À quoi sert la noradrénaline ?

Par Priscille Tremblais - Journaliste scientifique Publié le 01/12/2007 Mis à jour le 13/09/2021
L'essentiel

La noradrénaline, le messager chimique de l'attention. Carte d'identité.

La noradrénaline, qu’est-ce que c’est ?

La noradrénaline est un neurotransmetteur (messager chimique du cerveau) synthétisé par certains neurones à partir d’un acide aminé (constituant des protéines alimentaires) : la tyrosine. Elle appartient à la famille des catécholamines et agit comme une hormone. Elle influence donc différentes parties du corps et stimule le système nerveux central.

Quelle est la différence entre adrénaline et noradrénaline ?

Sur le plan chimique, adrénaline et noradrénaline sont très proches. Cependant la noradrénaline ne fonctionne que grâce à des récepteurs alpha tandis que l'adrénaline peut marcher avec des récepteurs alpha et bêta. Les récepteurs alpha se trouvent seulement au niveau des artères et les bêta se situent dans le cœur, les poumons, les artères et les muscles. C'est ce qui explique que ces deux substances ont des fonctions légèrement différentes.

Les effets de l'adrénaline (ou épinéphrine)

L'adrénaline a des effets puissants sur l'organisme, incluant :

  • l'augmentation de la glycémie
  • l'élévation de la fréquence cardiaque et de l'intensité avec laquelle le cœur se contracte
  • la relaxation de muscles lisses des voies respiratoires ce qui améliore la respiration

Ces effets ont pour but de donner de l'énergie supplémentaire au corps. En cas de stress ou de frayeur, le corps libère un flot d'adrénaline afin de permettre une réponse rapide.

Les effets de la noradrénaline (ou norépinéphrine)

La noradrénaline augmente :

  • la glycémie
  • la fréquence cardiaque
  • l'intensité avec laquelle le cœur se contracte

Elle peut aussi contracter les vaisseaux sanguins, ce qui augmente la pression artérielle. Elle est ainsi administrée en urgence aux personnes dont la pression artérielle chute dangereusement.

Comment fait-on un dosage de la noradrénaline?

Pour évaluer les taux de noradrénaline on dose dans le sang, les urines ou le liquide cérébro-spinal la quantité de VMA (acide vanylmandélique) et MHPG (3-méthoxy-4-hydroxyphénylglycol), des produits de dégradation de la noradrénaline.

Qui produit la noradrénaline ?

Après sa libération, une partie de la noradrénaline fait l’objet d’une recapture par le neurone qui l’a émise ; une autre partie est dégradée. L’un des produits de dégradation est le 3-méthoxy-4-hydroxyphénylglycol (MHPG), dont le dosage dans le liquide céphalorachidien, le sang ou les urines, donne une idée de la sensibilité noradrénergique.

Les corps cellulaires noradrénergiques sont concentrés dans le tronc cérébral, et notamment dans le locus coeruleus. Les neurones noradrénergiques y sont peu nombreux (40 000), mais ils projettent à la quasi-totalité du cerveau, grâce à un réseau impressionnant de ramifications. Ainsi, un seul neurone peut-il donner naissance à 300 000 terminaux dans une région aussi éloignée que le cortex cérébral. La stimulation du locus, ou l’application directe de noradrénaline a deux effets sur les neurones d’une région-cible : elle inhibe leur activité de base, tout en augmentant leur réactivité à d’autres stimuli. Le « bruit de fond » est réduit alors que les signaux importants sont amplifiés.

Quels rôles pour la noradrénaline ?

La noradrénaline module l’attention, l’apprentissage et facilite la réponse aux signaux de récompense : plus la sensibilité noradrénergique est grande, plus ces traits sont amplifiés.

Norépinéphrine et peur

Chez le rat, la destruction du locus coeruleus entraîne une disparition totale de la peur. Les interventions qui augmentent la sensibilité à la noradrénaline dans les régions frontales empêchent l’animal d’oublier un comportement lié à une récompense. Elles lui permettent d’associer plus rapidement à une activité particulière le souvenir d’une punition évitée. Inversement, Mary Schneider (Université du Wisconsin) a montré que des singes rendus peu sensibles se montrent incapables d’intégrer les comportements sociaux du groupe.

Tout stimulus stressant augmente les taux de noradrénaline, que ce soit une simple dispute ou une événement traumatique comme une attaque terroriste. C'est parce que ces stimuli nécessitent une plus grande attention de notre part, afin de prévenir leur répétition. Ce phénomène lié à la noradrénaline est appelé "potentialisation à long terme" et il joue un rôle très important dans le conditionnement à la peur. Ainsi, l'effet de la noradrénaline est tellement puissant qu'il est très difficile de se défaire d'une peur acquise. Cela s'illustre bien avec ce qu'on appelle le syndrome de stress post-traumatique.

