Blé et lait augmentent ? Changeons de régime !

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 24/10/2007 Mis à jour le 10/03/2017
La bonne réponse à l'augmentation des cours du blé et du lait, ce n'est pas dépenser plus pour son pain et ses yaourts, c'est changer de régime alimentaire.

Voilà une situation que le regretté Dr Jean Seignalet aurait observée avec intérêt : les prix du blé et du lait flambent. Il s’agit des deux aliments qu’il avait identifiés comme principaux responsables de l’épidémie de maladies auto-immunes à laquelle les pays développés – et maintenant les pays émergents – sont confrontés. L’augmentation des cours du blé et du lait, et les ondes de choc qu’elle adresse, révèlent le degré d’addiction dans lequel nos sociétés se sont emprisonnées, alors que ces deux aliments ne sont consommés (comme le sel et le sucre) que depuis le néolithique, il y a moins de dix mille ans, c'est-à-dire hier. On pense bien sûr à la place omniprésente des produits de panification, pain, biscuits, pizzas, quiches. Mais aussi aux aliments d’origine animale : il faut 2 kg de céréales (blé et maïs) pour produire 1 kg de poulet, et près de 3,50 kg de céréales (blé, orge, maïs) pour 1 kg de viande de porc. Le 5 septembre dernier, à Rouen, premier port d'exportation des céréales de l'Union, le blé est passé au-dessus de la barre symbolique des 300 euros la tonne sur le marché européen à terme. Depuis, à en croire les medias, le ciel nous est tombé sur la tête.

 

Energies alternatives

Sauf que, pendant plus de sept millions d’années, l’espèce humaine s’est développée sur un mode alimentaire excluant totalement blé et lait. C’est encore le cas de pans entiers de la population humaine, à commencer par l’Asie. L’inquiétude du gouvernement chinois face à la hausse des cours du blé et du lait, deux aliments inconnus dans ce pays il y a encore une à deux décennies, en dit long sur le succès désormais planétaire du mode alimentaire occidental. De Pékin à New-Delhi le monde veut désormais manger du pain, de la viande d’élevage et les yaourts dont Danone a promis d'inonder la planète.

En réalité, la hausse des cours du blé et du lait pose exactement les mêmes problèmes à notre société que celle des cours du pétrole, une autre denrée «énergétique ». Elle devrait susciter en toute logique les mêmes réponses : consommer moins, développer des sources d’énergie alternatives. Pourtant, ce n’est pas ce qui se passe. Autant la hausse du pétrole agit sur les gouvernements de la planète comme un aiguillon pour selon le cas s’équiper de centrales nucléaires ou accélérer l’implantation des énergies renouvelables, autant la hausse du blé et du lait est vécue comme une calamité qui n’appelle d’autre solution que celle de meugler ou enfouir la tête dans le limon fertile de la Beauce. En Italie, plusieurs associations ont certes appelé à faire « la grève des pâtes » mais ce n’était que pour inciter le gouvernement et les producteurs à prendre des mesures pour préserver cette institution nationale. D’ailleurs la grève n'a guère été suivie.

Il faut dire que les sociétés de l’agro-business et le marais des médecins nutritionnistes et diététiciens les plus conservateurs voudraient nous faire croire qu’un régime pauvre en blé et en laitages n’est ni sain, ni supportable. Qu’ils aillent raconter ces sottises aux centenaires d’Okinawa, recordmen de la longévité sur Terre, eux qui n’ont jamais consommé ni de l’un ni des autres.

 

Changer sans risque, manger sans crainte

Tout comme l’augmentation du prix du pétrole, la situation actuelle pénalise incontestablement les économies des pays émergents. Mais elle représente aussi une occasion historique de réduire la place du blé et des laitages dans notre alimentation : mangeons-en moins, et choisissons des produits de qualité. Un kilo de pain ou de lait transformé coûte aujourd’hui autant sinon plus qu’un kilo d’un bon nombre de fruits, légumes, légumes secs. Avec un peu de créativité, en arpentant les marchés, en expérimentant, on peut diminuer de manière significative sa consommation familiale. On peut sans risque renoncer au lait (et au bol de céréales) du matin, à la plupart des yaourts et garder le plaisir occasionnel d’un bon fromage fermier. Tout cela, non seulement c’est possible, mais c’est probablement bon pour votre santé. Je sais : les nutritionnistes vont certainement agiter l’épouvantail du calcium et des os. La réponse est simple. Il n’existe aucune preuve qu’en remplaçant tout ou partie des laitages par des fruits, légumes, légumes secs on met en péril sa santé osseuse, au contraire. Les céréales de leur côté sont très acidifiantes et de nombreux chercheurs pensent qu’un régime moins riche en laitages et blé, plus riche en fruits et légumes est bon pour les os.

Le lait et le blé montent ? N’allez pas enrichir les gros propriétaires des plaines à blé, les opulentes coopératives laitières et les richissimes transformateurs de l’agro-business. Donnez vos euros aux maraîchers, aux petits producteurs, fermiers et éleveurs indépendants qui font vivre les saveurs et respectent l’environnement : le nôtre commun, et le vôtre intime.

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