Jane McLelland : "Comment j’ai affamé mon cancer."

Par Elvire Nérin - Journaliste scientifique et auteure Publié le 31/10/2023 Mis à jour le 06/11/2023
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L’anglaise Jane McLelland explique dans son livre Affamer le cancer comment utiliser l’alimentation, des médicaments courants et des compléments alimentaires pour perturber le métabolisme du cancer et renforcer l’efficacité des traitements de chimiothérapie et radiothérapie.

Illustration © Jane McLelland

Jane McLelland est une survivante. Cette anglaise âgée de la cinquantaine et mère de deux enfants a reçu un diagnostic de cancer agressif du col de l'utérus à l'âge de 35 ans. Cinq ans plus tard, nouveau coup dur : la maladie s’était propagée aux poumons et les médecins lui donnaient seulement une chance sur 20 de survie à cinq ans. Non seulement, elle a vaincu ce cancer, mais triomphé d’un autre survenu un peu plus tard.

En rémission depuis 2004, elle doit sa survie à son travail de recherche sur les moyens "d’affamer le cancer", c’est-à-dire le couper de ses sources d'énergie.

"Je ne pourrai jamais dire que je suis guérie, dit-elle, mais plus je reste longtemps sans cancer, plus je suis confiante."

Elle raconte son histoire hors du commun dans Affamer le cancer, un livre qui constitue à la fois un remarquable témoignage de résilience et de foi en la science, mais aussi un plan d’attaque à disposition de tous les patients, y compris à un stade avancé.

Parce qu’elle craignait que ses traitements de radiothérapie et chimiothérapie soient insuffisants, elle a commencé à faire des recherches sur la biologie du cancer, aidée par sa formation médicale.

Les molécules qui affament le cancer

Sur la base de ses découvertes, elle s’est peu à peu construite un protocole à base de régime alimentaire, de compléments alimentaires et de médicaments prescrits non pas pour le traitement du cancer, mais pour d'autres problèmes de santé.

Ces substances pourraient agir contre plusieurs types de cancers en bloquant les capacités de production d'énergie d'une cellule tumorale, de sorte que la tumeur s'affaiblit, puis cesse de croître ou meurt. 

Il s’agit de compléments alimentaires comme la vitamine C (notamment en perfusion), l’extrait de Garcinia cambogia (hydroxycitrate), la berbérine (un alcaloïde végétal), la quercétine (un flavonoïde) ou la curcumine (l’un des principes actifs de l’épice curcuma).

Il s’agit aussi de médicaments comme les statines anti-cholestérol, l’aspirine, l’antibiotique doxycycline ou l’anti-diabétique metformine, des molécules peu chères, et bien tolérées.

Comme le dit Jane, ils "affament" les cellules tumorales en les coupant de leur approvisionnement en carburant. Certains médicaments comme la doxycycline ciblent les cellules souches, à partir desquelles une tumeur peut réapparaître.

Cette approche "métabolique" du cancer est décrite par le Dr Laurent Schwartz dans son livre Les clés du cancer. Le Dr Schwartz a d’ailleurs signé la préface du livre de Jane McLelland.

Lire : Dr Laurent Schwartz : "Trop de sucre fait le lit du cancer, du diabète et d'Alzheimer"

Des médicaments déjà connus

Il existe de plus en plus de preuves dans la littérature scientifique de l’intérêt de prescrire certains médicaments dits "repositionnés", parallèlement à la radiothérapie et à la chimiothérapie, pour stopper la progression du cancer voire empêcher sa récidive.

En 2017, l'Union européenne a publié un document sur l'utilisation de médicaments hors AMM en Europe dans toutes les indications, y compris l'oncologie, et a fixé des objectifs afin de repositionner d’anciens médicaments dans de nouvelles indications.

Le protocole de Jane McLelland est aujourd'hui appliqué par une clinique de Londres. Care Oncology prescrit à ses patients quatre médicaments repositionnés, documentés dans Affamer le cancer, en plus de la chimiothérapie et de la radiothérapie : metformine, atorvastatine, doxycycline (antibiotique) et mébendazole (vendu en France sous le nom de Vermox), un traitement pour se débarrasser des vers ronds. Une étude conduite par la clinique a montré que les patients atteints de tumeur du cerveau qui reçoivent ces médicaments en plus des traitements classiques connaissent une amélioration significative de leur survie.

Un protocole en complément des traitements conventionnels du cancer

Il est important de souligner que Jane a reçu aussi en 1994 des traitements conventionnels de radiothérapie et chimiothérapie. Elle a aussi eu recours à la chimiothérapie en 1999. Et elle a participé en 2000 à des essais sur une nouvelle thérapie appelée vaccin contre les cellules dendritiques qui stimule le système immunitaire.

Il ne s'agit donc pas pour Jane de présenter une alternative à la chirurgie, la radiothérapie ou la chimiothérapie, mais au contraire d’identifier une approche multidimensionnelle, la meilleure possible, pour lutter contre le cancer.

Parallèlement aux médicaments hors AMM, Jane McLelland a modifié son alimentation et adopté un régime alimentaire à IG bas. Elle a supprimé les sucres simples et les glucides raffinés, ainsi que les pommes de terre. Elle a aussi réduit ou supprimé les aliments qui augmentent le niveau d’IGF-1, un facteur de croissance lié à l’insuline, dont le taux élevé est associé à un risque accru de cancers. Il s’agit essentiellement des produits laitiers et de nombreuses viandes. Elle a également commencé à boire du thé vert.

Lire aussi : Les nouveaux traitements qui "affament" le cancer (abonnés)

Chaque cancer est différent

Cependant, Jane McLelland souligne qu’il n’existe pas contre le cancer d’approche de type "prêt-à-porter". Chaque cas est différent.

Son livre explique comment concevoir une stratégie adaptée aux sources d’énergie utilisées par le cancer pour lequel on est soigné. Elle fournit toutes les informations dont un patient atteint de cancer pourrait avoir besoin pour développer un protocole visant à affamer son cancer.

Mon livre est un point de départ

Ces informations ont déjà sauvé des vies. Une patiente atteinte de cancer du sein à qui son oncologue a dit qu'elle allait mourir est toujours bien vivante, fait du sport, a repris son travail d’infirmière. Elle cite aussi le cas d’un homme atteint de cancer de la prostate et ayant suivi son protocole : son PSA (marqueur de l’activité tumorale) est passé de 1008 à 0,67. Elle a également aidé un patient atteint d'un cancer du pancréas de stade IV à obtenir une rémission complète.

L’originalité du travail de Jane McLelland repose aussi sur le regard qu’elle nous invite à poser sur la maladie. Ce regard, dit-elle, doit changer.

"Patients et médecins, nous sommes focalisés sur l’élimination totale des tumeurs, explique-t-elle, mais en matière de lutte contre le cancer, le succès ne consiste pas nécessairement à se débarrasser de la tumeur. On peut aussi la contenir, et vivre avec elle, à condition qu'elle ne mette pas notre existence en danger. Un grand nombre de personnes qui suivent mon protocole abritent encore des tumeurs. La différence, c’est qu’elles ne se développent plus." 

Pour aller plus loin, lire : Affamer le cancer

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