Les antidépresseurs sont trop souvent prescrits

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 20/12/2011 Mis à jour le 10/03/2017
Les antidépresseurs sont inefficaces et inutilement prescrits dans les dépressions légères.

Une nouvelle méta-analyse menée par des chercheurs Allemands confirme d'anciens résultats: les antidépresseurs sont inutiles et inefficaces dans les dépressions légères. Leur analyse porte sur 8 études contrôlées.

Ces résultats ne sont pas surprenants mais s'opposent fortement à la réalité. En effet, depuis 1990, l'utilisation d'antidépresseurs a augmenté de plus de 400% dans les pays riches comme les Etats-Unis. Ce type de psychotrope est le troisième médicament le plus prescrit dans le pays entre 2005 et 2008 d'après le CDC (Centre de contrôle et de prévention des maladies). Parallèlement les dépressions n'ont, bien entendu, pas augmenté de 400%.

En France on pourrait croire à une surprise mais non: les recommandations de l'Agence Francaise de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé (AFSSAPS), déjà établies et révisées en 2006, indiquent clairement que les antidépresseurs doivent être réservés à l'utilisation chez les patients atteints de dépression majeure sévère. Les dépressions majeures légères doivent être soignées en priorité par d'autres stratégies telles que la psychothérapie qui ont fait la preuve de leur efficacité (contrairement aux médicaments). L'usage est également déconseillé dans tous les autres troubles de l'humeur.

Alors pourquoi continue t'on à prescrire autant d'antidépresseurs?

Dans les années 1980, les nouveaux antidépresseurs dits "inhibiteurs de la recapture de la sérotonine" furent présentés dans les médias comme "la pilule du bonheur" sans effets secondaires. On imaginait alors tous les Francais prenant leur pilule et atteignant le Nirvana à chaque petit déjeuner. La vulgarisation totale de ces médicaments (dont l'efficacité est parfois moindre que d'autres antidépresseurs existants depuis plus longtemps) a contribué à leur donner une image salvatrice. Si les idées ont évolué, ce n'est qu'en partie puisqu'il existe parfois une demande claire du patient au médecin pour obtenir un tel produit lorsqu'il se sent déprimé.

La faute aux médecins?

Oui et non. Les médecins subissent également une certaine pression de la part des laboratoires pharmaceutiques pour prescrire ces molécules désinhibitrices. Les effets secondaires existent mais restent beaucoup plus faibles qu'avec des produits d'ancienne génération, ce qui suffit à faciliter les prescriptions. Les médecins devraient donc prendre du recul par rapport à ce type de prescription et orienter plus souvent l'aide vers l'écoute ou une consultation de psychothérapie, se conformant ainsi à l'AFSSAPS.

Pour aller plus loin : Antidépresseurs, mensonges sur ordonnance (Guy Hugnet)

 

Référence: Hegerl U, Schönknecht P, Mergl R. Are antidepressants useful in the treatment of minor depression: a critical update of the current literature. Curr Opin Psychiatry. 2012 Jan;25(1):1-6.

A découvrir également

Back to top