NON au Nutri-Score et à ses aberrations !

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Pour notre santé et celle de nos enfants, disons "non" au Nutri-Score en Europe, et "oui" à un système d'étiquetage nutritionnel fiable. Le Nutri-Score, qui pourrait devenir obligatoire d’ici quelques mois est inefficace, et a des effets contreproductifs. En notant A des aliments ultra-transformés comme les Chocapic, le Nutri-Score envoie le message que ces aliments sont bons pour la santé. En notant C une boîte de sardines à l’huile d’olive, il dissuade le consommateur d’acheter un aliment sain. Compte tenu de ses contradictions, le Nutri-Score nuit à une réelle éducation nutritionnelle. Agissons pour que l’Europe adopte un étiquetage moins controversé, qui protège réellement les consommateurs. 

Devant l’urgence, le média numérique indépendant LaNutrition.fr, soutenu par des médecins, diététiciens et chercheurs, lance une pétition internationale pour que la Commission européenne ne rende pas l’affichage du Nutri-Score obligatoire sur les produits alimentaires. Elle demande à ce que des systèmes d’information nutritionnelle alternatifs soient étudiés sur la base des données scientifiques les plus récentes.

Soutenez cet appel en signant cette pétition et relayez-le sur les réseaux sociaux en utilisant le hashtag #NONauNutriscore.

ENGLISH VERSION 

Pourquoi il y a urgence

La Commission européenne a l'ambition de rendre obligatoire un étiquetage nutritionnel en Europe. La décision devait être prise avant la fin de l’année 2022. Mais la présentation a été retardée, en raison de l'opposition de pays, d' organismes agricoles et de chercheurs européens contre le Nutri-score. Plusieurs étiquetages sont en compétition, dont le Nutri-Score, un logo à 5 lettres et 5 couleurs que les fabricants ont la liberté d’apposer sur la face avant des emballages.

Les concepteurs du Nutri-Score y voient un levier puissant contre le surpoids et les maladies chroniques, et certaines associations de consommateurs, un moyen de forcer les industriels à proposer de meilleurs produits. En théorie, c’est tout à fait louable.

Malheureusement, aucun de ces objectifs n’a de chances d’être tenu. En effet, le Nutri-Score aboutit au contraire de l’effet recherché :

  • Le Nutri-Score juge la qualité nutritionnelle d’un aliment sur la base de sa composition en quelques nutriments seulement, une information partielle et secondaire car un aliment sain, c’est d’abord et avant tout un aliment peu transformé.
  • L’algorithme du Nutri-Score peut conduire à noter favorablement (A ou B) des aliments ultra-transformés, donc néfastes pour la santé, ce qui les fait paraître comme sains et favorise leur consommation (biais de positivité).
  • Ces aliments ultra-transformés sont souvent mieux notés que des aliments traditionnels locaux : par exemple, un fromage industriel allégé en matières grasses qui contient quantité d’ingrédients ultra-transformés et d’additifs sera mieux noté qu’un fromage traditionnel français, espagnol ou italien.
  • Le Nutri-Score sert les intérêts des industriels en les incitant à reformuler a minima leurs aliments néfastes, pour obtenir une bonne note et en faire un argument marketing. Pour cette raison, loin de heurter les intérêts des industriels, le Nutri-Score est en réalité soutenu par les géants de l’agro-alimentaire comme Nestlé.

Oui l’alimentation est un pilier de notre santé et sa qualité doit être améliorée pour tous les Européens. Oui à un système d’étiquetage nutritionnel fiable et efficace : 
1.    en accord (et non en contradiction) avec les recommandations alimentaires ;
2.    scientifiquement robuste et dont l'efficacité est prouvée ;
3.    compris par les consommateurs et qui ne prête pas à confusion.

Aucun de ces 3 critères n'est rempli par le Nutri-Score. Par conséquent, le système Nutri-Score tel que proposé aujourd'hui doit être abandonné au profit d'un système plus pertinent. 

Exigeons ensemble que la Commission Européenne suspende l’adoption du Nutri-Score.

Refusons de choisir nos produits sur la base d’un score inadapté et trompeur. Réclamons un étiquetage nutritionnel simplifié alternatif. 

