100 médecins contre le déni de la maladie de Lyme

Par Thierry Souccar - Journaliste et auteur scientifique, directeur de laNutrition.fr Publié le 25/07/2016 Mis à jour le 10/03/2017
Actualité

Tests pas fiables, patients livrés à eux-mêmes, médecins poursuivis : un collectif de 100 médecins s'insurge contre la prise en charge de Lyme en France.

Un collectif de plus de 100 médecins, conduits par le Pr Christian Péronne, chef du service infectiologie de l’hôpital de Garches, a publié une tribune dans L’Obs, pour demander urgemment au gouvernement de prendre la mesure du problème sanitaire considérable posé par la maladie de Lyme, non seulement aux patients, mais aussi aux laboratoires et au corps médical.

La maladie de Lyme, transmise par les tiques (il y a probablement d'autres vecteurs), est mal connue des médecins, faute de formation. Il est vria que le diagnostic est complexe et les traitements plus ou moins efficaces, alors que non traitée, elle peut évoluer vers des problèmes graves, cardiovasculaires, neurologiques, articulaires… En fait, la maladie de Lyme peut mimer un nombre considérable d’autres affections : sclérose en plaques, polyarthrite, Alzheimer, fibromyalgie…

Les médecins dénoncent l’absence d’un plan national cohérent dans la prise en compte de cette maladie, en particulier dans sa forme chronique, toujours niée par les autorités sanitaires. Conséquences : « Les patients, écrivent-ils, errent des années d’hôpital en hôpital. Paralysés, souffrant de douleurs musculaires et articulaires, on leur a diagnostiqué à tort un Alzheimer, une sclérose en plaques ou une spondylarthrite ».

Ils font remarquer, comme le souligne la biologiste Viviane Schaller dans son livre « Maladie de Lyme : l'épidémie qu'on vous cache », que les tests diagnostiques actuels ne sont pas fiables contrairement à ce qu’affirme le gouvernement. Viviane Schaller est actuellement poursuivie en justice pour avoir amélioré dans son laboratoire de Strasbourg la sensibilité des tests et diagnostiqué ainsi des dizaines de malades que les tests officiels considéraient comme sains.

Les médecins signataires de l'appel s’insurgent contre la détresse morale majeure mais aussi socio-professionnelle des patients en errance diagnostique pendant plusieurs mois ou années. Certains sont obligés de dépenser des fortunes pour se faire soigner à l’étranger. Ces patients doivent pouvoir avoir accès au statut de l’affection longue durée (ALD) et au remboursement à 100% de leurs traitements.

Les signataires réclament la création d’unités hospitalières spécialisées Lyme avec, à terme, des instituts labellisés, aussi bien pour la recherche fondamentale que pour la recherche clinique.

Ils demandent aussi la prise en compte des récentes données scientifiques afin d’aboutir à un nouveau consensus thérapeutique adapté. Aujourd’hui, les médecins doivent appliquer un traitement défini par une réunion de consensus de 2006, qui n’est plus en adéquation avec la réalité de la maladie. Les médecins qui n’appliquent pas ces recommandations, et traitent plutôt selon les données récentes de la science, sont poursuivis par le Conseil de l'Ordre et/ou l’Assurance maladie, comme l'est le Dr Philippe Bottero (Nyons), pourtant l'un des méilleurs spécialistes de cette maladie.

Lire : Un point complet sur Lyme, par le Dr Horowitz

L'avis de LaNutrition.fr : Nous dénonçons depuis des années l'organisation du diagnostic et du traitement de Lyme en France, par rapport à ce qui se passe dans des pays voisins comme l'Allemagne. Les tests actuels donnent lieu à de nombreux faux négatifs, ce qui conduit à l'errance des patients. Les recherches sur les traitements sont au point mort en France, l'idée étant que 3 à 4 semaines d'antibiotiques "guérissent" les malades, que le Lyme chronique n'existe pas, et que toute plainte post-traitement relève d'un état psychologique et non d'un état infectieux qui se prolonge à bas bruit. Pourtant, des études récentes montrent que la bactérie en cause (Borrelia burgdorferi) sait se sissimuler pour échapper aux antibiotiques et au système immunitaire, en créant par exemple des biofilms. De plus en plus le fossé se creuse entre des généralistes devenus de facto des spécialistes pragmatiques de la maladie et des médecins infectiologues hospitaliers, appliquant strictement les consignes officielles. 

A découvrir également

Back to top