Espérance de vie : plus on est pauvre, plus on meurt tôt

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 25/01/2007 Mis à jour le 06/02/2017
Après une semaine régionale de lutte contre les cancers du 15 au 19 janvier et alors que l’Institut national de veille sanitaire (InVS) publie un numéro spécial sur les inégalités sociales de santé, la région Nord-Pas-de-Calais accueille du 25 au 27 janvier un colloque international sur les « Politiques publiques et pratiques professionnelles face aux inégalités sociales de santé ».

Le Nord-Pas-de-Calais est la région française où l’espérance de vie est la plus faible avec 73,6 ans pour les hommes et 81,2 ans pour les femmes contre respectivement 76,7 ans et 83,8 ans au niveau national. Cette région déplore 17 000 nouveaux cas de cancer et 10 400 décès annuels ainsi qu’une surmortalité de 41% chez les hommes et de 16% chez les femmes. « On est premiers pour presque tous les cancers et quand on n'est pas premiers, on est deuxièmes » déplore Hervé Poher, vice-président du conseil général du Pas-de-Calais. Cette région est l’une des plus touchées par le chômage (taux de chômage de 4 points plus élevé que celui de la moyenne nationale).

C’est précisément ce type d’inégalité régionale que dénonce Martin Hirsch, président d’Emmaüs France et directeur général de l’Agence nouvelle des solidarités actives dans l’édito du bulletin épidémiologique de l’InVS de cette semaine : « L’espérance de vie des personnes à la rue est d’environ 45 ans (…). Autrement dit, l’espérance de vie des plus pauvres en France est plus proche de l’espérance de vie au Sierra Léone (34 ans), (…) que de celle de l’ensemble de la population française. » Mais ces inégalités ne touchent pas que les plus pauvres, elles sont aussi selon M. Hirsch « marquées entre les ouvriers et les cadres. Elles apparaissent précocement puisque dès l’école on détecte des différences dans la prise en charge des troubles de la vue, des caries dentaires et bien sûr dans l’évolution du surpoids. »

 

Exemple criant : une étude menée en Alsace sur 4460 bambins de 6 ans révèle que 19,7% des enfants d’ouvriers souffrent de surpoids et d’obésité contre seulement 10% des enfants de cadres. Alors que la moyenne nationale se situe à 15,1%.

« La réduction des inégalités de santé devrait être la priorité des politiques de santé » conclut Martin Hirsch dans son éditorial. Souhaitons qu’en ces temps de campagne électorale son avertissement ne tombe pas dans l’oreille d’un sourd.

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