Contre le cholestérol, un vieux remède paraît révolutionnaire

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 25/01/2007 Mis à jour le 06/02/2017
Pfizer ayant annoncé l’arrêt de son torcetrapib, le médicament qui devait révolutionner la cardiologie, la médecine redécouvre une substance qui avait déjà fait ses preuves il y a 30 ans. Un remède naturel qui augmente le « bon » cholestérol. Une simple vitamine.

Nous sommes tous informés des déboires du laboratoire pharmaceutique américain Pfizer, qui vient d’annoncer une charrette de licenciements. Les problèmes de Pfizer sont multiples, mais ils ont été précipités par l’arrêt le mois dernier des essais cliniques qui portaient sur un médicament contre le cholestérol, le torcetrapib, après que les chercheurs aient relevé des problèmes cardiaques – parfois fatals chez les patients. Le torcetrapib devait être le médicament vedette de Pfizer pour les années à venir, une véritable poule aux oeufs d’or, imaginé pour révolutionner le traitement des troubles du cholestérol.

Les médicaments classiques comme les statines agissent en faisant baisser le « mauvais » cholestérol (LDL). Mais le torcetrapib agissait en augmentant le « bon » cholestérol (HDL). Pour de nombreux médecins, le médicament idéal contre le cholestérol et plus généralement les troubles cardiaques eût été une association statine-torcetrapib : moins de « mauvais » cholestérol, plus de « bon ». 

Il se trouve qu’une substance fait déjà tout cela à la fois. C’est une simple vitamine du groupe B, la niacine.

La niacine (acide nicotinique) peut augmenter le cholestérol HDL de 35%. Elle fait aussi baisser le cholestérol LDL et les triglycérides. Malgré ces états de service, la niacine n’a jamais reçu la considération qu’elle méritait des autorités médicales et des laboratoires. Il faut dire qu’elle ne coûte presque rien à fabriquer. « Nous manquons réellement de quelque chose qui augmente le HDL, » dit le Dr. Steven E. Nissen, président de l’American College of Cardiology. « Avec l’échec du torcetrapib, on s’intéresse de nouveau à la niacine. Rien d’autre aujourd’hui n’est aussi efficace. »

Dès 1975, dans une étude sur plus de 8000 hommes ayant eu un infarctus, la niacine avait été le seul traitement efficace pour prévenir un second accident. Quinze ans plus tard, le taux de mortalité des patients ayant pris de la niacine était encore inférieur de 11% à celui du groupe ayant reçu le placebo. « C’était une substance aussi efficace que les premières statines, et elle n’a jamais intéressé qui que ce soit » dit le Dr. B. Greg Brown, professeur de médecine à l’université de Washington (Seattle). « Pour moi, c’est totalement incompréhensible. Mais si vous êtes un laboratoire, il est clair qu’il n’y a pas d’argent à gagner en vendant une vitamine. »

Jusqu’ici, les traitements visaient à réduire le « mauvais » cholestérol. Mais des études récentes ont montré qu’on améliorerait la protection en faisant moner le « bon » cholestérol HDL. Après avoir analysé les résultats de 23 études portant sur plus de 83 000 patients cardiaques, des chercheurs de l’université de Washington ont conclu ce mois-ci qu’un traitement qui augmenterait le HDL de 30% et réduirait le LDL de 40% pourrait réduire le risque d’infarctus ou d’accident vasculaire cérébral de 70%. Un chiffre bien supérieur à ce que permettent aujourd’hui les statines.

Une étude dirigée par Greg Brown va bientôt démarrer aux Etats-Unis et au Canada : une partie des patients prendra une statine, l’autre une statine et de la niacine.

De son côté le laboratoire Merck teste une association niacine-statine. Une forme de niacine à libération prolongée serait associée à son médicament Zocor.

Depuis le retrait du médicament de Pfizer, les ventes de niacine aux Etats-Unis progressent. Mais cette vitamine ne doit être prise que sous surveillance médicale, en raison de troubles possibles au niveau du foie.

LaNutrition a consacré une monographie complète à cette vitamine mal connue.

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