Contre le cancer, bouger c'est vital !

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 01/03/2016 Mis à jour le 10/03/2017
Qu'il sagisse de prévenir le cancer ou d'en guérir, l'exercice est toujours votre allié. 

L'exercice physique a des effets bénéfiques sur la santé en général : il réduit le risque de maladie coronaire cardiaque, de diabète de type 2, tout en permettant de maintenir son poids de forme. Mais il est également un allié contre le cancer.

Rester assis trop longtemps augmente le risque de cancer

Une étude parue dans le journal Cancer Epidemiology, Biomarkers & Prevention rapporte que les femmes qui restent assises trop longtemps ont un risque accru de développer certains cancers. « Il est possible que le temps passé assis soit un facteur de risque de cancer en raison de son impact sur l’augmentation de l’adiposité et sur les dysfonctionnements métaboliques » écrivent les auteurs.

Les chercheurs ont examiné les données concernant 69.260 hommes et 77.462 femmes appartenant à l’American Cancer Society Cancer Prevention Study II Nutrition Survey. En 17 ans, de 1992 à 2009, 12.236 femmes et 18.555 hommes ont été diagnostiqués avec un cancer. Résultats : Les femmes qui restent assises plus de 6 heures par jour ont un risque plus élevé de développer un cancer du sein (risque augmenté de 10 %), de l’ovaire (risque augmenté de 43 %) ou du sang -myélome multiple- (risque augmenté de 65 %) que les femmes qui restent assises moins de 3 heures.

« L’étude a aussi montré qu’en plus d’augmenter spécifiquement le risque de développer certains cancers, les femmes qui restent assises le plus longtemps pendant leurs périodes de loisirs ont un risque global de cancer plus élevé », expliquent les auteurs. Les femmes qui passent plus de 6 heures par jour assises ont un risque de cancer augmenté de 10 % par rapport à celles qui restent assises moins de 3 heures. Toutes ces associations entre le temps passé assis et le risque de cancer sont indépendantes de l’activité physique pratiquée.

Lire le livre de Thierry Bredel : Entraînement au féminin


La course améliore le pronostic après un cancer du sein, mieux que la marche

Afin d'améliorer leurs chances de survie, il est généralement recommandé aux femmes qui ont eu un cancer du sein de pratiquer une activité physique modérée d'au moins 2h30 par semaine. Mais d’après une recherche parue dans International Journal of Cancer, les femmes seraient mieux protégées si elles couraient plutôt que de simplement marcher.

Lire : Une heure de marche réduirait le risque de cancer du sein 

Des chercheurs de Berkeley ont étudié 986 femmes qui avaient eu un cancer du sein, diagnostiqué en moyenne 8 ans avant le début de l’étude. Les participantes faisaient partie de la National Runners’ and Walkers’ Health Study. Selon les résultats pris globalement, les femmes qui pratiquent 2h30 d’activité physique modérée par semaine réduisent de 25 % leur risque de décès, mais cela varie en fonction du sport pratiqué. En effet, 33 femmes parmi les 714 marcheuses et 13 parmi les 272 qui pratiquaient la course à pied sont décédées d’un cancer du sein au cours des 9 années de suivi. Lorsque ce résultat tenait compte de la dépense métabolique liée à l'activité pratiquée, il apparaissait que la course permettait de plus réduire la mortalité que la marche.

L’exercice, un des facteurs de prévention du cancer colorectal

Une vaste étude européenne montre que plus on adopte de comportements sains (dont une activité physique régulière), plus on réduit son risque de cancer colorectal.

Dans cet article, les chercheurs ont étudié l’impact combiné de cinq facteurs sur le cancer colorectal. Pour cela, ils ont analysé les données de 347.237 hommes et femmes de 25 à 70 ans, provenant de 10 pays de la cohorte EPIC (European Prospective Investigation into Cancer and Nutrition). Les chercheurs ont considéré cinq facteurs "favorables" : un poids sain, une activité physique régulière, l’absence de tabagisme, une consommation limitée d’alcool, un régime riche en fruits, légumes, poissons, yaourts, noix et graines, des aliments riches en fibres et de faibles quantités de viande rouge et de charcuterie. Pour chacun de ces cinq facteurs, chaque participant s’est vu attribuer une note de 0 ou 1, selon qu’il remplissait cette condition ou pas. Les points ont été additionnés pour obtenir un score pour chaque participant.

