Le BCG plus obligatoire

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 11/07/2007 Mis à jour le 06/02/2017
La ministre de la Santé Roselyne Bachelot l’a annoncé mercredi 11 juillet : le BCG ne sera plus obligatoire. C’est la fin des campagnes de vaccination massive contre la tuberculose que LaNutrition.fr a toujours dénoncées et le début d’une politique de prévention ciblée vers les seules populations « à risque ».

LaNutrition.fr vous le dit depuis le début : la vaccination massive et obligatoire par le BCG est inutile. Le ministère de la santé vient de le confirmer en décidant aujourd’hui que ce vaccin censé protéger contre la tuberculose ne serait plus obligatoire.

Le BCG obtenu par Calmette et Guérin, deux éminents membres de l’institut Pasteur, était exigé en France depuis 1950 pour tous les enfants de moins de 6 ans avant leur entrée en collectivité. Les parents qui ne souhaitaient pas faire vacciner leur progéniture devaient souvent traverser un véritable parcours du combattant pour pouvoir faire admettre leurs enfants à l’école ou à la crèche sans ce fameux sésame. Et pourtant l’intérêt même de ce vaccin est remis en cause depuis des années par de nombreux experts. En mars dernier des chercheurs de l’Institut Pasteur ont mis en évidence sa faible efficacité.

A l’origine Calmette et Guérin ont préparé ce vaccin à partir d'une souche atténuée de bacille tuberculeux bovin (Mycobacterium bovis) ensemencée sur des tranches de pommes de terre imbibées de glycérol, en faisant des cultures successives ce qui a conduit à une perte de la virulence de la bactérie. Il aura fallu pas moins de treize années pour obtenir une souche inoffensive et capable de déclencher une réaction immunitaire. Le BCG fut ensuite distribué à travers le monde et maintenu par cultures successives dans différents pays. C’est la généalogie de toutes ces souches « filles » que les chercheurs de l’Institut Pasteur ont établie en mars dernier. Il se sont alors aperçu que les souches actuellement utilisées montrent plus de variabilité génétique que les souches précoces et sont nettement moins efficaces en terme de couverture vaccinale.

Dès le mois d’octobre 2005, l'Académie de médecine préconisait de réserver le vaccin aux « 100 000 nourrissons à très haut risque » ayant besoin de cette protection au lieu de vacciner en masse 750 000 enfants chaque année. Les enfants considérés comme « à haut risque » sont ceux dont un membre de l’entourage ont été victime du bacille ou issus d'une famille provenant de pays où sévit la tuberculose, comme l’Afrique subsaharienne, l’Asie ou encore l’Amérique du Sud.

Le ministère de la Santé se rallie aujourd’hui à ces avis en mettant un terme à cette vaccination massive et obligatoire. La ministre Roselyne Bachelot annonce ainsi un recentrage de la prévention sur les sujets à risque.

L'Institut de veille sanitaire (InVS) rapporte 5 374 cas de tuberculose déclarés en France en 2005. Cette  maladie touche désormais 9 personnes sur 100 000 contre 60 pour 100 000 en France en 1972 et provoque environ 900 décès par an.

D’autres pays ont renoncé depuis longtemps à ces campagnes de vaccination massive par le BCG. Aux Etats-Unis, pays réfractaire à ce vaccin, les nouveaux cas chez les enfants ont diminué de 48% entre 1992 et 2002. Partout où le BCG n’a plus cours, comme en Suède et au Canada, le nombre de nouveaux cas n’a pas augmenté.

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