Dépression et ostéoporose, un bien mauvais ménage

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 14/08/2007 Mis à jour le 06/02/2017
Une étude américaine suggère que la dépression et les antidépresseurs favoriseraient la perte osseuse chez les femmes âgées.

Les médecins qui suivent les femmes âgées devraient se préoccuper de l’état dépressif de leur patiente. Surtout s’ils cherchent à prévenir l’ostéoporose. C’est la conclusion d’une étude publiée dans le Journal of the American Geratrics Society par des chercheurs américains de l’université du Minnesota.

Susan Diem et ses collaborateurs ont suivi durant 20 ans un groupe de 4177 femmes âgées de 69 ans et plus faisant partie de la cohorte « Study of Osteoporotic Fractures ».

Les chercheurs ont mesuré à 4 reprises, grâce à une « échelle de dépression gériatrique », les symptômes dépressifs des volontaires. En général, on parle de dépression quand les résultats à ce test réalisé plusieurs fois à quelques années d’écart sont supérieurs à 6. La consommation d’antidépresseurs a également été prise en compte.

En parallèle, les chercheurs ont réalisé, à 2 reprises, une mesure par absorptiométrie aux rayons X de la densité osseuse des hanches des volontaires.

Résultats : la densité minérale osseuse a diminué en moyenne de 0,96% par an chez les 200 volontaires diagnostiquées comme dépressives contre une diminution de seulement 0,69% par an chez les femmes ayant un score inférieur à 6. « Cette relation entre dépression et ostéoporose persiste même lorsqu’on tient compte des autres facteurs connus de l’ostéoporose ou de l’utilisation des antidépresseurs » explique Susan Diem.

Ces résultats confirment ceux obtenus par d’autres études montrant un lien entre fracture et dépression. « Le mécanisme de cette association n’est pas encore clair, mais le fait que l’on ait mis en évidence une plus grande perte osseuse chez les personnes dépressives pourrait bien expliquer la fréquence plus importante de fractures chez elles » poursuit la chercheuse.

Avec son équipe, elle a mené au même moment une autre étude montrant cette fois que l’utilisation de certaines catégories d’antidépresseurs était liée à une augmentation de la perte osseuse chez les personnes âgées.

Les résultats, issus du suivi sur plusieurs années de 2722 femmes âgées de 78 ans en moyenne, ont été publiés dans les Archives of Internal Medicine. Ils montrent que le recours aux antidépresseurs appartenant à la catégorie des « inhibiteurs de la recapture de la sérotonine » est associé à une diminution de la densité osseuse plus importante que le recours aux antidépresseurs tricycliques (0,82% par an contre seulement 0,47% par an identique à la perte osseuse des femmes non dépressives).

Véronique Molénat

Susan J. Diem, Depressive Symptoms and Rates of Bone Loss at the Hip in Older Women, Journal of the American Geriatrics Society, Vol. 55 Issue 6 Page 824 June 2007.
Susan J. Diem,Use of Antidepressants and Rates of Hip Bone Loss in Older Women, The Study of Osteoporotic Fractures, Vol. 167 No. 12, June 25, 2007

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