Le suicide n’est pas réservé aux pauvres

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 17/12/2007 Mis à jour le 06/02/2017
Etre riche et intelligent ne protègerait pas du désespoir et pourrait même favoriser le risque de suicide. C’est la conclusion surprenante d’une étude danoise publiée dans la revue « Archives of General Psychiatry ».

Esben Agerbo et ses collaborateurs de l’université de Aarhus ont analysé les données concernant près de 100 000 patients admis dans un hôpital psychiatrique danois entre 1981 et 1998 et tenté de vérifier s’il existait un lien entre risque de suicide des patients et leur niveau socio-économique.

Résultat : risque de suicide et revenus des patients sont intimement liés. Selon les calculs du docteur Agerbo, les patients hospitalisés dont les revenus avant hospitalisation étaient les plus faibles ont un risque de suicide diminué de 32% par rapports à ceux dont les revenus étaient les plus élevés. Et les chômeurs ont un risque diminué de 15% par rapport aux personnes travaillant à plein temps.

Le niveau d’éducation jouerait également un rôle puisque les scientifiques calculent que les personnes qui ne sont pas allées au-delà du BEPC ont 46% de risque en moins d’attenter à leurs jours par rapport à ceux qui ont fait des études supérieures.

Autre surprise : même si, comme on pouvait s’y attendre, les veufs ont un risque légèrement plus élevé que les personnes vivant en couple de se suicider, les personnes divorcées et celles qui ne se sont jamais marié ont, elles, un risque de suicide plus faibles que les personnes mariées.

Les calculs de son équipe confirment cependant que la perte d’un emploi, de ses revenus, de son époux ou de son épouse en raison d’un décès ou d’un divorce augmentent fortement le risque qu’a une personne de mettre fin ses jours.

« Le risque de suicide est généralement associé à des faibles revenus, au chômage, à l’échec scolaire, à la solitude, mais cette étude suggère que c’est l’opposé chez les patients hospitalisés dans les services de psychiatrie » commente Esben Agerbo. Comment expliquer cette contradiction ? Pour le chercheur, les personnes hospitalisés en raison de troubles mentaux font souvent l’expérience douloureuse d’une perte de statut social. « Les plus riches, ceux qui avaient un emploi et un conjoint, sont ceux qui se sentent les plus stigmatisés et les plus honteux d’avoir un problème psychiatrique ».

Véronique Molénat

Esben Agerbo, High Income, Employment, Postgraduate Education, and Marriage: A Suicidal Cocktail Among Psychiatric Patients, Arch Gen Psychiatry, Dec 2007; 64: 1377 - 1384.

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