Les laitages ne protègent pas du syndrome métabolique

Par Thierry Souccar - Journaliste et auteur scientifique, directeur de laNutrition.fr Publié le 12/09/2014 Mis à jour le 10/03/2017
Une méta-analyse d'études d'intervention conclut qu'une consommation accrue de laitages ne diminue ni la glycémie, ni la pression artérielle, ni les lipides sanguins, ni l'inflammation. Mais qu'elle fait grossir.

Les autorités sanitaires recommandent de consommer 3 à 4 laitages par jour en prévention de l’ostéoporose, mais aussi pour les bénéfices sur la santé qui leur sont attribués. Ainsi, il se dit que les personnes qui consomment le plus de laitages bénéficient d’une protection sur ce qu’on appelle le syndrome métabolique : elles auraient moins d’obésité abdominale, de triglycérides, d’hypertension, de cholestérol, et un sucre sanguin plus bas, donc un risque moindre de diabète de type-2 et de maladies vasculaires. Ces bénéfices potentiels découlent majoritairement de conclusions issues d’études d’observation, qui ne permettent généralement pas de conclure à une relation de cause à effet.

Pour en avoir le cœur net, des chercheurs néo-zélandais ont procédé à une méta-analyse d’études d’intervention au cours desquelles des volontaires en bonne santé ont consommé un surplus de produits laitiers par rapport à d'autres qui en consommaient peu ou pas. 20 études portant sur 1677 participants ont été retenues, d’une durée moyenne de 26 semaines. En moyenne, il était demandé aux groupes « laitages » de consommer chaque jour 3,6 portions de laitages de plus que les groupes « contrôle ».

Résultats : la consommation accrue de laitages a conduit à un poids corporel plus élevé (+0,82 kg, pour les laitages maigres et + 0,41 kg pour les laitages entiers). Il n’y a pas eu de changement significatif sur le tour de taille, la glycémie, les taux de cholesterol, la pression artérielle diastolique, l’inflammation (mesurée par le dosage de la protéine C-réactive).

Ces résultats viennent contredire les affirmations optimistes de l’industrie laitière (voir ici un article du CERIN qui se présente comme "la base de connaissances nutritionnelles des professionnels de santé" mais est en réalité une émanation de l'industrie laitière), et des nutritionnistes qui lui sont liés.

En particulier, l’industrie a fait ses choux gras d’une étude française baptisée DESIR, dont elle a fait la promotion intensive dans les médias. Cette étude, qui n’est pas une étude d’intervention, mais d’observation a été financée par l’industrie laitière, une information généralement passée sous silence. L’un des enseignements, ou plutôt une confirmation, de la méta-analyse néo-zélandaise est que « les études sponsorisées par l’industrie étaient plus susceptibles de rapporter un résultat positif que les études qui n’étaient pas payées par l’industrie ».

Les laitages ont à l'origine été recommandés par les autorités sanitaires à raison de 3 à 4 portions par jour, sous le prétexte qu'ils préviendraient l'ostéoporose. Mais cette affirmation n'a jamais été vérifiée, et elle est même régulièrement battue en brèche.

Lire dans "Le Monde" : Le lait, pas forcément un ami pour la vie

Pour maintenir ses parts de marché, l'industrie laitière met aujourd'hui en avant d'autres allégations, axées sur l'apport en protéines, la minceur, le syndrome métabolique ou encore la prévention du diabète. Cependant, il apparaît peu vraisemblable qu’une consommation accrue de laitages prévienne le syndrome métabolique (troubles qui n'existent d'ailleurs pas chez les peuples ne consommant pas de laitages comme les chasseurs-cueilleurs).

Mais si on tolère les produits laitiers, on peut probablement en consommer avec modération, pour le plaisir, sans que cela ait des conséquences néfastes.

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