Des centaines de composés chimiques toxiques dans nos vêtements

Par Juliette Pouyat - Journaliste scientifique Publié le 09/11/2015 Mis à jour le 10/03/2017
On trouve une multitude de substances chimiques dans les vêtements que nous portons jour et nuit. Leurs conséquences sur la santé sont inconnues.

Des milliers de produits chimiques sont utilisés pour la fabrication des vêtements. Sont-ils encore présents lorsque nous les achetons ? La réponse est oui, selon les résultats d’un travail de thèse. Les chercheurs ont en effet identifié dans des vêtements plusieurs substances présentant des risques pour la santé. Même le coton biologique ne constitue pas une garantie de textile non-toxique.

« La production de textiles consiste en une succession de nombreuses étapes, impliquant beaucoup de composés chimiquement hétérogènes et c’est également une des plus grandes consommatrices d’eau par kilogramme de matière produite » explique l’auteure de la thèse. « L’industrie textile contribue de manière significative à la pollution de l’environnement par le rejet d’eaux usées riches en produits chimiques dangereux (colorants, retardateurs de flamme, métaux lourds…), ce qui de différentes façons constitue une menace pour la santé publique ».

Les produits chimique, inoffensifs ou dangereux peuvent se retrouver dans des articles disponibles à la vente, soit de façon intentionnelle pour donner des caractéristiques spécifiques au textile (couleur, résistance au feu ou au froissement, propriétés hydrofuges…) soit de façon non intentionnelle par des matières résiduelles issues de la fabrication.

Lire : Les perturbateurs endocriniens, une "soupe" dangereuse

60 habits provenant de chaines de vêtements suédoises ou internationales ont été testés. Une première analyse a trouvé des milliers de produits chimiques dans les vêtements dont une centaine avait été initialement identifiés. Plusieurs de ces substances ne figuraient pas sur les listes des fabricants et sont soupçonnées d’être des sous-produits, résidus ou produits chimiques ajoutés pendant le transport.

4 groupes de substances –quinoléines, benzothiazoles, benzotriazoles et amines aromatiques- ont ensuite été choisis pour des analyses plus approfondies selon leur fréquence d’apparition dans les textiles, leur toxicité et la facilité avec laquelle ces substances peuvent pénétrer la peau. Les concentrations les plus élevées de 2 de ces substances –les quinoléines et les amines aromatiques- ont été trouvées dans le polyester. Le coton contenait des concentrations élevées de benzothiazoles, même dans les vêtements fabriqués à partir de coton biologique.

Les chercheurs ont alors lavé les vêtements et ont regardé les concentrations des produits chimiques. Certaines substances ont été éliminées des vêtements au lavage avec un risque de se retrouver dans les milieux aquatiques. D’autres sont restés à un niveau élevé dans les vêtements, devenant ainsi une source potentielle d’exposition cutanée à long-terme. Pour les chercheurs, il est difficile de savoir si les niveaux de ces substances nocives sont dangereux et quels effets ces produits chimiques dans nos vêtements peuvent avoir à long terme.

Lire : Sang pour sang toxique, le livre du Pr Jean-François Narbonne (lire un extrait ICI >>)

« L’exposition à ces produits augmente le risque de dermatite allergique, mais des effets plus graves sur la santé humaine et sur l’environnement pourraient être liés à ces produits chimiques. Certains d’entre eux sont soupçonnés d’être cancérigènes ou sont même considérés comme tels » explique Giovanna Luongo, auteure du travail de thèse à l’Université de Stockhom.

« Les vêtements sont portés jour et nuit pendant toute notre vie. Nous devons savoir si les produits chimiques vont dans notre peau et ce que cela signifie pour notre santé. Ceci est très difficile à évaluer et nécessite beaucoup de recherches supplémentaires » conclut Conny Östman, professeur de Chimie Analytique.

Lire : deux produits désinfectants courants pourraient nuire à la fertilité.

Sources

Thèse de Doctorat. Chemicals in textiles, A potential source for human exposure and environmental pollution, Giovanna Luongo.

A découvrir également

Back to top