Paul Lachance : « Ceux qui disent que nous avons besoin de moins de vitamines parce que nous consommons moins de calories ont tort »

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 17/03/2010 Mis à jour le 17/02/2017
Paul Lachance, professeur de nutrition à l’université Rutgers (New Jersey), est l'un des meilleurs spécialistes mondiaux. Il a participé à plusieurs reprises à la fixation des apports conseillés en vitamines et minéraux pour la population américaine.

LaNutrition.fr : Etes-vous satisfait du niveau des apports conseillés en vitamines en France et aux Etats-Unis ?

Paul Lachance : Je suis convaincu que ce qui est important, c’est la capacité antioxydante d’une alimentation. Je revendique des valeurs encore plus élevées de vitamine C car il faut au moins 220 à 250 mg par jour de cette vitamine pour saturer le corps. De plus, si on analyse l’alimentation idéale préconisée pour prévenir cancer et maladies cardiovasculaires, les valeurs devraient être d’au moins 220 mg par jour.

Je pense que les quantités en acide folique devraient atteindre 600 µg par jour chez les femmes enceintes et se rapprocher ainsi des valeurs Américaines. Je ne comprends pas pourquoi les Français n’ont pas tiré parti de nos erreurs. Les apports conseillés étaient passés aux Etats-Unis de 400 µg en 1980 à 260 µg en 1989 avec pour conséquence des anomalies lors de la formation du tube neural chez l’embryon, davantage de naissances prématurées et de nourrissons de trop faible poids. C’est un problème crucial lorsqu’on sait que la fermeture du tube neural a lieu alors même que la jeune femme n’a que deux semaines de retard dans ses règles ! Il est alors trop tard pour prévenir ces problèmes !

L’enrichissement en folates de la farine depuis 1998, apportant au minimum 115-135 microgrammes par jour n’est même pas suffisant pour que les femmes atteignent leur apport de 400 µg !


Nous consommons moins de calories que nos ancêtres. Avons-nous besoin de moins de vitamines ?

Ceux qui disent que nous avons besoin de moins de vitamines parce que nous consommons moins de calories ont tort, puisque nous avons été conduits à recommander des valeurs plus élevées pour l'acide folique, le calcium etc. Il y a quelques années, j’ai défendu l’idée qu’il y avait une relation plus forte entre les vitamines et le métabolisme des protéines qu’entre les vitamines et le métabolisme énergétique. La seule vitamine associée à la consommation énergétique est la thiamine (vitamine B1) mais la B6 est impliquée dans des réactions cruciales qui font appel aux acides aminés, donc aux protéines. Toutes ces réactions qui dépendent de la vitamine B6 exigent aussi la présence de magnésium. D’autres réactions dont dépendent la santé cardio-vasculaire (pour réduire l’homocystéine) impliquent les vitamines B6, B12, B9 et le magnésium. Ce que je veux dire, c’est que lorsqu’on débat de nutriments pris un par un on fait preuve de ce que j’appelle la « nutrition en tunnel ».


Une alimentation « variée et équilibrée » couvre-t-elle les besoins en vitamines, minéraux, acides gras… ?

Une « alimentation équilibrée » sera toujours un idéal qu’actuellement peu de consommateurs atteignent. Aux Etats-Unis, seulement 22% de la population mange effectivement les 5 portions quotidiennes de fruits et légumes. La seconde source la plus importante de vitamine C pour les américains sont les pommes de terre, principalement les frites. Et la plupart des femmes n’atteint pas les valeurs de la vitamine E, à moins qu’elles ne consomment régulièrement des noix et des noisettes...

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