Signez la pétition et faites-la circuler, c’est un enjeu de santé publique !

LaNutrition.fr a lancé cette pétition le 17 octobre 2022.

Dans le détail : ce qu’il faut savoir sur le Nutri-Score

Comment le Nutri-Score est calculé

Le système retenu pour le Nutri-Score est celui mis au point par l’Agence britannique des aliments en 2009 afin de lutter contre la publicité audiovisuelle pour des produits destinés aux enfants, sucrés ou gras.

L’algorithme britannique qui sous-tend le Nutri-Score se fonde donc sur la composition en nutriments d’un aliment pour définir sa qualité nutritionnelle. Il résulte d’un calcul reflétant l’équilibre entre les nutriments considérés comme défavorables pour la santé d’un côté, et les nutriments considérés comme favorables de l’autre.

Critères considérés comme défavorables : énergie, sucres simples, graisses saturées, sodium.
Critères considérés comme favorables : pourcentage de fruits ou légumes ou noix utilisés pour obtenir le produit ainsi qu’huiles d’olive, de colza ou de noix, et apport en fibres et en protéines.

Ainsi, le Nutri-Score, grâce à une lettre et à une couleur, positionne l’aliment sur une échelle à 5 niveaux allant :

- du produit le plus favorable sur le plan nutritionnel (classé A),
- au produit le moins favorable sur le plan nutritionnel (classé E).

La démarche est louable, mais en se focalisant sur la présence dans l’aliment de quelques nutriments équilibrés, il néglige une caractéristique essentielle : le degré de transformation. En oubliant le degré de transformation des aliments, le Nutri-Score aboutit à des contradictions particulièrement gênantes qui lui font manquer son objectif.

Les défauts du Nutri-Score

Problème n° 1 : le Nutri-Score peut noter A ou B des aliments ultra-transformés

Les aliments bien notés par le Nutri-Score (scores A et B) représentent environ 30 % de l’offre alimentaire industrielle (produits étiquetés) en supermarché(1). Or plus de la moitié de ces aliments bien notés sont ultra-transformés, selon une étude portant sur 28 747 aliments(1). Parmi les aliments pour enfants, c’est le cas de 60 % des aliments. Exemples de produits problématiques du fait de leur haut niveau de transformation : pain de mie, gnocchi à poêler, surimi, nuggets...     

Problème n°2 : le Nutri-Score peut pénaliser des aliments traditionnels

Inversement, selon la même étude, plus du quart des produits notés défavorablement par le Nutri-Score (C, D et E) ne sont pas des aliments ultra-transformés et représentent au contraire une part intéressante du régime alimentaire préventif lorsqu’on les consomme dans des quantités adaptées. C’est par exemple le cas des conserves de poisson, du beurre, du roquefort, du jambon de Parme mais aussi des chocolats et biscuits bien formulés.  

Problème n° 3 : le Nutri-Score est contreproductif dans la mesure où il sert les intérêts des industriels.

En pointant du doigt des nutriments comme le sucre, les graisses saturées, le sel, les concepteurs du Nutri-Score pensent bien faire. Malheureusement, sans tenir compte de la qualité globale de l’aliment, ils ouvrent en réalité un boulevard aux industriels.

Exemple avec Nestlé.

En juin 2019, après avoir été longtemps un farouche opposant au Nutri-score, Nestlé annonce qu’il va finalement l’adopter. Il entreprend alors de réviser les « recettes » de ses céréales pour enfants, en faisant varier à la hausse ou à la baisse les nutriments qui entrent dans la note du Nutri-Score, sans pour autant toucher à ce qui pose problème : le mode de fabrication de ses produits.

En 2020, Chocapic passe ainsi d’un Nutri-score C à B. En 2021, c’est au tour de Nesquik qui décroche le Nutri-score A !

Avec ces deux bonnes notes, Nestlé obtient des arguments marketing de poids pour ses céréales. Il envoie le message que ses produits sont de bonne qualité nutritionnelle et que la santé des enfants va en bénéficier. Il est gagnant sur toute la ligne.