Résultats : Plus les participants avaient un score élevé, plus leur risque de cancer colorectal était bas. Pour Krasimira Aleksandrova, principale auteur de l’article, « Nos données ont confirmé qu’avec un nombre plus élevé de comportements sains, le risque d’une personne de développer un cancer colorectal diminue. » Au final, ce sont 16 % des cas qui pourraient être évités : « Les estimations basées sur les populations de notre étude suggèrent que jusqu’à 22 % des cas chez les hommes et 11% des cas chez les femmes auraient été évités si les cinq comportements sains avaient été suivis.»

Lire : 10 cancers qu'on peut éviter en restant mince

 

Un mécanisme moléculaire et cellulaire élucidé

S'il est donc avéré que l’exercice régulier réduit le risque de cancer, le mécanisme d’action de l’exercice sur les tumeurs restait à élucider. Dans une étude portant sur des souris, des chercheurs ont mis en évidence les processus moléculaires et cellulaires à l’œuvre. Lors de cette recherche, des souris qui avaient une tumeur et pouvaient courir dans une roue ont eu une réduction de 50 % de la taille de leur tumeur par rapport à des souris moins actives. Au niveau cellulaire, les chercheurs ont trouvé qu’un exercice intense aide les cellules NK, des cellules immunitaires qui s’attaquent aux cellules cancéreuses, à aller vers les tumeurs. La course aide donc les souris à ralentir la croissance du cancer.

Les chercheurs ont montré que l’augmentation du nombre de cellules NK sur le site de la tumeur contribuait directement à la réduction de la taille de la tumeur. De plus, en bloquant la fonction de l’adrénaline, il n’y avait plus de bénéfices de l’exercice sur la tumeur. L’équipe a aussi découvert qu’une molécule de signalisation appelée IL-6 permettait de faire le lien entre la mobilisation des cellules NK dépendante de l’adrénaline et l’infiltration des cellules NK dans la tumeur. L’IL-6 est libérée par le muscle pendant l’exercice, et les molécules d’IL-6 aident à guider les cellules immunitaires vers les tumeurs.

Ces résultats permettent donc de relier l’exercice, l’adrénaline et l’IL-6 à la mobilisation des cellules NK et au contrôle de la croissance de la tumeur.

Sur le même sujet, lire ces deux livres de Patrick Seners : Reprendre le sport et Un corps d'athlète à 60 ans (lire un extrait ICI >>)

Sources

Patel AV, Hildebrand JS, Campbell PT, Teras LR, Craft LL, McCullough ML, Gapstur SM. Leisure-time spent sitting and site-specific cancer incidence in a large US cohort. Cancer Epidemiol Biomarkers Prev. 2015 Jun 30. pii: cebp.0237.2015

Paul T. Williams. Significantly greater reduction in breast cancer mortality from post-diagnosis running than walking. Int J Cancer. 2014 Jan 27. doi: 10.1002/ijc.28740

Krasimira Aleksandrova, Tobias Pischon, Mazda Jenab, H Bueno-de-Mesquita, Veronika Fedirko, Teresa Norat, Dora Romaguera, Sven Knüppel, Marie-Christine Boutron-Ruault, Laure Dossus, Laureen Dartois, Rudolf Kaaks, Kuanrong Li, Anne Tjønneland, Kim Overvad, José Quirós, Genevieve Buckland, María Sánchez, Miren Dorronsoro, Maria-Dolores Chirlaque, Aurelio Barricarte, Kay-Tee Khaw, Nicholas J Wareham, Kathryn E Bradbury, Antonia Trichopoulou, Pagona Lagiou, Dimitrios Trichopoulos, Domenico Palli, Vittorio Krogh, Rosario Tumino, Alessio Naccarati, Salvatore Panico, Peter D Siersema, Petra Peeters, Ingrid Ljuslinder, Ingegerd Johansson, Ulrika Ericson, Bodil Ohlsson, Elisabete Weiderpass, Guri Skeie, Kristin Borch, Sabina Rinaldi, Isabelle Romieu, Joyce Kong, Marc J Gunter, Heather A Ward, Elio Riboli, Heiner Boeing. Combined impact of healthy lifestyle factors on colorectal cancer: a large European cohort study. BMC Medicine, 2014; 12 (1): 168 DOI: 10.1186/s12916-014-0168-4

Pedersen L, Idorn M, Olofsson GH, Lauenborg B, Nookaew I, Hansen RH, Johannesen HH, Becker JC, Pedersen KS, Dethlefsen C, Nielsen J, Gehl J, Pedersen BK, Thor Straten P, Hojman P. Voluntary Running Suppresses Tumor Growth through Epinephrine- and IL-6-Dependent NK Cell Mobilization and Redistribution. Cell Metab. 2016 Feb 15.

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