Ce qui nous différencie de nos compagnons

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 10/08/2009 Mis à jour le 15/02/2017
On pourrait croire que les aliments que l’on donne à nos chiens et à nos chats sont formulés de la même façon que ceux que nous avons dans nos assiettes. Pourtant, ces animaux ont leurs propres besoins nutritionnels à respecter sous peine de voir apparaître des troubles osseux, cutanés ou encore de la vision.

 

Des besoins en protéines supérieurs aux nôtres

La grande différence entre l’homme et son compagnon est le besoin en protéines. Le chat étant un carnivore strict, ses besoins en protéines sont deux fois plus élevés que ceux du chien soit de l'ordre de 30 à 40 % de la ration énergétique totale.

Carnivore à tendance omnivore, le chien a besoin de moins de protéines mais elles sont tout de même très importantes pour assurer la synthèse et l’entretien des os, des muscles ou encore des structures nerveuses. Même si certains chercheurs recommandent de diminuer la ration protéique chez le chien âgé, une récente méta-analyse réalisée par des chercheurs de l’institut de recherche de Nestlé Purina Pet Care, a démontré que cette opération pouvait entraîner une augmentation de la fonte musculaire et donc contribuer à une mortalité précoce. Selon eux, malgré la réduction des apports énergétiques due à la diminution de la dépense énergétique, les besoins en protéines augmentent de près de 50%. Par conséquent, les chiens devraient recevoir à partir de 7 ans, au moins 25% de leurs besoins énergétiques à partir des protéines, c’est-à-dire au moins 7 g de protéines pour 100 Kcal. (1)

 

Des yeux de lynx grâce à la taurine

Si on vante particulièrement la vision, surtout nocturne, des chats et des félins en général, c’est parce que leur vision est 6 fois plus sensible que celle de l’homme. En outre, le regard du chat couvre un rayon de 180° contre 160° pour l’homme.

Pour jouir pleinement de sa vue, le chat a besoin d’un acide aminé, indispensable pour lui, la taurine. Une carence peut passer inaperçue jusqu’à ce que les dommages soient avancés et irréversibles (2). Si la concentration de taurine est insuffisante, les cellules rétiniennes ne fonctionnent pas correctement et peuvent même mourir, entraînant un déclin de la vision, voire la cécité. Ce trouble porte le nom de dégénérescence rétinienne centrale féline.

On recommande 10 mg de taurine par kilo de poids corporel et par jour. Si le chat reçoit une alimentation ménagère à base de viande et de poisson peu cuits, il n’a pas besoin de taurine. En revanche, la taurine est généralement détruite lors des procédés industriels. Par conséquent, il faut un apport de 1000 mg de taurine par kilo de matière dans les aliments sec (croquettes) et de 2500 mg/kg dans les aliments humides (pâtés).

La taurine est également nécessaire au bon fonctionnement des cellules du muscle cardiaque. Une carence en taurine entraîne un affaiblissement du cœur et éventuellement, une insuffisance cardiaque. Cette affection, appelée myocardiopathie dilatée, peut être mortelle.
Cet acide aminé est également indispensable à la reproduction et à la croissance. Pendant la gestation, la lactation et la croissance, il est important de maintenir un taux adéquat de taurine des femelles et des chatons pour assurer un bon développement structurel.

Nul besoin de supplémenter le chien, lui, qui en synthétise spontanément suffisamment sauf en cas de circonstances particulières comme des troubles cardiaques.

 

Un pelage doux et une peau saine grâce aux acides gras essentiels

Les lipides servent à apporter de l’énergie et à augmenter l’appétence de la nourriture mais ce n’est pas leur seul rôle. En fournissant à l’organisme des acides gras essentiels, les lipides peuvent améliorer l’état de la peau lors de maladies inflammatoires associées à un prurit. Les acides gras essentiels pour les chats sont les omégas 3 et 6 et l’acide arachidonique, qui, en cas de carence, conduisent à une peau et un pelage en mauvais état. (3)

D’un côté, une étude a montré qu’une quantité suffisante d’omégas 3 était primordiale pour assurer aux chiens et aux chats une peau saine (plus que le rapport entre omégas 6 et omégas 3) (4). Et d’un autre côté, chez des chiens déficients en acide gras essentiels, une autre étude a mis en évidence qu’une supplémentation en huile de tournesol, riche en oméga 6, améliorait la peau en cas de pathologies comme la séborrhée idiopathique. (5)

En conclusion, omégas 3 ou 6, veillez à ne pas lésiner sur ces graisses d’une importance capitale. En outre, la consommation de ces acides gras est nécessaire pour l’accomplissement d’une grossesse normale et pour diminuer le risque de mortalité chez les chatons (6).

 

De la vitamine C ? Non merci

La vitamine C n’est pas aussi importante chez l’homme que chez l’animal puisque contrairement à nous, le foie des chiens comme des chats en produit naturellement. De plus, une récente étude a prouvé que chez les chiens sains, la vitamine C n’a aucune capacité anti-oxydante et qu’elle n’améliore que très faiblement leur immunité. (7) Il n’est donc pas nécessaire de supplémenter les animaux en cette vitamine.

