Face au climat, l'homme sceptique

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 09/02/2011 Mis à jour le 06/02/2017
Provocateur ? Sans doute pas autant que pourrait le laisser supposer le titre de son livre Climat, mensonges et propagande. Hacène Arezki, géographe, se définit non pas comme un scientifique enfermé dans ses convictions, mais plutôt comme un chercheur à l'esprit ouvert.

Son livre se veut plus une enquête et une réflexion qu'un réquisitoire contre les « alarmistes » qui pensent inéluctable le réchauffement climatique en l'attribuant à l'activité humaine. Hacène Arezki ne nie pas, loin de là, une lente modification du climat, mais selon lui les causes sont multiples.

Vous considérez-vous comme un climato-sceptique ?

Hacène Arezki : Si l'on considère quelqu'un qui réfute la thèse selon laquelle il y a un réchauffement climatique dû a l'activité humaine, de ce point de vue-là, oui. Ce qui n'est pas synonyme d'écolo-scepticisme, dans lequel je ne me reconnais pas.

Qu'est-ce qui vous a conduit à vous engager dans ce débat ?

J'ai commencé à sérieusement douter il y a une dizaine d'années, alors que je travaillais sur la végétation du Maroc pour un mémoire de géographie. On parlait déjà du réchauffement climatique bien sûr, et je me suis aperçu, en fouillant un peu, que les sécheresses au Maghreb étaient plus sévères il y a un siècle qu'aujourd'hui, contrairement à ce qui est dit habituellement. Puis j'ai pris connaissance du travail d'un climatologue français, Marcel Leroux, décédé il y deux ans, climato-sceptique de la première heure, qui m'a convaincu. Les climato-sceptiques français étudiant le climat sont peu nombreux, mais ils existent. Ils sont peu ou pas connus car la parole ne leur est guère donnée. Contrairement à d'autres pays, comme les Etats-Unis, il y a chez nous un consensus officiel et médiatique : l'homme est responsable de l'évolution du climat, laquelle est négative.

Dans votre livre, vous n'êtes pas tendre avec un autre climato-sceptique qu'est Claude Allègre.

Son livre, « L'imposture climatique », est un peu bâclé. De plus, il a pris des libertés avec les résultats scientifiques, ce qui est hautement critiquable et injustifiable. Par ailleurs, quand il développe la théorie de l'acidification des océans, il a finalement le même comportement que les scientifiques qui défendent la thèse du réchauffement climatique dû à l'homme. II dit lui-même que c'est un livre politique. II a le mérite d'avoir permis l'existence d'un semblant de débat, mais sa personnalité rend finalement service à ceux que l'on appelle les « réchauffistes ».

Mais vous ne niez pas le réchauffement climatique, il y a des arguments irréfutables.

II est vrai que la température a augmenté depuis ce que l'on appelle le « petit âge glaciaire » que l'on situe en gros entre le xive ou xve siècle et le milieu du xixe siècle. La température moyenne globale aurait augmenté d'environ 0,8°C en un siècle. Ce chiffre est toutefois à prendre avec précaution car la reconstruction de cette variable sur un siècle à l'échelle de la Terre est délicate. Mais c'est bien la tendance.

Quelle serait la cause sinon l'homme ?

Une augmentation de l'activité solaire peut être la cause principale. C'est la théorie qui me semble la plus solide.

Vous expliquez qu'au Moyen Âge il y a eu réchauffement climatique.

C'est ce qu'on appelle l'« optimum médiéval », qui a été un phénomène mondial, maintenant assez bien documenté. Le climat était comparable à ce que nous connaissons aujourd'hui.

Était-il plus chaud ou légèrement plus frais ?

C'est difficile à dire, mais l'étude des glaciers des Alpes, par exemple, qui étaient moins importants à l’époque qu'ils ne le sont aujourd'hui, fait pencher pour la première possibilité.

Quel intérêt pour le GIEC* de réfuter ces thèses climato-sceptiques ?

Le GIEC ne les réfute pas, il les ignore plutôt. II y a une quantité d'argent phénoménale qui a été placée dans la recherche en sciences du climat pour travailler sur le réchauffement dû à l'homme. Ils ne vont quand même pas scier la branche sur laquelle ils sont assis. Je ne vois pas comment une grosse machine comme celle-ci pourrait revenir en arrière. Mais peut-être est-on en train de passer peu à peu à une autre problématique, avec la biodiversité, qui occupe de plus en plus le devant de la scène.

*Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat

Propos recueillis par Didier Piganeau (Sud-Ouest, 23 janvier 2011).

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