Ils ont le goût du sucre, sans les calories, et malgré tout ils n’arrivent pas à berner le cerveau : les édulcorants ne seraient pas capables d’activer certaines régions cérébrales comme le font les glucides. C’est ce que montre une petite étude néo-zélandaise parue dans la revue Appetite.
Les édulcorants comme l’aspartame ou le sucralose sont des produits sucrants parfois présents dans les produits allégés ; ils apportent moins de calories que le sucre. Leurs risques potentiels, comme les effets sur le contrôle de la glycémie, ont été souvent rapportés.
Dans cet article, les chercheurs ont étudié l’effet de solutions au goût sucré sur le cerveau grâce à l’imagerie cérébrale (IRM). 10 personnes ont dû se rincer la bouche avec 3 solutions différentes, avant de faire un petit exercice avec la main. Les boissons testées étaient soit une solution de glucides sucrée, soit une solution au goût sucré mais sans glucides, soit une solution non-sucrée et sans glucides.
Résultats : Quand les participants gardaient dans la bouche la solution contenant des glucides, certaines régions cérébrales associées à la sensation (vision) et la performance musculaire étaient plus activées. Les régions du système limbique associées avec la récompense étaient aussi significativement plus actives avec la solution de glucides. Les glucides présents dans la bouche, avant même d’être absorbés, enverraient donc un signal d’activation au cortex sensorimoteur pendant l’activité physique. Ce signal serait indépendant du goût sucré.
Pour Nicholas Gant de l’université d’Auckland, la bouche est un organe sensoriel capable « de distinguer des glucides d’édulcorants artificiels quand les deux goûts sont identiques». Des récepteurs présents dans la bouche doivent intervenir dans ce processus.
Ceci expliquerait pourquoi les sportifs répondent immédiatement aux glucides : ils peuvent subitement reprendre des forces immédiatement après avoir bu une solution de glucides, avant même que les glucides soient convertis en énergie : « Il devient évident que le cerveau en sait beaucoup plus sur les aliments que nous ingérons que notre seule perception de leur goût ».
Ceci suggère aussi que certains désordres nutritionnels, comme la boulimie, pourraient être liés à un problème de signalisation entre la bouche et le cerveau.
Source
Turner CE, Byblow WD, Stinear CM, Gant N. Carbohydrate in the mouth enhances activation of brain circuitry involved in motor performance and sensory perception. Appetite. 2014 May 21;80C:212-219. doi: 10.1016/j.appet.2014.05.020.