La dépression ne favoriserait pas l’apparition du cancer

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 02/10/2013 Mis à jour le 10/03/2017
Une vaste étude française conclut à l’absence de lien entre dépression et incidence du cancer.

Lorsqu’un proche se voit diagnostiquer un cancer, nous avons parfois tendance à rechercher des causes psychologiques. Pourtant, d’après une étude française à paraître dans l'American Journal of Epidemiology, symptômes dépressifs et cancer ne sont pas liés.

L’idée qu’un état dépressif augmente le risque de cancer est très présente dans l'imaginaire collectif. Or, les études épidémiologiques sur le sujet donnent souvent des résultats contradictoires. La fréquence du cancer et de la dépression augmente dans la population générale, ce qui a des conséquences tant pour la société que les familles.

Des chercheurs de l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) ont voulu savoir si l’incidence de la dépression était liée à celle du cancer. Pour cela, ils ont analysé les données de la cohorte GAZEL formée par des personnels d’EDF-GDF. 14 203 personnes en tout, dont 74 % d’hommes, ont participé à cette étude. Les absences médicales de plus de 7 jours pour cause de dépression ont été relevées entre 1990 et 1993 et les symptômes dépressifs évalués par des questionnaires en 1993, 1996 et 1999. Les chercheurs ont relevé les cas de cancer entre 1994 et 2009.

Pendant le suivi qui a duré 15 ans, 1 119 participants ont eu un diagnostic de cancer : 412 cancers de la prostate, 138 cancers du sein, 125 cancers du côlon-rectum, 128 cancers liés au tabagisme, 94 des tissus lymphoïdes et hématopoïétiques et 252 dans d’autres organes (peau, appareil urinaire…). Aucune association entre l’absentéisme pour dépression et l’incidence des cancers n'a pu être faite, sauf pour les cancers classés de la dernière catégorie (« autres organes ») pour lesquels il existait une association significative et positive.

Lorsque les chercheurs se sont intéressés aux scores de dépression et les ont comparés avec l’incidence du cancer, ils n’ont pas observé d’association, sauf pour le cancer de la prostate. Même après ajustement, une association négative entre symptômes dépressifs et cancer était retrouvée. Par conséquent, dans la grande majorité des cas, les symptômes dépressifs ne semblent pas augmenter le risque de cancer.

La force de cette étude réside dans son vaste échantillon et la longue période de suivi, mais elle présente aussi certaines limites. En effet, certains personnels d’EDF-GDF ont pu être exposés à des agents cancérogènes sur leur lieu de travail, ce qui n’a pas été pris en compte dans les résultats. De plus, il ne s’agit pas d’un échantillon représentatif de la population générale. Enfin, l’étude s’est intéressée aux cancers diagnostiqués et non à la mortalité ; or la dépression pourrait influencer la mortalité par cancer.

En conclusion, les malades et leurs proches ne devraient pas chercher de cause psychologique dans l’apparition d’un cancer. Un discours culpabilisant, ajouté au choc de l’annonce de la maladie, peut aggraver l’état psychologique du patient à un moment où il a besoin de toutes ses forces pour combattre la maladie.

Si la dépression ne semble pas provoquer de cancer, n'oubliez cependant pas que l’alimentation, elle, peut jouer un rôle (positif comme négatif).

Consulter notre dossier "cancer et alimentation"

Source

C Lemogne, SM Consoli, M Melchior, H Nabi, M Coeuret-Pellicer, F Limosin, M Goldberg et M Zins. Depression and the Risk of Cancer: A 15-year Follow-up Study of the GAZEL Cohort. Am. J. Epidemiol. (2013) doi: 10.1093/aje/kwt217

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