 

Vitamine A : un juste équilibre

La vitamine A joue un rôle essentiel pour les fonctions du corps : la vue, la santé des tissus, la croissance des os et des dents et la reproduction. Dans la rétine, cette vitamine permet aux yeux de s’adapter aux variations d’intensité lumineuse. Les carences de vitamine A chez le chat peuvent se révéler dangereuses et provoquer des troubles de la reproduction, un arrêt de la croissance, des troubles de la vision, une perte de poils ou encore une baisse de l’immunité. Cependant attention aux excès ! Chez les chats qui mangent exclusivement du foie et d’autres abats crus, on peut observer une calcification du squelette. En effet, une consommation excessive de vitamine A peut engendrer un désordre appelé « spondylose cervicale ankylosante » caractérisé par la formation d’excroissance osseuses sur les vertèbres cervicaux. Cette affection provoque douleurs, léthargie et une boiterie persistante de l’un ou des deux membres antérieurs. Le diagnostic est aisément fait à partir de radios et on observe une évolution rapide de la situation. A moins que la toxicité ait été chronique chez de jeunes chatons, le rétablissement est généralement satisfaisant. (2)

Des chercheurs de l’université de Thessalonique en Grèce ont montré qu’un chat ayant une concentration sanguine en vitamine A de 630 g/dL soit 3 fois supérieure à la normale supérieure, présentait une atrophie de tous les muscles gauches doublée d’une paralysie. Lorsque ce chat a cessé de recevoir une nourriture à base de foie cru de porc, il s’est totalement rétabli au bout de six mois. (8)

 

Une toilette de chat

Les chats ayant l’habitude de se laver en se léchant, ils ont tendance à ingurgiter beaucoup de poils. Pour pallier ce problème qui conduit à des troubles digestifs (difficultés à éliminer les boules de poils formées dans le tube digestif), les chats ont besoin de fibres. On veillera à leur proposer un apport modéré et combiné de fibres solubles fermentiscibles (pectines, gommes, oligosaccharides) et de fibres insolubles non fermentescibles (cellulose, hémicellulose) qui faciliteront le transit intestinal.

 

Attention aux maladies rénales

En 2008, des chercheurs de l’institut de recherche Nestlé Purina Pet Care ont mis en évidence que la teneur en protéines de l’alimentation n’affectait pas les reins. En revanche, concernant des chiens ayant déjà développé des pathologies rénales, restreindre les apports de protéines comme de phosphore aurait un effet bénéfique sur l’évolution de ces affections. (1)

En effet, les maladies rénales chroniques sont la principale cause du décès chez les chiens et les chats. Les études cliniques récentes prouvent que la nutrition joue un rôle principal en améliorant l'espérance de vie ainsi que la qualité de vie. Cependant, la thérapie alimentaire ne consiste pas simplement à modifier le régime : il faut assurer un apport calorique adapté et une méthode d'alimentation définie. Il est également crucial de s’assurer que les animaux répondent convenablement à ces modifications et qu’ils aient toujours suffisamment d’eau fraîche et propre à leur portée. La gestion alimentaire doit être coordonnée avec la gestion médicale pour un traitement au succès à long terme (9).

 

Pour donner à votre animal une alimentation « naturelle » qui lui permettra de vivre longtemps et en bonne santé , lire : Toxic croquettes (LIRE UN EXTRAIT ICI >>).

 

(1) Laflamme DP. “Pet food safety: dietary protein”. Topics in Companion Animal Medicine. 2008 Aug;23(3):154-7.

(2) Hayes KC. Nutritional problems in cats: taurine deficiency and vitamin A excess. Canadian Veterinary Journal. 1982 Jan;23(1):2-5.

(3) MacDonald ML. Role of linoleate as an essential fatty acid for the cat independent of arachidonate synthesis. Journal of Nutrition. 1983 Jul;113(7):1422-

(4) 33Watson TD. “Diet and skin disease in dogs and cats.” 1998 Dec;128(12 Suppl):2783S-2789S.

(5) Campbell K. L. Clinical use of fatty acid supplements in dogs. Vet. Dermatol. 1993; 4:167-173

(6) Morris JG. “Do cats need arachidonic acid in the diet for reproduction?” Journal of animal Physiology and Animal Nutrition.” 2004 Apr;88(3-4):131-7.

(7) Hesta M. “The effect of vitamin C supplementation in healthy dogs on antioxidative capacity and immune parameters”. J Anim Physiol Anim Nutr (Berl. 2009 Feb;93(1):26-34.

(8) Polizopoulou ZS. “Hypervitaminosis A in the cat: a case report and review of the literature.” Journal of feline medicine and surgery. 2005 Dec;7(6):363-8.

(9) Elliot DA. Nutritional management of chronic renal disease in dogs and cats. The Veterinary clinics of North America. Small Animal Practice. 2006 Nov;36(6):1377-84, viii.

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