Malbouffe et malnutrition tuent plus que tabac, alcool et SIDA réunis

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 10/10/2016 Mis à jour le 10/03/2017
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Un rapport d'experts internationaux invite les dirigeants à mieux prendre en compte les problèmes de qualité des aliments.

Certes, des progrès ont été faits au cours des dernières décennies pour réduire la faim dans le monde ; elle toucherait actuellement encore une personne sur dix. Ceci a permis de réduire la mortalité pour des millions de familles. Mais tandis que 795 millions de personnes souffrent toujours de la faim, une personne sur trois dans le monde est considérée comme mal nourrie. Deux milliards de personnes manquent de micronutriments essentiels comme le fer, le zinc, la vitamine A.

Les conséquences de la malnutrition et de la sous-nutrition sont graves. Environ 45 % des décès d’enfants avant cinq ans sont liés à la sous-nutrition et 12 % des décès seraient liés à un allaitement non-optimal.

La malnutrition conduit à une alimentation de mauvaise qualité qui n’apporte pas suffisamment de calories, vitamines, minéraux ou bien qui apporte trop de calories, de glucides de mauvaise qualité, de sel et de sucre. Or les maladies liées à une mauvaise alimentation sont elles aussi à la hausse : diabète, hypertension, surpoids… Dans ces 20 prochaines années, dans des pays comme le Nigéria ou l’Ethiopie, le nombre de cas de diabète devrait doubler.  Cette mauvaise alimentation pourrait aussi aggraver les symptômes de maladies infectieuses comme le VIH, le paludisme ou la rougeole. D'après les experts internationaux, les maladies liées à la malnutrition ont un impact plus important sur la santé que le tabac, l’alcool et les rapports non-protégés réunis.

Les prévisions du Global Panel on Agriculture and Food Systems for Nutrition pour les années à venir ne sont guère optimistes. Son rapport paru en septembre 2016 prévoit que le surpoids devrait doubler en Chine dans les 20 prochaines années, par rapport à 2005 ; la part d’adultes obèses ou en surpoids en Chine devrait atteindre 50 % en 2030. Dans le monde, le nombre de personnes obèses ou en surpoids devrait passer de 1,33 milliard en 2005 à 3,28 milliards en 2030, soit un tiers de la population mondiale. En même temps, le nombre de personnes qui ne consomment pas assez de calories serait de 653 millions en 2030 (795 millions en 2015).

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Alors que la population mondiale devrait continuer à augmenter, les Etats doivent trouver des solutions pour apporter suffisamment de nourriture de bonne qualité à tous. Le panel d’experts suggère que l’accès à des aliments de bonne qualité soit facilité. Cela implique une politique en faveur d’une agriculture qui produise de la qualité plutôt que de la quantité. Le rapport souligne également que l’augmentation des revenus de la population n’est pas le gage d’une amélioration de la qualité de son alimentation.

Enfin, le réchauffement climatique aura aussi un impact négatif sur la qualité nutritionnelle des productions agricoles (céréales, légumineuses…). La lutte contre le réchauffement climatique s'inscrit donc également dans une politique favorable à la santé humaine.

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Source

Food systems and diets. Global Panel on Agriculture and Food Systems for Nutrition. Septembre 2016.

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