Les étudiants n’ont pas le moral

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 20/06/2007 Mis à jour le 06/02/2017
En 2007, près de 9% des étudiants auraient eu des pensées suicidaires au cours des derniers mois et un tiers une période de déprime de plus de 2 semaines. Ce sont deux des conclusions les plus inquiétantes du dernier portrait de l’état de santé des étudiants brossé par l’Union nationale des mutuelles étudiantes régionales (Usem). Une image bien éloignée de celle que l’on a parfois tendance à garder des étudiants fringants et frondeurs de mai 68… 

L’Usem mène tous les 2 ans depuis 1999 une enquête visant à mieux connaître l’état de santé des étudiants, leur recours aux soins, leurs comportements vis-à-vis de certaines pratiques à risque et leurs attentes en terme d’action. L’édition 2005 ayant révélé un taux élevé de jeunes en situation de mal-être, l’Usem a axé la version 2007 sur les facteurs favorisant la souffrance psychique.

Les résultats, tirés de l’analyse de 13 690 questionnaires remplis et renvoyés par les étudiants, offrent une vision plutôt noire du moral dans cette catégorie de la jeunesse.

D’abord, même si une majorité d’étudiants se considèrent en « bonne » ou « plutôt bonne » santé, ils sont moins nombreux à le dire qu’il y a deux ans (93,5% contre 96% en 2005).

C’est surtout sur le plan psychologique que les problèmes paraissent les plus fréquents et les plus graves. Alors que 36,2% des personnes interrogées déclarent avoir des difficultés à gérer leur stress, 31,3% se sont sentis « tristes, déprimés, sans espoir, avec une perte d’intérêt pour les activités qu’ils aiment faire habituellement » au moins une fois au cours des 12 derniers mois. Et ce n’est pas tout puisque 8,8% d’entre eux indiquent avoir, au cours de la même période, songé au suicide et près de 35% avoir subi une perte de confiance ou s’être senti sans valeur. Sur ce dernier point, les jeunes femmes seraient plus concernées avec 42,2% d’entre-elles contre 25,8% des hommes.

Côté fatigue, les étudiants dorment mal : ils seraient 18% à souffrir de troubles du sommeil. Enfin, les étudiants qui connaissent des difficultés psychologiques seraient, selon cette enquête, plus enclins que les autres à consommer du tabac, de l’alcool et du cannabis, des comportements susceptibles de nuire fortement à leur santé.

Les facteurs de ce mal être massif ? La solitude et l’isolement qui concernerait 1 étudiant sur 3, proportion qui s’élèverait à 60% chez ceux qui déclarent être confronté à des problèmes de mal-être. Mais aussi le stress. Par ailleurs, si la majorité des étudiants interrogés déclare se sentir à la hauteur de leurs études, plus de la moitié estime ne pas avoir été assez informés lors du choix de leur orientation et 1 sur 10 carrément mal orienté. Autre facteur de mal être : la perception de l’avenir qui, pour plus d’un étudiant sur 10, est négative mais également les difficultés financières qui concerneraient une personne sur 3 et les discriminations et violences subies (7,1 et 3,4% des étudiants).

Il existe, à l’intérieur des universités, des structures mises en places pour répondre aux difficultés psychologique des étudiants, notamment les Bureaux d’Aide Psychologique Universitaire (BAPU). Le problème, toujours d’après les résultats de cette enquête, c’est que seulement 6,7% des étudiants connaissent leur existence !

Concernant la santé en général, les étudiants sont 83,6% à avoir consulté un professionnel de santé au cours des 6 derniers mois et 70,3% à avoir consulté un généraliste. Parmi ceux qui n’avaient pas consulté, 1 sur 10 a déclaré que c’était au motif du coût. Il faut dire que si une majorité d’étudiants adhèrent à une mutuelle (83,5%), près de la moitié de ceux qui n’en n’ont pas évoquent un manque de moyen financier.

Espérons que les résultats de cette enquête, qui confirment ceux de 2005, soient entendus par les responsables ministériels. Histoire que les années de fac ne restent pas seulement dans les mémoires comme une sale période de la vie...

Véronique Molénat

A découvrir également

Back to top