Malheureusement la grande perdante, c’est notre santé. Tous les inconvénients de l’ultra-transformation demeurent. Ces deux aliments ont subi des transformations très poussées qui rendent leur glucose extrêmement disponible. Ces céréales ont des index glycémiques élevés, ce qui n’est pas favorable à la santé.

Problème n° 4 : l'efficacité du Nutri-Score n'est pas avérée

L’efficacité du Nutri-Score vantée par ses concepteurs n’est qu’hypothétique. Ces derniers s’appuient sur des études qui mettent en relation, de façon théorique, l’état de santé de la population et la consommation d’aliments bien notés par le Nutri-score (2) (3). Ce type de données ne permet pas de valider l’efficacité du Nutri-Score en conditions réelles (4) (5) (6). 

Une étude a été menée en 2021 dans de vrais supermarchés, pour évaluer les effets de l’étiquetage nutritionnel. Dans cette étude, quatre modèles d’étiquetage français (SENS, Nutri-Score, Nutri Repère et Nutri-Couleurs) ont été appliqués à quatre groupes de produits dans 40 supermarchés (7).

Les résultats ont été décevants. L’étiquetage a eu un effet non significatif. Le Nutri-Score a conduit à une amélioration très faible (2,5 %) de la qualité nutritionnelle du panier d’achat, qui concernait principalement les aliments fraîchement préparés. Il n’a eu aucune influence dans les autres catégories de produits. Il est peu probable qu’une amélioration de 2,5 % du score nutritionnel basé sur quelques nutriments ait un effet sur la santé des consommateurs.

Un mouvement européen contre le Nutri-Score

Vu de France, on pourrait avoir l’impression qu’il existe un consensus absolu en faveur du Nutri-Score. Ce n’est pas le cas.

Alors que six Etats - France, Belgique, Allemagne, Luxembourg,Espagne et Pays-Bas – poussaient la Commission européenne à l’adopter et l’imposer avant la fin de 2022, des scientifiques européens s’opposent sur la pertinence de ce système.

Près de 200 chercheurs hollandais et plus de 100 chercheurs espagnols, soutenus par le monde agricole, demandent la suspension ou le retrait du Nutri-Score.

Tous s’émeuvent du fait que l'huile d'olive, le jambon, le roquefort ou le maquereau en conserve soit moins bien notés que les céréales Nesquik ou le Coca Zéro.

Massimo Giansanti, président de la Fédération des agriculteurs italiens, relève que le Nutri-Score note fréquemment mieux les faux aliments que les aliments traditionnels locaux :

« Si nous en sommes à dire que les aliments transformés sont préférables à des aliments naturels, alors nous avons un problème. »

Alors que les produits ultra-transformés représentent une part considérable des aliments vendus dans les supermarchés (8), le Nutri-Score  pourrait, craignent les Italiens, accélérer le déclin d’aliments qui participent de la culture alimentaire européenne tel le fameux régime méditerranéen. Le 1er août 2022, l’autorité italienne de la concurrence (AGCM) a décidé que l’étiquetage du Nutri-Score doit être arrêté en Italie car il « trompe le consommateur ». Plusieurs Etats viennent de se rallier à la position italienne, expliquant que la notation Nutri-Score n'a pas de sens et qu'elle nuit aux produits du terroir. C'est notamment le cas de la Lettonie, de la Grèce, de la Roumanie ou encore de la Tchéquie.

En Espagne, après que le débat se soit cristallisé autour de l’huile d’olive, ce sont les productions bénéficiant d’appellations d’origine, qui montent au créneau. « L’huile d’olive est bonne pour la santé, et ne peut pas avoir un étiquetage qui dit qu’elle est mauvaise » a déclaré en février 2021 le ministre espagnol de la consommation Alberto Garzon après avoir été interpellé par les producteurs. En Espagne, l’huile d’olive sera donc dispensée de faire figurer le Nutri-Score sur les étiquettes.

Suspendre le Nutri-Score

Compte tenu de ses nombreuses faiblesses, le Nutri-Score n'est pas l’outil adapté pour améliorer la qualité nutritionnelle de l’alimentation des Français et des Européens. Les « rustines » que prévoient de mettre ses concepteurs pour corriger les erreurs les plus criantes n’y changeront rien. Le risque est grand de faire baisser la qualité globale de l’alimentation des Européens.

