Un composé du chou est un tueur de cellules cancéreuses

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 12/05/2015 Mis à jour le 10/03/2017
Un composé issu de crucifères (chou, brocoli, choux de Bruxelles, chou-fleur, cresson) pourrait limiter la récidive et la progression du cancer.

Les vertus anti-cancer du chou, du brocoli, du cresson et d'autres légumes crucifères comme le navet, rapportées dans des centaines d'études épidémiologiques et expérimentales, se confirment : de nouveaux résultats parus dans BMC Cancer décrivent l’action d’un composé issu des crucifères qui est capable de lutter contre les cellules souches cancéreuses.

Pour expliquer les récidives de cancer, on évoque désormais le rôle joué par certaines cellules : les cellules souches cancéreuses (CSC), qui résisteraient aux traitements de chimiothérapie ou de radiation. Cette sous-population de cellules tumorales qui représente moins de 5 % d’une tumeur sont capables de se renouveler, régénérer la tumeur originale et migrer dans l’organisme grâce aux vaisseaux sanguins. Mais comme l’explique Moul Dey, auteur de ces travaux, ces cellules sont minuscules et « très difficiles à détecter dans une tumeur. C’est comme trouver une aiguille dans une botte de foin ».

Lors de cette recherche menée à l’université d’Etat du Dakota du sud, les scientifiques se sont intéressés à des molécules présentes chez les crucifères appelées isothiocyanates. Les isothiocyanates sont issus de la transformation enzymatique d'autres substances des crucifères appelées glucosinolates. Lorsque vous mangez du chou, les glucosinolates sont mises en contact avec une enzyme appelée myrosinase et donnent alors naissance aux isothiocyanates; les plus connus sont le sulforaphane, le  PEITC (phénéthyl isothiocyanate), le BITC (benzyl isothiocyanate).

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Les chercheurs ont traité des cellules souches de cancer cervical humaines avec du PEITC : environ 75 % des cellules sont mortes en 24 h avec une concentration de 20 µM. De faibles concentrations du composé étaient efficaces : à 10 µM, le PEITC pouvait prévenir la progression du cancer dans le tissu pulmonaire de la souris. Par conséquent, le PEITC inhibe la prolifération de CSC humaines.

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De plus, le PEITC semble induire une voie apoptotique dans des cellules cancéreuses. L’apoptose, ou mort cellulaire programmée, est un processus essentiel dans le maintien de l’homéostasie des tissus. Le mauvais fonctionnement de l’apoptose est impliqué dans de nombreuses maladies humaines, y compris les cancers. La cytokine TRAIL induit l’apoptose dans les cellules cancéreuses mais les CSC sont souvent résistantes à TRAIL. D’après les travaux publiés dans cet article, les effets anti-prolifératifs du PEITC sur les CSC pourraient résulter en partie du contrôle positif exercé par PEITC sur les voies de l’apoptose liées à TRAIL : PEITC en combinaison avec TRAIL favoriserait une voie apoptotique.

PEITC offre donc une nouvelle approche pour améliorer les thérapies des patients cancéreux. Ce composé a un rôle anti-prolifératif à la fois dans les cellules cancéreuses HeLa et des CSC. L’alimentation seule pourrait fournir des niveaux suffisants pour prévenir le cancer : les concentrations de PEITC utilisées par les chercheurs dans leur étude (5 à 15 µM) pourraient être atteintes par une alimentation riche en crucifères.

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L'avis de LaNutrition.fr. Ce site a été le premier à rapporter les effets anticancer de la consommation régulière de légumes crucifères, et les propriétés anticancer des isothiocyanates. Les personnes qui consomment beaucoup de fruits et légumes ont un peu moins de cancers que les autres, mais ce bénéfice a longtemps été exagéré par les nutritionnistes officiels. Nous avions à l'époque expliqué que l'essentiel du bénéfice procuré par les légumes, dans les études épidémiologiques, provient des isothiocyanates des légumes crucifères. Si vous mangez beaucoup de légumes, mais peu de crucifères, votre risque de cancer n'est pas considérablement diminué. C'est pourquoi, dans "La Meilleure Façon de Manger" (lire un extrait ICI  >>), le guide de nutrition indépendant publié par LaNutrition.fr, nous conseillons 3 à 5 portions de crucifères par semaine, crus, fermentés ou peu cuits car la chaleur inactive l'enzyme myrosinase, tout en dégradant les glucosinolates.

Source

Wang D, Upadhyaya B, Liu Y, Knudsen D, Dey M. Phenethyl isothiocyanate upregulates death receptors 4 and 5 and inhibits proliferation in human cancer stem-like cells. BMC Cancer. 2014 Aug 15;14:591. doi: 10.1186/1471-2407-14-591.

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