Pour des marrons résistants et savoureux

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 10/09/2008 Mis à jour le 10/03/2017
Des marrons à la fois résistants aux maladies et savoureux, c’est le projet auquel s’est attelé Maria Lafargue, chercheur à l’Unité de recherche sur les espèces fruitières et la vigne (UREFV) du laboratoire de Ressources génétiques de l’INRA de Bordeaux.

 

Quel est le but de vos recherches sur le châtaignier ?

Le châtaignier est sensible à deux maladies provoquées par des champignons et pouvant entraîner à terme la mort de l’arbre : la maladie de l’encre et le chancre. Depuis le début des années 1990, nous cherchons donc à créer des espèces de châtaigniers qui soient résistants à ces maladies tout en donnant de bons fruits.

 

Comment procédez-vous ?

Nous travaillons sur trois arbres de la famille Castanea : l’espèce européenne Castanea sativa, l’espèce japonaise Castanea crenata et l’espèce chinoise Castanea mollissima. C’est dans ces espèces asiatiques que l’on trouve des sources de résistances naturelles à ces maladies du châtaignier. Nous croisons donc ces espèces asiatiques à l’espèce européenne pour créer des hybrides contrôlés, résistants aux maladies et donnant des marrons d’une qualité gustative égale ou supérieure à celle de Castanea sativa.

 

Pourquoi ne pas essayer simplement d’implanter les espèces asiatiques en France ?

D’une part, les différentes variétés de châtaigniers sont inféodés aux régions : leur adaptation pédoclimatique (au sol et au climat) est très étroite. D’autre part, l’inconvénient majeur des espèces asiatiques est la qualité de leurs fruits. Ainsi, l’espèce crenata donne des fruits peu sucrés, s’épluchant très mal et qui donne l’impression en bouche de manger de la farine ; l’espèce mollissima est excellente, très savoureuse, s’épluchant très bien mais ses marrons sont deux fois plus petits que les variétés européennes : on dirait des billes ou des grains de raisin!

 

Votre programme de recherche a-t-il abouti à la création d’une nouvelle variété de marron ?

Il faut environ 30 ans entre la création des hybrides et l’inscription de nouvelles variétés au catalogue français des variétés. Nous n’en sommes pas encore arrivés à ce stade. Après avoir testé en laboratoire la résistance des hybrides aux deux champignons, nous avons planté ceux qui restaient dans des vergers de niveau 1 où ils ont poussé pendant 6 ou 7 ans. Les châtaigniers ont été implantés dans des stations expérimentales de Dordogne, des Cévennes et de Corse, les trois plus grandes régions productrices de marrons. Après ce laps de temps, les arbres ont commencé à donner suffisamment de fruits. Nous les avons donc testés et goûtés avec des producteurs des différentes régions. Une vingtaine de variétés ont été retenues pour être plantées dans des vergers de niveau 2 pendant une dizaine d’années. Ce n’est qu’après cette étape, que les variétés de marrons à la fois résistantes aux maladies et de qualité au moins égale ou supérieure aux marrons européens ou aux hybrides déjà catalogués pourront être inscrites sur le catalogue.

 

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