Le mercure alimentaire sans danger pour la santé cardiovasculaire

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 25/03/2011 Mis à jour le 10/03/2017
Des niveaux moyens de mercure n’augmentent pas le risque cardiovasculaire chez l’adulteCette étude conforte les recommandations en faveur d’une consommation modérée de poisson

Des niveaux d'exposition alimentaire au mercure tels que ceux qu’on rencontre typiquement aux Etats-Unis n'augmentent pas le risque de maladie cardiovasculaire (MCV) chez les adultes, selon une nouvelle étude.

Les résultats proviennent d'une étude cas-contrôle issue de deux cohortes suivies par l’école de santé publique de Harvard (Boston) : 51529 hommes inscrits dans l’étude des professionnels de santé (HPFS) et 121700 femmes dans l’étude des infirmières (NHS).

"C'est de loin la plus importante étude sur cette importante question," indique le Dr Dariush Mozaffarian (Harvard), auteur principal. Les résultats, dit-il, «fournissent des preuves plutôt convaincantes que les niveaux d'exposition typiques au mercure aux États-Unis sont sans danger pour la santé cardiovasculaire des adultes

L'étude est publiée dans le numéro du 24 Mars du New England Journal of Medicine.

Dans le détail, les chercheurs ont identifié un total de 3427 participants dans les études NHS et HPFS ayant souffert de maladies cardiovasculaires, dont 1532 infarctus du myocarde non fatals, 831 cas mortels de maladie coronarienne (CHD), et 1064 accidents vasculaires cérébraux. Ces cas ont ensuite été appariés à 3427 personnes issues des mêmes études qui n'ont pas développé de maladie cardiovasculaire pendant la même période de suivi de 11,3 ans.

Les concentrations médianes de mercure dans les ongles d'orteil étaient au début de l’étude de 0,23 µg/g chez les personnes ayant ultérieurement souffert de maladies cardiovasculaires et 0,25 µg/g chez les contrôles. Le calcul statistique écarte une responsabilité du mercure dans la survenue des troubles cardiovasculaires.

Le sélénium pourrait protéger contre la toxicité du mercure. Mais dans cette étude, des taux bas de sélénium n’augmentent pas le risque cardiovasculaire.

L’analyse de LaNutrition.fr. Le poisson est considéré comme un aliment bon pour le cœur, car il contient des niveaux élevés d'acides gras oméga-3. Mais le poisson est aussi la principale source d'exposition au méthylmercure. Une exposition au mercure même discrète semble entraîner des retards du développement neurologique chez les nourrissons. Chez les adultes, la préoccupation principale est la santé cardiovasculaire. Cette étude semble écarter ce risque. Cependant, on ne sait pas si le risque apparaît à des niveaux d'exposition plus élevés, tels qu’on peut en trouver dans certaines régions du globe. Un lien entre maladies cardiovasculaires et mercure a été observé chez les hommes dans l’étude finlandaise de Kuopio, mais ce lien n’est pas retrouvé en Suède, pourtant un pays voisin. Une explication possible est que l'exposition au mercure est sans danger jusqu'à un certain seuil (inconnu). Ce seuil peut varier selon les populations, en raison par exemple, des différences dans l'apport en antioxydants et sélénium, ou des différences génétiques. Quoi qu’il en soit, cette étude permet d’encourager les adultes à consommer raisonnablement du poisson, soit 2 à 3 portions par semaine. En revanche, les femmes enceintes et qui allaitent devraient continuer de restreindre leur consommation à 2 portions par semaine. Les espèces dont la teneur en mercure est élevée doivent être évitées (requin, espadon, flétan…). Cette étude rassurante ne doit pas inciter les autorités sanitaires à relâcher leurs efforts pour réduire la contamination au mercure des poissons et de l'environnement.

Référence

Mozaffarian D, Shi P, Morris JS, Spiegelman D, Grandjean P, Siscovick DS, Willett WC, Rimm EB. Mercury exposure and risk of cardiovascular disease in two U.S. cohorts. N Engl J Med. 2011 Mar 24;364(12):1116-25.

 

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