L'alimentation bon marché, facteur déterminant de l’épidémie d’obésité ?

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 27/05/2014 Mis à jour le 10/03/2017
L’épidémie d’obésité serait favorisée par la baisse des coûts alimentaires, historiquement bas.

Grignotage, baisse de l’activité physique, taille croissante des portions… Ces facteurs favorisent le développement du surpoids et de l’obésité. Mais d’après deux chercheurs qui publient un nouvel article dans CA : A Cancer Journal for Clinicians, le fait que les Américains disposent de la nourriture la moins chère de l’histoire a joué un rôle prépondérant dans le développement de l’obésité.

Aujourd’hui 2 américains sur 3 sont en surpoids ou obèses, avec des taux en augmentation constante depuis des dernières décennies. En France, ce sont près de 50 % de personnes qui sont en surpoids ou obèses, mais cette évolution connaît un certain ralentissement ces dernières années.

Ici 2 chercheurs américains ont voulu résumer les connaissances existantes sur les facteurs économiques liés à l’épidémie d’obésité aux Etats-Unis. Ils ont ainsi constaté que, paradoxalement, l'accroissement de l'obésité coïncide avec l’augmentation des temps de loisirs et d'une plus grande disponibilité des fruits et des légumes. D’après les auteurs, le facteur économique qui serait le plus lié à l’obésité serait le faible coût de l'alimentation. Les produits les plus caloriques et glycémiques qui sont bon marché (produits de boulangerie à base de farines raffinées, pommes de terre, plats préparés...) sont accusés par certains auteurs comme Gary Taubes de favoriser l'obésité.

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En effet, les Américains (et les Occidentaux) dépensent moins pour l’alimentation qu’aucune autre société dans l’histoire ou dans le monde. Ainsi, dans les années 30, un quart du revenu des américains était consacré à l’alimentation. Dans les années 50, ce n'était plus qu'un cinquième et actuellement ce serait moins de 10%... En France, l’alimentation pèse un peu plus sur le revenu des ménages : autour de 14% des dépenses.

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La baisse des prix de l’alimentation a eu lieu en même temps que le développement du surpoids et de l’obésité. Les enfants américains ont commencé à prendre du poids lentement mais constamment depuis les années 50, voire plus tôt. Chez les hommes âgés de 40 à 49 ans, l’indice de masse corporelle (IMC) a augmenté régulièrement depuis 1900. Ces modifications de l’IMC ont touché toutes les classes de la société. Ainsi, la croissance du surpoids et de l'obésité aux Etats-Unis est un phénomène qui ne concerne pas seulement les dernières décennies.

Les auteurs ont aussi étudié le rôle d’autres facteurs : le développement des loisirs électroniques, de l’automobile, l’urbanisation, l’évolution du monde du travail avec moins d’emplois physiques… Mais pour eux l'association avec l’obésité est moins forte que ne l'est la baisse du coût de l'alimentation.

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Par conséquent, l’épidémie d’obésité est alimentée par des prix alimentaires historiquement bas par rapport aux revenus.

C’est pourquoi, plutôt que de se focaliser sur des campagnes visant à améliorer la consommation de fruits et légumes, les auteurs se prononcent en faveur de taxes sur certains produits peu sains (sodas, aliments riches en graisses saturées…).

Source

Roland Sturm, Ruopeng An. Obesity and economic environments. CA: A Cancer Journal for Clinicians, 2014; DOI: 10.3322/caac.21237

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