L’artémisinine : une arme anti paludisme

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 19/03/2007 Mis à jour le 21/11/2017
L’artémisinine, une plante originaire de Chine, contient l’une des seules substances encore active contre les souches de paludisme multi résistantes. Pour préserver son potentiel thérapeutique, l’OMS en coordonne la culture et l’utilisation médicamenteuse.

L’artémisinine appartient à la famille des Asteraceae, elle est utilisée en médecine traditionnelle chinoise depuis plus de 2000 ans. Mais son utilisation s’est développée pendant la guerre du Vietnam. L’armée nord-vietnamienne utilisait alors tout un réseau de souterrains. Ces tunnels récupéraient l’eau de pluie offrant aux moustiques, vecteurs du palud, un terrain propice à leur reproduction. Le problème prit une telle ampleur, que l’armée nord-vietnamienne a perdu plus de soldats par le paludisme que par les armes.

 Les Nord-vietnamiens se sont alors tournés vers la Chine pour essayer de trouver une solution. En 1967, des chercheurs militaires chinois se sont donc attelés à étudier les remèdes traditionnels à base de plantes pour essayer d’en trouver un d’efficace contre la variété de paludisme endémique au Vietnam. Ils ont assez rapidement trouvé l’armoise annuelle, dans une région de Chine peu touchée par cette maladie. Ils ont observé, qu’au premier symptôme de paludisme, les habitants de cette région buvaient une décoction d’Artemisia annua. Généralement administrée sous forme de thé, elle n’avait pas d’effet secondaire visible et semblait très efficace.

Après être retombée dans l’oubli et vu le développement de résistances aux traitements classiques à base de quinine, l’artémisinine fait son come back à la fin des années 1990. Elle a même était intronisée par l’OMS, en 2000, comme étant l’un des meilleurs espoirs médicamenteux dans le traitement du paludisme. Et de fait, les molécules dérivées de cette plante ont prouvé leur efficacité : disparition rapide du parasite dans le sang ainsi que de la fièvre caractéristique du palud.

Dès lors, les médicaments à base d’artémisinine envahissent très vite le marché mondial. Mais cette plante, cultivée uniquement en Chine, nécessite 6 mois de croissance et l’extraction et la production du produit final également 5 à 6 mois. Ce qui a conduit à des périodes de pénuries amenant l’OMS à mettre en place une stratégie pour favoriser l’extension des cultures. C’est ainsi que l’artémisinine s’est implantée en Afrique où dans certain pays elle est en passe de rivaliser avec la culture du tabac. Autre obsession de l’OMS : sauvegarder le potentiel thérapeutique du seul traitement encore efficace sur toutes les souches résistantes de plasmodium. C’est pourquoi elle vient d’interdire l’usage de l’artémisinine en monothérapie pour privilégier les médicaments associant plusieurs substances (ACT). 

Le paludisme (du latin palus, paludis, marais), appelé aussi malaria (de l'italien mal'aria, mauvais air), est une parasitose due au plasmodium, un protozoaire, transmis par la piqûre d'un moustique, l'anophèle femelle, provoquant des fièvres intermittentes. Avec 300 à 500 millions de malades et 1,5 à 2,7 millions de décès par an, le paludisme demeure la parasitose tropicale la plus importante. 80% des cas sont enregistrés en Afrique subsaharienne, où ils concernent majoritairement les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes.

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