Cancer de la prostate : facteurs de risque et prévention

Par Marie-Céline Ray - Journaliste scientifique Publié le 18/08/2022 Mis à jour le 18/08/2022
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Le cancer de la prostate est le cancer le plus fréquent chez l'homme en France. Quels sont ses facteurs de risque et peut-on les prévenir ?

Cancer de la prostate : définition et taux d'incidence

Le cancer de la prostate est une maladie fréquente touchant exclusivement les hommes. Elle affecte la prostate, une glande du système reproducteur masculin, qui participe à la production du liquide séminal. Le cancer de la prostate apparaît quand les cellules commencent à se multiplier de façon incontrôlée, formant ainsi une masse : une tumeur maligne. La plupart des cancers de la prostate sont des adénocarcinomes, c'est-à-dire qu'ils se développent à partir de cellules épithéliales, provenant du tissu de revêtement de la prostate.

Les cellules de la tumeur cancéreuse peuvent s'étendre (se métastaser) depuis la prostate jusqu'à d'autres parties du corps, surtout les os (métastases osseuses) et les ganglions lymphatiques.

En France, d'après l'Institut national du cancer, il y a eu plus de 50 000 nouveaux cas de cancers de la prostate diagnostiqués en 2015. Rare avant 50 ans, le cancer de la prostate devient plus fréquent lors du vieillissement. L'âge moyen au moment du diagnostic se situe à 70 ans. C'est le cancer le plus fréquent chez les hommes en France, le cancer du sein du sein étant le plus fréquent chez les femmes.

Est-ce que le cancer de la prostate est grave ? Peut-on en mourir ?

Le cancer de la prostate est un cancer à évolution lente. D'après une étude britannique parue en 2016, le taux de survie du cancer de la prostate à 10 ans serait de 99 % pour les cancers localisés.

Cependant, la survie est moins bonne quand le cancer a atteint un stade avancé. La société canadienne du cancer estime que la survie à 5 ans du cancer de la prostate est de 93 % : proche de 100 % pour un cancer localisé, supérieure à 95 % pour un cancer localement avancé, mais seulement 30 % pour un cancer métastatique.

D'après l'association française d'urologie, le cancer de la prostate tue environ 10 000 personnes par an. La décision concernant les traitements dépend de nombreux paramètres, comme l'âge, l'avancement de la maladie, les antécédents familiaux...

Dépistage du cancer de la prostate : à quel âge ?

Le risque de cancer dépend de l'âge du patient et de ses antécédents familiaux. Le dépistage du cancer de la prostate utilise le toucher rectal et le dosage de PSA dans le sang. En cas de doute, le médecin pourra proposer de réaliser une biopsie afin de se prononcer sur la présence d'un cancer.

Actuellement, il n'existe pas de campagne de dépistage de masse du cancer de la prostate. L'association française d'urologie recommande "d’informer les patients sur ce dépistage possible en utilisant, à partir de 45-50 ans et jusqu’à 75 ans, le dosage sanguin du PSA et l’examen clinique, en ayant recours à l’IRM de la prostate en cas de besoin." Toutefois, le dépistage par dosage de PSA est contesté, notamment en raison du risque de sur-diagnostic et de sur-traitement (voir ci-dessous).

Les problèmes de prostate

Au début de son évolution, le cancer de la prostate, s'il est localisé, est asymptomatique. Mais si la prostate augmente de volume, des symptômes peuvent apparaître, comme des besoins fréquents d'uriner, une incontinence urinaire... En effet, quand la prostate augmente de taille, elle comprime le canal de l'urètre qui sert à l'écoulement de l'urine, d'où les troubles urinaires. L'augmentation de volume de la prostate peut cependant être liée à d'autres problèmes : l'hypertrophie bénigne de la prostate ou la prostatite, une infection. Les symptômes doivent inviter le patient à consulter un médecin.

Prostate : prise de sang et dosage de PSA

Le PSA (antigène prostatique spécifique) est un marqueur du dysfonctionnement de la prostate qui peut être dosé grâce à une prise de sang. La généralisation de ce dosage a conduit à des diagnostics plus précoces. Or tous les cancers détectés ne sont pas agressifs.

