La mortalité juste après un infarctus divisée par trois

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 29/08/2012 Mis à jour le 10/03/2017
La mortalité 30 jours après un infarctus a été divisée par trois en 15 ansCe bénéfice est lié à un meilleure prise en chargeMais le premier infarctus touche des personnes de plus en plus jeunes

Chaque année en France, entre 130 000 et 145 000 personnes sont victimes d'un infarctus du myocarde. Mais une étude française conduite par des médecins de l’hôpital européen Georges-Pompidou à Paris vient de constater une nette diminution de la mortalité 30 jours après un infarctus, puisqu'elle est passée de 13,7 à 4,4 %. L’étude se base sur la comparaison de quatre registres dans plusieurs centres de soins intensifs en 1995, 2000, 2005 et 2010 (soit plus de 6 700 patients).

Ce résultat est attribué à plusieurs facteurs comme la diminution du délai entre les premiers symptômes et l'appel des secours. Il était de 120 minutes en moyenne en 1995, contre 74 minutes en 2010. La proportion de patients pris en charge par le Samu, est passée de 23,2 à 48,8 %. Par ailleurs, la proportion des patients ayant reçu une angioplastie (dilatation de l'artère coronaire, au moyen d'un ballonnet monté par une sonde et gonflé au niveau du rétrécissement) est passée de 51 à 25 % en 15 ans. Les traitements médicamenteux ont eux aussi évolué.

L’angioplastie a pour objectif de déboucher le plus vite possible la ou les artères coronaires obstruées. Elle ne peut se pratiquer que dans des centres spécialisés. Une autre méthode, la thrombolyse, consiste à injecter en intraveineuse des médicaments qui détruisent le caillot, mais avec le risque de favoriser une hémorragie. Cette technique est donc en recul.

L’étude a été présentée lundi 27 août 2012 au congrès de la société européenne de cardiologie à Munich et publiée en ligne par le Journal of the American Medical Association.

Cependant, cette étude ne dit rien de l’évolution de la mortalité à long terme ni du risque de récidive. Selon d’autres sources, le taux de mortalité à un an serait de 15 %.

Elle constate, de manière un peu inquiétante, que l'âge moyen du premier infarctus est passé de 66 à 63 ans et que l’incidence avant 60 ans a augmenté chez les hommes comme chez les femmes (en lien direct chez elles avec le tabagisme). L'obésité concerne 20,1 % des victimes d'infarctus, contre 14,3 % il y a 15 ans.

L’étude ne permet donc pas de confirmer que les infarctus sont moins nombreux qu’autrefois, comme le laisse penser une autre étude publiée en 2011 à partir des données de l’enquête Monica. Celle-ci estime qu’entre 2000 et 2007, le nombre d’infarctus a diminué chaque année de 5 %. L’étude se basait sur l’évolution du nombre d’infarctus dans les villes de Lille, Strasbourg et Toulouse. Entre 2000 et 2007, 25 202 cas d'infarctus ou de décès d'origine coronaire ont été recensés dans ces trois villes. Les taux d'infarctus et de décès coronariens ont diminué en moyenne de 5 % par an chez les hommes et de 6 % chez les femmes. Cette baisse concerne les trois centres, chez les hommes comme chez les femmes (mais seulement celles de plus de 54 ans), mais le sud du pays reste favorisé. Ainsi, en 2007, on recensait encore à Lille 270 cas d'infarctus pour 100 000 habitants, contre 238 à Strasbourg et 207 à Toulouse. De même pour les décès coronariens puisqu'il y en a eu cette année-là 106 pour 100 000 habitants à Lille contre 67 à Strasbourg et 55 à Toulouse.

Beaucoup reste donc à faire pour prévenir l’infarctus, à commencer par l’arrêt du tabac et la prévention du tabagisme chez les jeunes. Lors du même congrès, des chercheurs suisses ont présenté une étude appelée Sapaldia (Swiss Study on Air Pollution And Lung and Heart Disease). Elle révèle la présence de lésions vasculaires chez les jeunes adolescents fumeurs réguliers. Les auteurs ne savent pas si ces lésions disparaissent lorsqu’on arrête de fumer.

Pour les mesures efficaces contre l’infarctus, reportez-vous au livre de référence du Dr Michel de Lorgeril et de Patricia Salen, Prévenir l’infarctus et l’accident vasculaire cérébral (lire un extrait ICI  >>).

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