Dans le Guide du chasseur-cueilleur égaré au 21ème siècle, Heather Heying et Bret Weinstein examinent notre vie moderne avec leur regard de biologistes de l’évolution. Une lecture stimulante et provocante. Entretien avec les auteurs.

Albert Iron : Il y a quelques années les producteurs du pruneau d’Agen nous ont demandé de réaliser deux études pour déterminer le rôle nutritionnel du pruneau, un fruit relativement mal connu à l’époque. La première, essentiellement bibliographique visait à compiler les données existantes sur les caractéristiques nutritionnelles du pruneau. La deuxième était une étude d’intervention sur des volontaires sains.
Nous voulions situer le pruneau par rapport aux autres fruits riches en fructose, aux autres fruits riches en fibres et calculer son index glycémique (IG), c’est-à-dire son impact sur la glycémie (le taux de sucre sanguin). Nous avons fait manger du pain blanc (l’équivalent de 50 g de glucose à 8 volontaires sains (des étudiants en médecine) et nous avons mesuré leur glycémie dans les heures qui suivaient l’ingestion. 2 jours plus tard, nous avons fait de même avec 150 g de pruneau (soit 50 g de glucose). Nous avons pu ainsi établir un IG de 75 pour le pruneau. (1)
Le pruneau contient 49 g de glucides pour 100 g (dont 24 g de glucose), sa teneur en sucres est donc très élevée. Or son index glycémique, s’il est relativement élevé, montre néanmoins que le pruneau grâce à sa richesse en fructose possède un effet d’épargne d’insulino-sécrétion (l’insuline est l’hormone sécrétée par le pancréas pour réguler le taux de sucre sanguin). Il ne provoque pas, à l’inverse du glucose, de pic brutal de la glycémie, ni, plus tard, d’hypoglycémie par rebond. Nous avons aussi établi qu’une consommation importante et prolongée de pruneaux (250 g par jour pendant 22 jours) ne troublait pas le métabolisme des glucides et permettait aussi de limiter la réponse insulinémique de l’organisme.
Comme le fructose est très rapidement utilisable par l’organisme et que le pruneau permet un maintien de la glycémie, ce fruit s’avère particulièrement intéressant pour les sportifs. D’ailleurs ces derniers n’ont pas attendus le résultat de nos études pour garnir leurs besaces de pruneaux. En revanche, on ne peut raisonnablement pas préconiser le pruneau pour corriger des troubles glucidiques.
(1) D’autres chercheurs ont trouvé des IG plus bas, donc plus favorables, allant de 29 à 53. NDLR
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Pascal Picq est maître de conférences au Laboratoire de paléoanthropologie et préhistoire du Collège de France (Paris). Il raconte comment, dès l’origine, l’alimentation a façonné l’évolution de l’homme.
Dans un nouveau livre, Christian Rémésy propose de redonner au pain la place qu'il n'aurait jamais dû perdre. Mais un vrai pain, bien différent de la baguette. Un pain proche de celui consommé par nos ancêtres.