de l’humeur (irritabilité, anxiété, dépression, crises de panique), de la mémoire et de la concentration ;
  • troubles du sommeil ;
  • maux de tête ;
  • constipation ;
  • atteintes de la peau et des muqueuses : paupières gonflées, lèvres épaisses, grosse langue, mains, pieds, doigts et orteils boudinés, voix grave et rauque, ongles striés et cassants, cheveux secs et cassants, et ayant tendance à tomber, perte des poils, peau sèche et pâle, parfois épaissie, avec paradoxalement une rougeur des pommettes, démangeaisons, diminution de la transpiration ;
  • perturbations cardiaques ;
  • douleurs musculaires et articulaires ;
  • perturbation des cycles menstruels chez la femme, syndrome prémenstruel, syndrome des ovaires polykystiques...

"Parfois, plusieurs de ces signes sont mis sur le compte de l’âge, voire d’un début de dépression, surtout après la ménopause", explique le Dr Veroli. "Mais il faut toujours penser à un problème de thyroïde ; les examens biologiques aideront à faire la part des choses."

LE GOITRE : QU’EST-CE QUE C’EST ?
Le goitre est une augmentation du volume de la thyroïde d’origine non-cancéreuse. Dans le monde, environ 15 % de la population serait concernée par un goitre, la fréquence étant plus importante en Afrique en raison du manque d’iode (1). La carence en iode conduit à une augmentation de la TSH dans le sang, qui stimule la thyroïde, d’où le goitre. Le goitre est un symptôme commun à plusieurs maladies thyroïdiennes, comme la maladie de Basedow et la thyroïdite de Hashimoto.

Si l'hypothyroïdie est avérée, le médecin pourra mettre en place un traitement approprié. Mais l'alimentation peut-elle influencer le fonctionnement de la thyroïde ? 

Quels sont les aliments à éviter en cas d'hypothyroïdie ?

Pour ou contre les crucifères ?

Les légumes crucifères comme le chou, le chou-fleur et le brocoli contiennent des glucosinolates, des molécules soufrées, qui, sont transformés par une enzyme en thiocyanates et isothiocyanates. Ces molécules antioxydantes sont réputées comme étant goitrigènes. Faut-il les éviter ? Seule une consommation exagérée de légumes crucifères crus peut poser problème car la cuisson annule leurs effets goitrigènes. "Les légumes crucifères contiennent des dérivés soufrés qui peuvent freiner l’absorption de l’iode, mais ils possèdent aussi des vertus bienfaisantes pour la santé en général et pour la prévention des cancers en particulier", explique Philippe Veroli. "Il n’y a donc aucune raison de les éviter."

Soja et thyroïde

Le soja et les phytoestrogènes (isoflavones) peuvent interférer avec les traitements hormonaux de la thyroïde, car ils limitent l'absorption intestinale des hormones thyroïdiennes et inhibent la thyroperoxydase (une enzyme nécessaire à la synthèse des hormones thyroïdiennes). Pour le Dr Philippe Veroli, "La consommation de soja, riche en isoflavones, a certes de petits effets biologiques, mais sans répercussion significative chez une personne en bonne santé. Par contre, en cas d’hypothyroïdie, une surconsommation de soja (tous les jours, à tous les repas) peut entraîner une hausse de la TSH et nécessiter une augmentation des doses du traitement substitutif par hormone thyroïdienne." On peut trouver également des phytoestrogènes dans le trèfle rouge, la sauge ou les graines de lin.

Les aliments interdits en cas d'hypothyroïdie

De nombreux patients souffrant de la thyroïdite de Hashimoto ont un problème avec les protéines laitières et/ou le lactose (2). Une alimentation sans lactose permet de réduire significativement la TSH chez ces patients, après seulement deux mois. Les produits laitiers font partie des aliments interdits dans la phase d'élimination du protocole AIP (un programme alimentaire qui vise à lutter contre l'auto-immunité, voir ci-dessous).