Ces stimuli stressants qui augmentent la noradrénaline peuvent aussi s'avérer bénéfiques. Par exemple, il a été montré que que le stress lié à l'apprentissage d'un nouvel instrument ou l'exploration d'une ville inconnue permet d'augmenter le taux de ce neurotransmetteur dans le cerveau et d'y favoriser la connexion entre les neurones.

Déficit d'attention, TDAH et noradrénaline

Chez l’homme, la diminution de la noradrénaline affecte l’acquisition de connaissances et d’associations nouvelles. Mais la caféine, qui augmente la noradrénaline du cerveau, améliore la capacité à accomplir des tâches répétitives, ennuyeuses, non sanctionnées par des récompenses. L’administration de tyrosine à des patients dépressifs augmente la sécrétion de noradrénaline. Ce traitement améliore la composante hédonique de leur dépression. Le docteur Bruce Perry (Baylor College of Medicine, Houston, Texas) a trouvé qu’une une sensibilité noradrénergique réduite chez l’enfant est associée à des comportements « socialement détachés ». Le docteur Perry estime qu’il existe une corrélation entre une sensibilité noradrénergique forte et la recherche de sensations « socialement acceptables ».

Chez les enfants souffrant de trouble déficitaire de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), l'exercice physique régulier semble améliorer à la fois les symptômes et les performances scolaires. Or l'exercice physique est l'un des meilleurs moyens d'augmenter les taux de noradrénaline dans le cerveau (lire plus bas). Les médicaments prescrits en cas de TDAH (comme le méthylphénidate contenu dans la Ritaline) permettent d'augmenter les taux de noradrénaline et de dopamine, un autre neurotransmetteur. Un autre médicament connu du TDAH, l'atomoxétine (molécule active du médicament Strattera) ne cible quant à lui que la noradrénaline.

Noradrénaline et dépression

Le système noradrénergique se poursuit au-delà du locus coeruleus dans le système limbique. Au niveau de ce dernier, une baisse de l'activité noradrénergique pourrait favoriser la dépression. D'ailleurs certains médicaments contre la dépression peuvent agir à la fois sur la noradrénaline et la sérotonine : ce sont les IRSNA (inhibiteurs mixtes de recapture de la sérotonine et de la noradrénaline), comme la venlafaxine, le milnacipran et la duloxétine.

Comment augmenter la noradrénaline ?

Manque de noradrénaline, choc de température et exercice physique

On l'a vu, l'exercice physique représente un très bon moyen de stimuler la noradrénaline, ce qui explique d'ailleurs l'amélioration de la mémoire et de l'apprentissage liée à la pratique sportive. Une étude a évalué l'apprentissage d'une nouvelle langue par des étudiants alors qu'ils faisaient en même temps du vélo stationnaire. Ces derniers ont mieux mémorisés et compris que les participants étant restés sans bouger pendant l'apprentissage.

Les températures extrêmes jouent elles aussi le rôle de stimuli permettant d'augmenter les taux de noradrénaline et donc les capacités d'attention et d'apprentissage. Des études sur la pratique du sauna à 80°C ou des bains glacés indiquent qu'elle élève les niveaux de ce messager chimique dans le cerveau.

Alimentation et noradrénaline

Comme la dopamine, la noradrénaline est synthétisée à partir de deux acides aminés, la tyrosine et la phénylalanine. Ces acides aminés se retrouvent dans les aliments riches en protéines et en particulier dans la dinde, le canard, le cottage cheese, les flocons d'avoine, le porc, les œufs, le poulet mais aussi le chocolat noir.

Lire aussi : Le régime qui augmente la vigilance et l’attention

Références
  1. Saboory E, Ghasemi M, Mehranfard N. Norepinephrine, neurodevelopment and behavior. Neurochem Int. 2020 May;135:104706.
  2. Borodovitsyna O, Flamini M, Chandler D. Noradrenergic Modulation of Cognition in Health and Disease. Neural Plast. 2017;2017:6031478. 
  3. Angyal N, Horvath EZ, Tarnok Z, Richman MJ, Bognar E, Lakatos K, Sasvari-Szekely M, Nemoda Z. Association analysis of norepinephrine transporter polymorphisms and methylphenidate response in ADHD patients. Prog Neuropsychopharmacol Biol Psychiatry. 2018 Jun 8;84(Pt A):122-128. 

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