Les sodas alimentent l'épidémie d'obésité

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 18/09/2006 Mis à jour le 11/04/2017
 

Les sodas ont-ils alimenté l'épidémie d'obésité aux Etats-Unis ? Oui, répond Frank Hu, un chercheur de l'Ecole de santé publique de Harvard (Boston, Massachusetts) après avoir revu les résultats de 30 études parues entre 1966 et 2005. Selon son étude parue dans le numéro d'août de l'American Journal of Clinical Nutrition, une cannette de boisson gazeuse par jour peut faire grossir de 6 kilos et demi une personne en une seule année. Une cannette apporte en effet 150 calories et l'équivalent de 10 cuillères à café de sucre par jour. Dépourvus de tout  intérêt nutritionnel, les sodas ont vraisemblablement augmenté aussi les risques de diabète, de fractures et d'obésité.
D'autres études n'ont pas trouvé que les sodas font grossir, mais Frank Hu reconnaît qu'il est difficile aux études individuelles d'apporter la preuve formelle de la responsabilité de ces boissons. Selon lui, les preuves cumulées depuis 40 ans sont malgré tout éloquentes et « la consommation de sodas doit être découragée. » Alors que boire ? De l'eau bien sûr !
Le cas des jus de fruits est débattu. Les 100% jus de fruits apportent des vitamines et des antioxydants non-vitaminiques (caroténoïdes, polyphénols), mais pas de fibres et des études ont montré qu'ils augmentent aussi les triglycérides, un facteur de risque cardiovasculaire. Shailesh Patel, un professeur de médecine à l'université du Wisconsin déconseille les jus : "mangez des fruits, ne les buvez pas," dit-il. Selon lui, les glucides des jus de fruits sont assimilés trop vite pour que les mécanismes de régulation de l'appétit se mettent en place. Mais il ne semble pas risqué de boire des jus de fruits de temps en temps.
Les sodas n'ont aucun effet sur la satiété. Ils contiennent soit du saccharose (surtout en Europe), qui est constitué de glucose et fructose, soit du sirop de fructose (surtout aux Etats-Unis). Le saccharose n'est pas très fréquentable, on le sait, mais le fructose pourrait l'être encore moins. L'industrie agro-alimentaire le présente comme du "sucre de fruits", une alternative naturelle au sucre blanc parce qu'il n'élève pas le sucre sanguin et ne sollicite pas l'insuline. Mais en réalité, le fructose ajouté fait baisser la leptine, une hormone impliquée dans la satiété, et favorise la résistance à l'insuline, un état physiologique qui prédispose au diabète et à la prise de poids.


Malik VS. Schulze MB, Hu FB. Intake of sugar-sweetened beverages and weight gain: a systematic review. American Journal of Clinical Nutrition. 2006;84:274-288.

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