La prévalence de la maladie cœliaque, c’est-à-dire l’intolérance au gluten, est aussi plus élevée dans les maladies auto-immunes, comme la thyroïdite de Hashimoto (3). Le gluten des céréales favorise en effet la perméabilité intestinale chez tout le monde, c’est-à-dire le passage dans la circulation systémique de fragments de protéines antigéniques. C’est sans conséquence pour la plupart d’entre nous, mais une partie de la population présente un risque de développer une auto-immunité.

Les métaux lourds, comme le mercure, sont nocifs à la thyroïde. Or la pollution au mercure touche particulièrement certains poissons. Les poissons prédateurs, situés en haut de la chaîne alimentaire (thon, espadon, requin) et les poissons à croissance lente (comme le flétan) figurent parmi les espèces les plus contaminées. Conseil : évitez ces poissons riches en mercure.

Comment perdre du poids en cas d'hypothyroïdie ?

Levothyrox et alimentation

D'après Philippe Veroli, "De nombreuses personnes qui commencent à prendre du Lévothyrox® pour traiter leur hypothyroïdie se plaignent d’une prise de poids. Ce phénomène est normal et devrait être transitoire." L'hormone T3 permet de brûler des sucres et graisses, et donc de perdre du poids. Or "la quantité de thyroxine administrée initialement peut être inférieure à celle que produisait spontanément la thyroïde avant le début du traitement, et pourtant suffire à freiner fortement la production d’hormone T4 par la glande. On peut ainsi se retrouver transitoirement avec moins d’hormones T4 (et encore moins d’hormones T3) qu’avant le traitement, et donc avec des signes d’hypothyroïdie, parmi lesquels une prise de poids."

Des augmentations de la posologie permettent de réguler ce phénomène afin de trouver un équilibre.

Faire un régime ?

"Il ne faut donc pas espérer perdre du poids dès le début du traitement", explique Philippe Veroli. "Pendant cette phase d’équilibration, il n’est pas pertinent de s’imposer un régime privatif, susceptible d’entraîner des carences en micronutriments. En effet, ces carences pourraient freiner la conversion de T4 en T3, ce qui ne ferait qu’aggraver la prise de poids et les autres symptômes de l’hypothyroïdie. Demandez conseil à votre médecin, ou à un spécialiste en nutrition."

Plutôt que de se lancer dans un "régime miracle", le Dr Philippe Veroli conseille d'améliorer la qualité de son alimentation, d'augmenter la part des fruits et légumes, de diminuer le sucre et de pratiquer de l'exercice. "La thyroxine ne fait pas grossir, dit-il. C’est l’hypothyroïdie qu’elle traite qui fait grossir."

C’est l’hypothyroïdie qui fait grossir

Quel régime alimentaire contre l'hypothyroïdie ou Hashimoto ?

Dans le cas de la thyroïdite de Hashimoto qui est une maladie auto-immune, vous pouvez privilégier une alimentation visant à lutter contre le mécanisme d'auto-immunité, comme le protocole AIP. 

Vous trouverez plus d'informations dans nos articles :

Les aliments à consommer en cas d'hypothyroïdie

Dans Le guide complet de l'hypothyroïdie, le Dr Philippe Veroli conseille quelques grands principes afin de bénéficier d'une alimentation adaptée à l'hypothyroïdie :

  • privilégier des aliments ayant une densité nutritionnelle élevée : fruits et légumes (à raison d’au moins 500 g par jour, en privilégiant les fruits rouges et les légumes à feuilles vertes), oléagineux secs, fruits de mer, poissons et viandes (plutôt blanches que rouges), œufs, produits à base de céréales complètes ;
  • utiliser de l’huile de colza ou de noix pour les assaisonnements (riches en acides gras poly-insaturés oméga-3 végétaux de type ALA), de l’huile d’olive pour la cuisson, et éviter l’huile de tournesol (riche en oméga-6). "Les oméga-3 favorisent la bonne santé de la barrière intestinale et réduisent le risque d’auto-immunité", explique le Dr Veroli. "Ils permettent aussi un meilleur fonctionnement de la membrane mitochondriale et limitent le stress oxydant intrathyroïdien" ;
  • consommer des épices en abondance : curcuma, gingembre, cannelle...

