4 fois plus de malades d’Alzheimer d’ici 2050

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 12/06/2007 Mis à jour le 17/02/2017
Dans moins de 40 ans c'est l'Asie qui sera le continent le plus touché par la maladie d'Alzheimer.

« Le nombre de personnes affectées par la maladie d’Alzheimer s’accroît de manière alarmante, l’augmentation des coûts financiers et personnels va avoir des effets dévastateurs sur le monde économique, sur les systèmes de santé et sur les familles ». C’est ainsi que William Thies, le président de l’Association Alzheimer, a ouvert la Conférence internationale sur la prévention de la démence qui se déroule du 9 au 12 juin à Washington.

26,6 millions de personnes sont actuellement atteintes de la maladie d’Alzheimer. Des chercheurs de l’école de santé publique John Hopkins Bloomberg de Baltimore ont calculé que ce chiffre pourrait bien être multiplié par 4 d’ici 40 ans atteignant plus de 100 millions de personnes en 2050, soit une personne sur 85. C’est en Asie, ou vivent déjà la moitié des cas d’Alzheimer, que la plus forte augmentation des cas est attendue. Toujours selon cette étude, 62,8 millions de personnes seront touchées dans 43 ans.

La maladie d’Alzheimer est une pathologie très handicapante qui affecte lourdement la qualité de vie. Elle est causée par la dégénérescence de neurones situés dans certaines zones du cerveau impliquées dans la mémoire, la parole et les fonctions cognitives. Sa cause exacte est encore mal connue mais on suppose qu’elle apparaît sous l’effet conjugué de facteurs environnementaux et génétiques.

Cette neurodégénérescence se manifeste au début par de simples distractions qui vont évoluer vers des pertes de mémoire à court terme (amnésie). Progressivement vont avoir lieu un affaiblissement cognitif avec des troubles du langage (aphasie), une incapacité à effectuer certains mouvements (apraxie), des difficultés à reconnaître des individus familiers (agnosie) et des difficultés à prendre des décisions et à anticiper.

« Si nous pouvons faire des progrès même modestes dans la prévention de la maladie d’Alzheimer, ou ralentir sa progression, nous pourrions exercer une grande influence sur la santé publique mondiale » a déclaré Ron Brookmeyer, l’auteur principal de l’étude et spécialiste de santé publique. Selon ses calculs, en retardant d’une seule année le moment de la survenue des premiers symptômes de la maladie, on pourrait réduire le nombre de malades de 12 millions en 2050. Si on parvenait à retarder la survenue et à ralentir la progression de 2 années, on pourrait réduire le nombre de cas de 18 millions !

« Nous allons faire face à une épidémie globale d’Alzheimer. Chaque avancée même modeste dans la prévention d’Alzheimer ou dans le ralentissement de sa progression peut avoir un impact énorme en termes de santé publique » explique le chercheur.

Lors de la conférence de Washington, deux nouveaux tests de détection précoce ont été présentés. Le premier, mis au point par des chercheurs norvégiens, est basé sur l’analyse génétique de cellules sanguines. Il permet de détecter avec une précision de 85% les personnes à risque avant que les premiers symptômes n’apparaissent. Le deuxième test est basé sur l’association de deux techniques d’imagerie : la « tomographie à émission de positron », qui permet de mesurer le flux sanguin dans le cerveau, et l’Imagerie par Résonnance Magnétique (IRM) qui permet de connaître la taille et la forme des structures du cerveau. Selon les chercheurs américains qui l’ont mise au point, elle aurait permit d’identifier 15 personnes aux tous premiers stades de la maladie.

Selon les résultats d’une troisième étude menée sur 678 religieuses catholiques par des chercheurs de l’université de Floride du Sud, une perte de poids soudaine et inexpliquée est associée à la survenue de cette maladie. En analysant post-mortem le cerveau des nonnes, les chercheurs ont en effet pu constater chez les personnes décédées sans avoir jamais eu de diagnostic de la maladie d’Alzheimer que celles qui avaient maigri soudainement présentaient les premiers stigmates neuronaux de la maladie.

Même si elles ne constituent pas des solutions, ces dernières découvertes sont d’importance car la maladie d’Alzheimer est difficile à détecter de manière précoce. En dépistant cette neurodégénérescence aux premiers stades, on permet aux familles de patients de mieux s’organiser et on permet aux chercheurs d’avoir éventuellement le temps de mettre au point des traitements pour ralentir la progression ou pour traiter la maladie.

Véronique Molénat

Alzheimer's Association International Conference on Prevention of Dementi, 9th to 12th june 2007, Washington DC.

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