Une part non négligeable des tumeurs diagnostiquées suite à un test PSA sont faiblement évolutives ce qui expose des patients aux risques de sur-diagnostic ou de sur-traitement

En 2013, une étude française s'est intéressée au risque de sur-diagnostic et de sur-traitement du cancer de la prostate. Le communiqué de l'Inserm affirme qu' "une part non négligeable des tumeurs diagnostiquées suite à un test PSA sont faiblement évolutives ce qui expose des patients aux risques de sur-diagnostic ou de sur-traitement." En effet, d'après ces recherches, entre 9,3 % et 22,2 % des patients atteints de tumeurs au stade T1 (stade précoce) étaient sur-traités. Pour Cyrille Delpierre, chercheur à l'Inserm et auteur de ces travaux, « Au vu du sur-traitement avéré du cancer de la prostate, cette prise en charge pourrait se limiter, notamment pour les patients ayant des comorbidités, à une surveillance permettant de proposer le traitement quand il deviendrait opportun. »

Lire : Cancer de la prostate : trop dépisté, trop traité

Les causes du cancer de la prostate et les facteurs de risque

L'âge représente le principal facteur de risque du cancer de la prostate. Il existe aussi des facteurs de risque génétique, avec des formes héréditaires. Ces cancers familiaux peuvent être diagnostiqués avant 55 ans. Par exemple, des mutations dans les gènes HOXB13 et BRCA2 sont associées au cancer de la prostate. Des facteurs ethniques (une origine africaine ou antillaise) semblent aussi influencer le risque de cancer de la prostate.

L'exposition à des produits chimiques dangereux, notamment aux pesticides, peut favoriser l'apparition de cancers de la prostate. Depuis décembre 2021, le cancer de la prostate lié à une surexposition aux pesticides et en particulier à la chlordécone est reconnu comme une maladie professionnelle.

L'alimentation et l'obésité sont soupçonnées d'intervenir dans le risque de cancer de la prostate. Surpoids et obésité augmentent le risque de décès par cancer de la prostate.

Comment prévenir le cancer de la prostate ?

Si vous êtes obèse ou en surpoids, la prévention du cancer commence par la perte de poids.

Cancer de la prostate : la prévention par la nutrition

En 2020, une recherche canadienne sur 4 000 hommes a confirmé un lien entre alimentation et cancer de la prostate. Dans cette étude, les chercheurs ont distingué trois grands profils alimentaires :

  • une alimentation saine : forte consommation de fruits, de légumes et de protéines végétales ;
  • un modèle occidental riche en sel, viandes et boissons alcoolisées (bière et vin) ;
  • un autre type d'alimentation occidentale avec une forte consommation de glucides (pâtes, pizzas, desserts sucrés et boissons gazeuses).

Résultats : l’alimentation saine, riche en fruits, légumes et protéines végétales, était associée à une diminution du risque de cancer de la prostate, tandis que le modèle occidental avec sucreries et boissons était associé à un risque plus élevé et semblait aussi favoriser des cancers plus agressifs. Par conséquent, une alimentation riche en végétaux apparaît protectrice, alors que l'alimentation occidentale, avec des glucides et des produits transformés, semble néfaste. Les chercheurs ont aussi relevé un risque particulièrement élevé pour les hommes qui ne préparent pas leurs repas et consomment plus d’aliments ultra-transformés, contenant des molécules potentiellement néfastes à la santé.

Pour les auteurs du livre Touche pas à ma prostate, "Un régime macrobiotique ou végétalien qui limite les pics d’insuline dans le sang dus à des aliments transformés prive les cellules cancéreuses d’énergie et d’acides aminés essentiels, ces éléments constitutifs qui permettent leur multiplication par réplication."

Les aliments protecteurs

Les aliments protecteurs vis-à-vis du cancer sont plutôt à chercher du côté des produits végétaux, qui apportent des polyphénols, des fibres, et des bonnes graisses, trouvées dans des noix ou certaines huiles végétales, comme l'huile d'olive.

