Huile de palme : les industriels contraints de passer au «100% durable»

Par Thierry Souccar - Journaliste et auteur scientifique, directeur de laNutrition.fr Publié le 23/12/2015 Mis à jour le 10/03/2017
Sous la pression des consommateurs et des gouvernements, les grands groupes industriels se convertissent à l'huile de palme durable.

5 gouvernements européens, Pays-Bas, Allemagne, Danemark, France et Royaume-Uni ont signé une déclaration de soutien à "l'engagement du secteur privé de s'approvisionner à 100% en huile de palme durable en Europe d'ici 2020", a indiqué mardi l'Alliance française pour une huile de palme durable, une organisation créée par des industriels de l’agro-alimentaire dont Unilever, Ferrero et Nestlé.

Cette déclaration, dite "d'Amsterdam" fait suite à l'initiative lancée en début d'année par la fédération néerlandaise des huiles et graisses (MVO) et la fondation néerlandaise IDH, avec l'appui de la ministre du Commerce extérieur et de la Coopération des Pays-Bas, Lilianne Ploumen.

L'Europe est le deuxième importateur mondial d'huile de palme et peut donc changer la donne, indiquent les cinq pays signataires, qui souhaitent notamment que la Commission européenne "facilite un dialogue annuel" entre les gouvernements, les industriels et la société civile sur ce sujet. L'Américain Kellogg a déjà annoncé qu'à compter du 1er janvier 2016, ses produits ne contiendraient que de l'huile "100% durable".

La culture de l'huile de palme est responsable chaque année de la destruction de millions d'hectares de forêts. Les industriels qui s'engagent dans l'huile 100% durable doivent se fournir auprès de producteurs qui protègent la forêt et l'environnement en général, et qui préservent les communautés humaines et les droits de l'homme. Leur huile de palme doit être totalement traçable. En pratique, ces industriels s'appuient sur des ONG de terrain. 

L’avis de LaNutrition.fr : La diminution des graisses partiellement hydrogénées dans l’alimentation a été exigée par plusieurs gouvernements pour réduire la consommation d’acides gras trans, responsables de surpoids, maladies cardiovasculaires, diabète. La conséquence ce dette diminution, c’est le recours toujours plus important des industriels à l’huile de palme. Le problème, c’est que l’huile de palme a doublement mauvaise presse. Dans l’esprit des consommateurs, elle pourrait conduire à des problèmes de santé. Par ailleurs, elle est à l’origine de déforestation massive, ce qui est inacceptable, et justifie le rejet des consommateurs. L’initiative relatée plus haut a pour but de sécuriser l’image environnementale de l’huile de palme utilisée par les industriels. Elle a un coût, mais il sera dans tous les cas moins élevé que le remplacement par d'autres types de corps gras, c'est pourquoi les industriels s'y convertissent les uns après les autres. En ce qui concerne la santé, l’huile de palme est riche en acides gras saturés, comme l’huile de coco. Cependant, consommée modérément (nous recommandons 10 à 12% d’acides gras saturés dans La Meilleure Façon de Manger), elle ne semble favoriser ni les maladies cardiovasculaires ni le surpoids, ce qui n'est pas le cas de certains aliments transformés dans lesquels elle est utilisée.

A découvrir également

Back to top