Cancer du col de l’utérus : dépistage au vinaigre

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 06/08/2007 Mis à jour le 06/02/2017
L’acide acétique permet de détecter les lésions du col de l’utérus. Un espoir pour aider au dépistage de cette maladie, en particulier dans les pays en voie de développement.

Triste constat. Au moment où un vaccin contre le cancer du col de l’utérusest commercialisé dans les principaux pays occidentaux, les pays pauvres, où sont concentrés 85% des 493 000 cas mondiaux de cancer du col, se battent encore pour tenter de trouver des moyens pas trop onéreux de faciliter le dépistage de cette maladie.

Heureusement, la recherche avance ! Rengaswamy Sankaranarayanan, un médecin travaillant au CIRC (Centre International de Recherche sur le Cancer) de Lyon, vient avec son équipe de mettre au point une technique simple et efficace pour dépister ce cancer : un peu de vinaigre dilué et une loupe binoculaire permettraient, selon des résultats publiés dans The Lancet, d’identifier de manière efficace des tissus anormaux présents sur le col de l’utérus des femmes atteintes. Dilué à 3 ou 5%, l’acide acétique, le principal composé du vinaigre, a en effet la propriété de rendre temporairement blanches les lésions du col.

Mené en Inde, cet essai clinique concernait 31 343 femmes âgées de 30 à 59 ans qui ont accepté de se faire dépister avec cette technique entre 2000 et 2003. Le procédé a permis de repérer des tissus anormaux chez 3 088 personnes (9,9%) à qui les médecins ont proposé des examens plus approfondis, notamment des biopsies. Au final, l’acide acétique a permis d’identifier 1 874 femmes présentant des lésions précancéreuses du col de l’utérus et de proposer à 72% d’entre-elles un traitement.

Comparée aux résultats obtenus avec un groupe contrôle constitué de 31 000 femmes, cette technique aura diminué de 25% l’incidence de ce cancer et de 35% sa mortalité. L’effet positif a été tellement plus important que celui attendu que les chercheurs ont publié leurs résultats au bout de 7 ans seulement au lieu des 10 initialement prévus.

Pourquoi attendre avant de lancer des programmes de dépistage de grande ampleur ? D’après Anne Szarewski, spécialiste de ce cancer à Londres et auteur d’un commentaire publié dans le même numéro du Lancet, il faudrait veiller d’abord à ce que le personnel soit bien formé, ce qui n’est pas toujours le cas des campagnes lancées dans les pays en voie de développement. Selon la spécialiste, ce sont probablement les vaccins contre les papillomavirus (la famille virale responsable des lésions cancéreuses) qui « offriront les meilleurs espoirs de prévention du cancer du col dans tous les pays ».

Seule contrainte, et pas des moindres : plus de 400 euros sont nécessaires aujourd’hui pour se procurer les trois doses de Gardasyl nécessaires à l’immunisation. Ce n’est donc à priori pas demain que les pays pauvres vaccineront en masse les jeunes filles… En attendant, une seule solution existe pour améliorer la lutte contre la survenue de ce cancer : continuer et améliorer le dépistage.

Véronique Molénat

Rengaswamy Sankaranarayanan, Effect of visual screening on cervical cancer incidence and mortality in Tamil Nadu, India: a cluster-randomised trial, The Lancet - Vol. 370, Issue 9585, 4 August 2007, Pages 398-406

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