Contre l’infarctus, faire du sport ou prendre de la vitamine C

Par Thierry Souccar - Journaliste et auteur scientifique, directeur de laNutrition.fr Publié le 04/11/2015 Mis à jour le 10/03/2017
Les suppléments de vitamine C miment certains des bénéfices de l’exercice physique chez des personnes en surpoids.

Les personnes en surpoids et obèses qui prennent un supplément de vitamine C chaque jour peuvent en retirer certains des avantages cardiovasculaires qu’apporte l’exercice… sans faire d’exercice. C’est ce que suggère une petite étude conduite à l’université du Colorado (Boulder) dont les résultats ont été présentés lors de la réunion annuelle de l'American Physiological Society à Savannah (Georgie, USA).

Dans un petit essai clinique qui a recruté des adultes sédentaires qui étaient en surpoids ou obèses, les participants à l'étude qui ont pris 500 milligrammes de vitamine C par jour ont vu une amélioration de leur tonicité vasculaire identique à celle de volontaires qui ont suivi pendant trois mois un programme de marche rapide cinq à sept fois par semaine.

Pr Balz Frei : "Nous avons besoin d'au moins 400 mg de vitamine C par jour."

Ces résultats n’ont pas encore été publiés dans une revue à comité de lecture et sont donc considérés comme préliminaires. La petite taille de l'étude - 15 personnes dans le groupe «exercice», 20 dans le groupe «vitamine C» - peut également limiter la portée de ces conclusions.

La tonicité vasculaire est un marqueur de la bonne santé de l’endothélium, un réseau monocouche de cellules qui tapisse l’intérieur des vaisseaux, soit une surface de 700 m2   pour une masse de 1,5 kilos. L’endothélium intervient dans le tonus des cellules musculaires lisses voisines. De sa capacité à se dilater et se contracter dépend la bonne santé cardiovasculaire. L’exercice modifie positivement la fonction endothéliale en augmentant sa vasodilatation.

Dans cette étude, des mesures invasives de la fonction endothéliale ont suggéré que l'exercice aérobie aussi bien que la vitamine C ont apporté des bénéfices substantiels.

Au début de l’étude, tous les sujets étaient sédentaires et en surpoids ou obèses, et tous avaient des niveaux de tonus vasculaire altérés : leurs vaisseaux sanguins ne répondaient pas aux sollicitations expérimentales avec la vigueur et la souplesse que l’on rencontre chez les adultes en bonne santé normaux.

Ce manque de tonus vasculaire déclenche une cascade d'effets nocifs, comme l'inflammation et d’autres modifications des paramètres sanguins qui favorisent la formation de caillots, à l’origine de l’infarctus. 

Les trois mois d'exercice d'intensité modérée et les trois mois de suppléments de vitamine C ont amélioré de la même manière le tonus vasculaire des volontaires. Mais la vitamine C l’a fait sans être accompagnée d’efforts physiques.

Le principal auteur de l'étude, Caitlin Dow, considère que ces résultats sont particulièrement importants pour les personnes qui ne peuvent faire d’exercice en raison de blessures ou de limitations physiques. «Mais ce n’est pas la pilule de l’exercice», corrige-t-elle, en soulignant que l’activité physique régulière semble avoir des effets plus larges que la vitamine C : amélioration de la fonction métabolique, de l'humeur et de la mémoire.

Mais si un supplément sans danger pour la plupart des gens peut atténuer certains des risques de l'excès de poids, il peut apporter de grands bénéfices, dit-elle. C’est particulièrement important dans la mesure où seule une très petite minorité des obèses réussit à maigrir durablement.

On ne sait pas encore si les bénéfices relevés chez les personnes en surpoids grâce à la vitamine C se retrouveront dans d'autres catégories de la population.

LaNutrition.fr considère depuis l’origine que les apports optimaux en vitamine C sont de l’ordre de 400 mg par jour et non 110 mg comme l’assurent les autorités sanitaires françaises. Il est assez facile de se procurer 300 à 350 mg de vitamine C par l’alimentation, en suivant les recommandations en fruits et légumes de LaNutrition.fr détaillées dans La Meilleure Façon de Manger. Le Prix Nobel Linus Pauling, pionnier de la vitamine C, estimait à la fin de sa vie que cette vitamine jouait un rôle crucial dans la prévention des maladies cardiovasculaires. Ces derniers travaux, s’ils sont confirmés, pourraient lui donner raison.

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