Aux USA, plus il y a de complications postopératoires, plus les hôpitaux sont rentables

Par Thierry Souccar - Journaliste et auteur scientifique, directeur de laNutrition.fr Publié le 17/04/2013 Mis à jour le 06/02/2017
Plus les interventions chirurgicales sont suivies de complications, plus les hôpitaux sont rentables aux Etats-Unis

Les hôpitaux et cliniques des Etats-Unis effectuent chaque année des interventions chirurgicales qui représentent 400 milliards de dollars environ. Et bien que des méthodes efficaces existent pour réduire les complications, les progrès sont lents dans leur mise en œuvre. Pourquoi ? Peut-être bien pour des raisons financières. C'est ce que suggère une étude publiée dans le Journal of the American Medical Association.

Les auteurs de l’étude ont analysé des données portant sur 34256 patients ayant subi une intervention chirurgicale en 2010 dans un centre hospitalier du sud des Etats-Unis comprenant 12 unités de soin. Ils ont examiné neuf opérations courantes et dix complications sérieuses évitables et la contribution de chacune d'elles à la marge bénéficiaire de l'établissement. Au total 1820 patients (5,3%) ont connu au moins une complication ont été identifiées.

Les malades couverts par une assurance médicale privée, et qui ont des complications à la suite d'une intervention, procurent à l'hôpital une marge bénéficiaire par malade de 39017 dollars plus élevée que ceux qui n’ont aucun problème. Les patients ayant une couverture par Medicare (le système fédéral d'assurance maladie pour les plus de 65 ans, les handicapés et les personnes avec insuffisance rénale chronique terminale ou celles atteintes de la maladie de Charcot) qui ont une complication à la suite d'une intervention chirurgicale, génèrent une marge plus élevée de 1749 dollars par rapport à ceux dont la procédure s'est bien déroulée.

En revanche, pour les patients éligibles au système d’assurance Medicaid (faibles revenus) et les patients qui paient leurs soins, les complications post-chirurgicales étaient associées à des marges moins élevées que pour les malades n’ayant pas eu de complications.

Dans le centre hospitalier étudié, 40% des patients avaient une assurance privée, 45% dépendaient de Medicare, 4% de Medicaid et 6% payaient leurs soins.

« On savait déjà que les centres hospitaliers ne sont pas récompensés pour la qualité des soins dispensés mais on ignorait combien ils gagnaient quand leurs patients subissaient des complications », indique le Dr Atul Gawande, professeur de santé publique à l’Ecole de santé publique de Harvard, principal auteur de l'étude.

Les établissements hospitaliers qui feraient des efforts pour réduire le taux des complications chirurgicales, dont les dix plus courantes sont évitables, verraient ainsi leurs performances financières se dégrader considérablement, expliquent les auteurs.

« La diminution des préjudices pour les patients et l’amélioration de la qualité des traitements sont pénalisés de manière perverse dans notre système de soins », dit le Dr Sunil Eappen, du Massachusetts Eye and Ear Infirmary de Boston, un des co-auteurs de cet article.

Lire aussi sur ce sujet : Pr Claude Béraud auteur de Trop de médecine, trop peu de soins : La fin des illusions médicales ?

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