Les besoins de la thyroïde recoupent ceux de l’ensemble de l’organisme. Rien d’étonnant donc à ce que le régime méditerranéen lui convienne très bien. "Cette alimentation limite l’inflammation et l’acidose, soutient une flore intestinale équilibrée, et fournit les micronutriments essentiels au bon fonctionnement de la thyroïde."

Lire : Un régime méditerranéen sans gluten améliore la thyroïdite de Hashimoto

Certains micronutriments sont importants pour ne pas souffrir d’hypothyroïdie :

  • le sélénium (présent dans les noix du Brésil) ;
  • le zinc (présent dans les fruits de mer, les poissons, les viandes, le foie, le fromage, les céréales complètes…) : plus on manque de zinc, plus on a de risque d’avoir un goitre. Comme le sélénium, le zinc intervient dans la conversion de la T4 en T3 ;
  • le magnésium, qui participe à la transformation de l'hormone T4 en T3.

Une alimentation qui apporte de la tyrosine

L’alimentation doit également fournir suffisamment de tyrosine car cet acide aminé est un précurseur des hormones thyroïdiennes. « Une quantité insuffisante de L-tyrosine libre dans la glande thyroïde peut réduire la production des hormones thyroïdiennes, » dit le Dr Benoît Claeys, auteur du livre En finir avec l'hypothyroïdie. Un manque de tyrosine peut aussi expliquer des troubles associés à l’hypothyroïdie, comme l’apathie ou les difficultés à se concentrer car « la tyrosine entre dans la fabrication de certains neurotransmetteurs (sérotonine, adrénaline, dopamine) jouant un rôle dans l’attention, la mémoire, la vigilance. »

La tyrosine est présente dans les aliments qui contiennent des protéines, animales ou végétales : œufs, fromage, jambon, saumon, tofu, pois chiches, haricots, lentilles, noix, noisettes, amandes…

Hypothyroïdie et iode

Concernant l’iode, les apports doivent être suffisants mais pas excessifs non plus. Pour le Dr Philippe Veroli, « Chez l’adulte, les besoins quotidiens en iode sont estimés à 150 μg et sont normalement comblés par une alimentation variée comportant du poisson, des crustacés, des laitages..., l’iode étant absorbé au niveau intestinal. » Utilisez de préférence du sel iodé, mais n’abusez pas des algues qui en contiennent de fortes quantités.

Questions fréquentes

Quelle eau boire en cas d'hypothyroïdie ?

Pour mieux fixer l'iode, il est conseillé de limiter sa consommation d’eau de ville chlorée. Les eaux minérales apportent du magnésium, du sélénium, des minéraux importants pour le fonctionnement de la thyroïde. Philippe Veroli conseille de boire "des eaux de source en bouteille ou, mieux encore, de l’eau filtrée pour éviter le chlore, les nitrates, les pesticides, les résidus de médicaments contenus dans certaines eaux minérales ou du robinet."

Quel fruit est bon pour la thyroïde ?

De manière générale, pour lutter contre une maladie auto-immune comme Hashimoto, il est conseillé d'adopter une alimentation anti-inflammatoire, essentiellement végétale et riche en légumes et fruits. Préférez les fruits qui n'ont pas été traités par des pesticides et ayant une densité nutritionnelle élevée comme les fruits rouges et les oléagineux secs (noix, amandes, noisettes). Ces fruits secs sont une source intéressante de magnésium et de vitamine B1. Les abricots, les mangues, apportent des bêta-carotènes (provitamine A). Or la vitamine A est nécessaire à la synthèse des hormones thyroîdiennes. 

Est-ce que le café est bon pour la thyroïde ?

Consommé avec modération, le café a des effets anti-inflammatoires. Toutefois, le café réduit l'absorption du zinc, un minéral important pour la thyroïde. De plus, pour réduire son stress il est conseillé de ne pas consommer de café après 16 heures.

Pour en savoir plus, lire : Le guide complet de l'hypothyroïdie

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