Comment les oméga-3 favorisent les fonctions cérébrales

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 18/08/2014 Mis à jour le 10/03/2017
Des chercheurs français expliquent le mécanisme par lequel les acides gras polyinsaturés favoriseraient la santé cérébrale.

Les oméga-3 sont bons pour le cerveau ; oui, mais comment l'expliquer ? Dans un article paru dans Science, des chercheurs français ont mis en évidence l’action des acides gras polyinsaturés comme les oméga-3 sur les membranes cellulaires. Ceux-ci leur permettraient de mieux se déformer ; un avantage certain pour les neurones.

Les acides gras oméga-3 n’étant pas fabriqués par l’organisme, ils doivent être apportés par l'alimentation : soit sous la forme du précurseur, l'acide alpha-linolénique (dans les huiles de colza, de lin, les noix...) qui est ensuite transformé en acides gras à longues chaînes EPA et DHA, soit directement sous la forme d'EPA et DHA en mangeant des coquillages, crustacés, poissons gras (saumon, maquereau, hareng, sardines...), voire par des compléments alimentaires. La consommation d’acides gras polyinsaturés oméga-3 favoriserait la santé cérébrale mais aussi celle du système cardiovasculaire.

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Dans cet article, des chercheurs de plusieurs unités de recherche basées à Nice, Paris et Poitiers, ont travaillé sur les phospholipides membranaires : des lipides présents dans les membranes cellulaires et qui sont formés à partir d’acides gras. Ils se sont intéressé aux effets de phospholipides polyinsaturés sur des membranes naturelles ou artificielles. Les phospholipides avec des chaînes polyinsaturées sont particulièrement présents dans certaines structures cellulaires comme les vésicules synaptiques. Ces vésicules servent au transport des neurotransmetteurs au niveau des synapses, là où le message nerveux se transmet d'un neurone à l'autre.

Les chercheurs ont montré que les phospholipides possédant des chaînes polyinsaturées facilitaient la déformation et la coupure des membranes. Or, les membranes cellulaires ont parfois besoin de se déformer et se couper pour former des vésicules lors du mécanisme d’endocytose (transport de molécules vers l'intérieur de la cellule). C'est justement ce qui se passe au niveau des neurones où les vésicules synaptiques transportent les neurotransmetteurs vers la synapse, puis se reforment  rapidement pour recycler le neurotransmetteur.

Lorsque des acides gras polyinsaturés sont présents dans les phospholipides membranaires, la membrane cellulaire se déformerait mieux, la vitesse d’endocytose est accélérée. Ceci est particulièrement vrai dans des conditions avec peu de cholestérol, une molécule qui sert aussi à fluidifier les membranes. Des mesures biochimiques ont aussi montré que les phospholipides polyinsaturés adaptaient leur conformation dans l’espace à la courbure de la membrane.

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Enfin, les phospholipides polyinsaturés augmentaient aussi la capacité de deux protéines - la dynamine et de l’endophiline- à déformer et couper les membranes.

Par conséquent, la présence de chaînes polyinsaturées dans les membranes réduirait le coût énergétique de la déformation des membranes. Ceci favoriserait une endocytose rapide et efficace dans les neurones et un meilleur recyclage synaptique. Dans le cerveau, ces lipides stimuleraient donc les fonctions cognitives.

Le livre : Un cerveau au top, de Bernard Doutres (LIRE UN EXTRAIT ICI >>)

M. Pinot, S. Vanni, S. Pagnotta, S. Lacas-Gervais, L.A. Payet, T. Ferreira, R. Gautier, B. Goud, B. Antonny et H. Barelli. Polyunsaturated phospholipids facilitate membrane deformation and fission by endocytic proteins. Science ; 8 août 2014.

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