Il suscite trop de controverses, y compris au sein des agences sanitaires françaises, pour pouvoir être adopté en l’état.

Alors que des tractations visent à imposer le Nutri-Score en Europe, les signataires demandent, avec les organisations agricoles et les scientifiques, que l’Union européenne sursoie à son adoption, et encouragent les consommateurs à ne pas se fier aveuglément à ses lettres et couleurs, dont on a vu qu’elles sont souvent prises en défaut.

A propos de LaNutrition

LaNutrition.fr est un média numérique indépendant, spécialisé dans l’information sur l’alimentation et la santé. Chaque jour, la rédaction analyse et met en perspective les résultats de dizaines d’études scientifiques et médicales. Elle fait émerger des informations originales et innovantes, souvent exclusives, dans tous les domaines de la prévention : nutrition, activité physique, santé mentale, santé environnementale.

Soutiens & premiers signataires 

Thierry Souccar, Journaliste scientifique
Pr Jean-François Narbonne, toxicologue
Angélique Houlbert, diététicienne-nutritonniste
Hocine Sekkiou, diététicien-nutritionniste et biochimiste cellulaire
Vincent Roubaud, docteur en pharmacie
Magali Walkowicz, diététicienne-nutritionniste
Aris Christodoulou, Président-fondateur de Siga
Pascal Goncalves, médecin généraliste, président-fondateur de BETO santé
Heather Noreen, co-fondatrice de OuiChange Corp
Daniel Sincholle, docteur en pharmacie
Kelly Franck, ingénieure agroalimentaire, fondatrice de Goûm
Stephan Peters, PhD Nutrition and health, Dutch dairy association (Pays-Bas) 
Nicolai Worm, PhD Nutrition (Allemagne)
Me Eric Morain, avocat et chroniqueur France Inter
Arnaud Daguin, ancien chef étoilé, expert en stratégie alimentaire 
Philippe Bardet, directeur de l'Interprofession du Gruyère 

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Références
  1. Ebner P, Frank K, Christodoulou A, Davidou S. How are the processing and nutrient dimensions of foods interconnected? An issue of hierarchy based on three different food scores. International Journal of Food Science and Nutrition 2022;76:770-85.
  2. Donat-Vargas C, Sandoval-Insausti H, Rey-García J, Ramón Banegas J, Rodríguez-Artalejo F, Guallar-Castillón P. Five-color Nutri-Score labeling and mortality risk in a nationwide, population-based cohort in Spain: the Study on Nutrition and Cardiovascular Risk in Spain (ENRICA). Am J Clin Nutr. 2021 May 8;113(5):1301-1311.
  3. Deschasaux M, Huybrechts I, Julia C, Hercberg S, Egnell M, Srour B, Kesse-Guyot E, Latino-Martel P, Biessy C, et al. Association between nutritional profiles of foods underlying Nutri-Score front-of-pack labels and mortality: EPIC cohort study in 10 European countries. BMJ 2020;370:m3173.
  4. Fardet A. Le Nutri-score est-il bon pour la santé ? L'Ecologiste 2022;23:17-8.
  5. Pagliai G, Dinu M, Madarena MP, Bonaccio M, Iacoviello L, Sofi F. Consumption of ultra-processed foods and health status: a systematic review and meta-analysis. Brit J Nutr 2020;125:308-18.
  6. Peters S, Verhagen H. An Evaluation of the Nutri-Score System along the Reasoning for Scientific Substantiation of Health Claims in the EU—A Narrative Review. Foods. 2022; 11(16):2426.
  7. DuBois, P., Albuquerque P., Chandon, P. (2021) Effects of front-of-pack labels on the nutritional quality of supermarket food purchases: evidence from a large-scale randomized controlled trial. Journal of the Academy of Marketing Science 49, 119-138. 
  8. Davidou S, Frank K, Christodoulou A, Fardet A. Organic food retailing: to what extent are foods processed and do they contain markers of ultra-processing? International Journal of Food Sciences and Nutrition 2022;73:172-83.

Non à l'obligation du Nutri-Score en Europe

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