En 2013, une étude de l'université de San Francisco a montré que les hommes souffrant d’un cancer de la prostate pourraient augmenter leurs chances de survie grâce à un changement de régime. Ainsi, les hommes qui ont remplacé 10 % de leurs calories quotidiennes provenant de glucides (essentiellement sucres, céréales, pommes de terre) par des graisses végétales saines (exemple : huile d'olive) avaient un risque diminué de 29 % de décéder du cancer de la prostate. En revanche, ceux qui après leur diagnostic de cancer ont remplacé les glucides par des graisses saturées (animales) ont vu leur risque de mortalité augmenter de 30 %. Pour l’une des auteurs, Erin Richman, la consommation d’huiles saines et de noix augmente le taux d’antioxydants dans le sang, et réduit les taux d’insuline et l’inflammation, ce qui ralentirait la progression du cancer. Ces résultats suggèrent aussi qu'un régime riche en graisses saturées, d'origine animale, est néfaste.

La consommation d'aliments riches en polyphénols - à savoir des fruits et des légumes - serait également intéressante pour freiner la progression du cancer de la prostate. C'est ce qu'a montré un essai clinique sur 199 patients dont certains ont pris un supplément d'aliments contenant du thé vert, de la grenade, du curcuma et du brocoli. Les polyphénols sont aussi souvent considérées comme anti-oxydants, c'est-à-dire qu'ils luttent contre le stress oxydatif. Mais attention une supplémentation en vitamines anti-oxydantes n'est pas forcément conseillée. En effet, dans le cadre de l'étude SELECT qui a inclus environ 35 000 hommes, des chercheurs ont voulu tester deux antioxydants, la vitamine E et le sélénium, pour prévenir le développement du cancer de la prostate. Or il se sont aperçu que l’administration de vitamine E a conduit à une augmentation du risque de cancer de la prostate de 17 %.

Cancer de la prostate : quels sont les aliments à éviter ?

Les régimes glycémiants sont associés à un risque plus élevé de cancer de la prostate, d'où l'idée d'éviter les aliments sucrés, comme les sodas. De même, la consommation excessive de laitages expose au cancer de la prostate. Une étude suédoise sur plus de 8 000 hommes a aussi confirmé que ceux qui mangent le plus de céréales raffinées (pâtes, riz blanc...) ont plus de risque de cancer de la prostate. Tout comme les aliments sucrés, les céréales raffinées possèdent un indice glycémique (IG) élevé. Une hypothèse est qu'une alimentation à IG haut pourrait favoriser l'apparition de cancers. En 2016, une analyse de 27 études a montré également que la consommation d'alcool augmente le risque de cancer de la prostate.

Au vu de ces résultats, il est donc conseillé de réduire les produits laitiers et les aliments qui augmentent la glycémie : pommes de terre, pain, sucres, pâtes, riz, alcools...

Par ailleurs, certaines études ont suggéré que les acides gras oméga-3 du poisson augmenteraient le risque de cancer de la prostate. Mais ces conclusions sont controversées car d'autres analyses n'ont pas trouvé de lien. Il n'y a donc pas lieu d'éviter le poisson pour cette raison. Certaines recherches indiquent même un rôle protecteur des oméga-3 qui préviendraient la prolifération des cellules. En effet, dans des cultures cellulaires, les chercheurs ont observé que les acides gras se fixent sur des récepteurs qui inhibent une voie de signalisation de la croissance cellulaire...

Pour en savoir plus sur cette controverse, lisez : Les oméga-3 du poisson donnent-ils le cancer de la prostate ?

Et l'activité physique ?

En 2011, une étude américaine a suivi 2 700 hommes qui avaient un cancer de la prostate pendant 18 ans. Les chercheurs ont trouvé que la pratique d'une activité physique réduisait la mortalité : chez les hommes qui faisaient plus de 3 h d’exercice intense par semaine (tennis, cyclisme, jogging, natation...), le risque de décès dû au cancer de la prostate diminuait de 61 % par rapport aux hommes qui faisaient moins d’1h d’exercice intense par semaine.

Conclusion des auteurs : « Nos résultats suggèrent que les hommes peuvent ralentir la progression du cancer après un diagnostic de cancer de la prostate en ajoutant la pratique d’une activité physique à leur routine quotidienne. »

Avant de commencer une nouvelle activité physique, demandez conseil à votre médecin.

Des livres pour aller plus loin : Les clés du cancer, Combattre le cancer avec le régime cétogène et Touche pas à ma prostate

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