Un lien entre la démence et une maladie du foie

Par Marie-Céline Ray - Journaliste scientifique Publié le 15/04/2024 Mis à jour le 15/04/2024
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Une étude réalisée auprès d’anciens combattants américains a révélé que 10 % des personnes diagnostiquées avec une démence souffraient aussi d’une maladie curable du foie : l’encéphalopathie hépatique.

Le foie peut être endommagé par différents facteurs comme l’alcool, les dépôts graisseux pouvant conduire à la maladie du foie gras, et les virus de l’hépatite. Lorsque les lésions se poursuivent pendant des années, le foie cicatrise en fibrose ou cirrhose mais ne peut plus détoxifier correctement le sang.

L’encéphalopathie hépatique : une maladie du foie ayant un impact sur le cerveau

Quand le foie ne remplit plus correctement son rôle, des toxines, dont l’ammoniac, s’accumulent. Elles pénètrent dans le cerveau et interférent avec les fonctions cérébrales : c’est l’encéphalopathie hépatique, une affection qui peut être bénigne et difficile à diagnostiquer.

L’encéphalopathie hépatique conduit à des troubles du sommeil, de l’irritabilité, et quand la maladie s’aggrave, à des pertes de mémoire, une désorientation, de la confusion. Dans sa forme la plus grave, elle provoque le coma et la mort.

Une fois diagnostiquée, la maladie peut être traitée par des laxatifs pour éliminer les toxines qui s’accumulent dans l’intestin, et par un antibiotique pour tuer les bactéries intestinales qui produisent de l’ammoniac. Si la maladie est très avancée, elle justifie une greffe du foie (1).

Pour le Dr Ashwin Danda, professeur associé d’hépatologie à l’université de Plymouth, « l’encéphalopathie hépatique est plus facile à repérer et à traiter si l'on sait que la personne est atteinte d'une cirrhose. Le problème est que la cirrhose est une maladie silencieuse jusqu'à ce qu'elle atteigne des stades très avancés, lorsque le foie commence à se dégrader. L’encéphalopathie hépatique est beaucoup plus difficile à diagnostiquer dans la population générale. »

Or certains symptômes de cette pathologie - changement d'humeur et de comportement, confusion et oubli - sont également observés chez les personnes atteintes de démence. Existe-t-il un lien entre ces deux conditions ?

L’analyse des dossiers de vétérans américains

Cette étude réalisée par la Virginia Commonwealth University (Richmond) a examiné les dossiers médicaux d'anciens soldats traités par la Veterans Health Administration pendant dix ans et chez lesquels un diagnostic de démence avait été posé à au moins deux reprises (2). Plus de 175 000 personnes ont été incluses dans l’analyse.

Les chercheurs ont calculé le score FIB-4, basé sur les résultats sanguins du foie et l’âge, pour prédire les dommages au foie. 10 % des personnes avaient un score FIB-4 supérieur à 3,25, qui représente le seuil de diagnostic de la cicatrisation du foie.

Un score élevé était moins probable chez les personnes souffrant de diabète, d'hypertension artérielle ou de maladies rénales, qui sont tous des facteurs de risque de démence. Cela suggère que les personnes ayant un score FIB-4 élevé peuvent en fait souffrir d'une maladie du foie à l'origine de leurs symptômes, plutôt que de démence.

Les chercheurs ont confirmé ces résultats en examinant un autre groupe de personnes ayant fait l'objet d'une évaluation de la démence dans leur hôpital et ont obtenu des résultats similaires : 9 % présentaient un score FIB-4 élevé et une cirrhose potentielle.

Cette étude suggère qu’il faudrait vérifier la présence d'une maladie hépatique chez les personnes présentant des symptômes de démence. Pour le Dr Ashwin Dhanda, « Il s'agit probablement d'un problème croissant, car les taux de démence et de cirrhose augmentent. »

Démence, Alzheimer : des facteurs génétiques et environnementaux

La démence est une maladie causée par des lésions à long terme des fonctions cérébrales. Elle peut être due à une diminution de l'apport sanguin au cerveau en raison d'une détérioration des petits vaisseaux sanguins (démence vasculaire).

La principale cause de démence connue est la maladie d’Alzheimer, qui touche environ 900 000 personnes en France, et 15 % de la population à l’âge de 80 ans. Bien qu’il existe une part d’hérédité dans cette maladie, l’environnement joue également un rôle important, d’après l’Inserm : « Des facteurs de risque cardiovasculaires (diabète, hypertension, hyperlipidémie) non pris en charge à l’âge moyen de la vie sont par exemple associés à une survenue plus fréquente de la maladie, sans que l’on sache encore par quels mécanismes. La sédentarité est un autre facteur de risque, ainsi que les microtraumatismes crâniens constatés chez certains sportifs (comme les joueurs de de rugby ou les boxeurs) ou encore des anesthésies répétées. »

Pour en savoir plus, lire : Les premiers survivants d’Alzheimer

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