La qualité du sommeil est programmée dans les premières années de vie

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 05/05/2008 Mis à jour le 06/02/2017
Les premières années de la vie joueraient un rôle crucial dans la régulation de notre sommeil. C’est ce que montre, au moins chez les souris, une nouvelle étude publiée dans la revue du Journal of Neuroscience.

Des chercheurs de l’Institut nationale de la santé et de la recherche médicale (Inserm) viennent de montrer que les premiers moments de la vie seraient essentiels pour le bon fonctionnement du cerveau et interviendraient dans la régulation du sommeil.

Comment sont-ils parvenus à ces conclusions ? On sait que le dysfonctionnement de la sérotonine, un neurotransmetteur présent dans le cerveau, entraîne des troubles du sommeil. Les chercheurs ont étudié l’impact d’un dérèglement sérotoninergique pendant les premières années de bébés souris pour voir si ce phénomène était observé au début de leur développement.

Pendant l’expérience, les chercheurs ont donc perturbé le fonctionnement de la sérotonine du cerveau chez ces bébés souris en leur administrant un antidépresseur inhibiteur de la recapture de la sérotonine (ISRS). Ce traitement lutte contre un déficit sérotonine en augmentant artificiellement son taux. Actuellement, c’est le plus utilisé pour lutter contre la dépression.

Résultat : l’administration d’un antidépresseur à des bébés souris pendant 15 jours après leur naissance, induit plus tard quand ils sont adultes un sommeil fragmenté, instable et peu récupérateur. Ces troubles du sommeil s’apparentent à ceux observés lors d’une phase de dépression.

« Ces travaux nous laissent fortement penser que les trois premières semaines de la vie, chez la souris, constituent une période critique pendant laquelle s’installe et se consolide l’impact du système sérotoninergique sur l’équilibre du sommeil et des comportements émotionnels. Une fois que ce système est mis en place, il semble que l’on ne puisse plus agir sur cet équilibre de façon persistante » précise Joëlle Adrien, auteur principal et directrice de recherche à l’Inserm.

Cette étude, avec d’autres réalisées précédemment sur le même sujet, « ouvrent peut être la voie au traitement préventif de troubles du sommeil en cas d’atteinte génétique du système sérotoninergique et soulignent la nécessité d’évaluer les effets long terme du traitement antidépresseur chez l’enfant et pendant la grossesse » concluent les auteurs.

Céline Soleille

Popa D, Lena C, Alexandre C, Adrien J., Lasting syndrome of depression produced by reduction of serotonin uptake during postnatal development: evidence from sleep, stress and behaviour, J Neurosci 2008, DOI 28: 3546-3554.

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