Faut-il croire les études sur les téléphones portables?

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 01/11/2011 Mis à jour le 10/03/2017
La dernière étude Danoise est remise en cause par des spécialistes

La récente parution des résultats de la plus grande étude sur la dangerosité du téléphone portable, l'étude Danoise, a fait grand bruit. Voir l'étude. En effet, les résultats sont contestés par nombre de spécialistes et relayés par des associations comme "Robin des toits" (Association nationale pour la sécurité sanitaire dans les technologies sans fils).

Dans l'éditorial du British Medical Journal qui accompagne cette dernière parution, deux chercheurs de l'institut de Karolinska à Stockohlm en Suède, Anders Ahlbom et Maria Feychting expliquent que cette étude présente deux avantages méthodologiques.

  • Premièrement "elle est basée sur une cohorte calculée par ordinateur qui était suivie passivement dans les enregistrements, de sorte à éviter le besoin de contacter les participants." Ainsi, les problèmes de non-réponse et les biais de sélection, qui ont pu être un problème dans les études précédentes, sont éliminés.
  • Deuxièmement, les chercheurs ont utilisé les données de souscriptions aux abonnements obtenues auprès des opérateurs, plutôt que via des questionnaires rétrospectifs auprès des utilisateurs. "Cela a permis d'éliminer le "biais de rappel" qui était présent dans les études précédentes." Mais ils soulignent toutefois que "avoir une souscription à un abonnement ne signifie pas qu'on utilise nécessairement un téléphone et, inversement, certains utilisateurs ne sont pas souscripteurs".

Néanmoins, un groupe d'experts a envoyé une réponse publique à cette étude et ils ne mâchent pas leurs mots. Denis Henshaw, professeur émérite à l'université de Bristol en Angleterre et spécialiste des radiations affirme: "Cette étude sérieusement biaisée trompe le public et les gouvernements à propos de la sécurité du téléphone portable et de son utilisation. Je considère que ses affirmations sont sans aucun intérêt."

Le plus gros biais de cette étude concernerait le groupe de "contrôle" utilisé pour comparer le risque de cancer entre utilisateurs et non utilisateurs. En effet, les chercheurs ont comparé le nombre de tumeurs au cerveau qui sont apparues entre 1990 et 2007 chez ceux qui ont commencé à utiliser un téléphone portable après 1987, avec ceux qui n'avaient pas d'abonnement au départ de l'étude. "Cela dévalue le risque car la plupart de ceux qui ont commencé l'étude en tant que "non utilisateurs" le sont devenus un peu plus tard et ont donc utilisé un téléphone presque aussi longtemps que le groupe "exposé". En conséquence, la comparaison n'est qu'une comparaison entre deux groupes exposés." affirment les experts.

De plus ils rappellent que lorsque des résultats plus anciens de l'étude Danoise avaient été publiés, le docteur Kundi et ses collègue de l'université médicale de Vienne avaient essayé de corriger le modèle mathématique en tenant compte de ces limitations et avaient alors trouvé un risque significativement augmenté de tumeurs cérébrales. Ils constatent aussi que les chercheurs de l'étude Danoise n'ont pas communiqué sur la présence d'un risque significativement plus élevé pour les tumeurs gliales (très rares) et ceci malgré le biais précédent.

Pour finir nous pouvons également soulever une question en ce qui concerne la méthode de relevé des informations d'abonnement auprès des opérateurs plutôt que chez les utilisateurs. Car si elle supprime d'un côté un biais elle met également en doute l'impartialité de l'opérateur.

Parmi la trentaine d'études épidémiologiques sur le téléphone portable, le doute est donc encore présent et une conclusion n'est pas certaine à l'heure actuelle.

Communiqué de presse du groupe d'experts: cliquez ici

Consultez aussi le dossier sur les risques des téléphones portables.

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