Des substances chimiques responsables de dérèglements de la thyroïde

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 27/01/2010 Mis à jour le 06/02/2017
Une substance chimique, très présente dans nos intérieurs, augmenterait le risque de maladie de la thyroïde, selon une récente étude britannique.

Pourquoi votre canapé serait-il dangereux pour votre santé ? Tout comme votre moquette ou votre poêle antiadhésive, il renferme peut-être de l’acide perfluorooctanoïque (PFOA) et du sulfonate de perfluorooctane (SPFO), deux substances chimiques qui pourraient être responsables de dérèglements des hormones thyroïdiennes, selon une nouvelle étude.

Le PFOA et le SPFO, composés perfluorés qui repoussent l’eau et les graisses, sont utilisés pour la fabrication des poêles antiadhésives. On les trouve aussi dans certains emballages alimentaires, des textiles imperméabilisés, des moquettes traitées antitaches. Leur durée de vie dans l’environnement et l’organisme est estimée à environ 10 ans. Le PFOA est suspecté d'être un perturbateur endocrinien.

La thyroïde est une glande qui régule le métabolisme des cellules de notre corps. Entre autres, les hormones thyroïdiennes augmentent la consommation d'oxygène par les cellules et permettent de fabriquer de l'énergie.

L’étude a analysé les taux sanguins de PFOA et de SPFO de 3974 volontaires. Ils les ont comparés aux taux de survenue de dérèglements thyroïdiens chez ces personnes.

Les chercheurs de l’université d’Exeter (Royaume-Uni) ont observé que les personnes qui avaient les taux de PFOA dans le sang les plus élevés (plus de 5,7 ng/mL) avaient deux fois plus de risques de développer une maladie de la thyroïde, par rapport à celles qui avaient les taux les plus bas (moins de 4 ng/mL).

Les hommes qui avaient les taux de SPFO dans le sang les plus élevés (supérieurs à 36,8 ng/mL) étaient aussi plus à risque que ceux ayant des taux faibles (moins de 25,5 ng/mL). Par contre, ils n’ont pas remarqué d’association entre le SPFO et les maladies thyroïdiennes chez les femmes.

« On a cru que, parce qu’ils sont biologiquement inertes, le PFOA et le SPFO n’entraînent pas de problèmes de santé, mais nous commençons à avoir des preuves qui suggèrent que ce n’est pas le cas, explique Tamara Galloway, professeur de toxicologie à l’université d’Exeter et auteur de l’étude. Justement parce qu’ils sont inertes, ils restent et s’accumulent dans l’environnement, le corps humain et dans celui des animaux. »

En 2007, l'association de consommateurs « UFC Que Choisir » de Caen a interrogé l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) sur les risques potentiels pour la santé liés à la présence résiduelle d'acide perfluorooctanoïque (PFOA) dans les revêtements antiadhésifs d'ustensiles de cuisson. Dans l'avis qu'elle a rendu le 27 juillet 2009, l'Afssa considère ce risque « négligeable ». Le 30 septembre 2009, le réseau Environnement Santé, composé d’associations, d’ONG, de scientifiques et de professionnels de santé, avait demandé l’arrêt de l’utilisation de cette substance.

Lire à ce sujet notre article Faut-il jeter les ustensiles antiadhésifs ? Lire également notre dossier sur la pollution intérieure.

Melzer D, Rice N, Depledge MH, Henley WE, Galloway TS 2010. Association Between Serum Perfluoroctanoic Acid (PFOA) and Thyroid Disease in the NHANES Study. Environ Health Perspect. Research Article, published 20 janv. 2010 doi:10.1289/ehp.0901584

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