Mettre de la diversité dans nos assiettes

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 15/06/2009 Mis à jour le 16/03/2017

Depuis le début de la création variétale, le nombre de variétés inscrites au Catalogue des espèces et des variétés des fruits et des légumes ne cessent d’augmenter. Et pourtant, certaines associations dénoncent la menace qui pèse sur la biodiversité des fruits et des légumes.

Chaque variété de fruit ou de légume nouvellement créée doit être inscrite au « Catalogue officiel français des espèces et des variétés » qui existe depuis les années trente. Pour être inscrite, la variété doit avoir subi des tests réalisés par le Groupe d'étude et de contrôle des variétés et des semences (Geves) qui regroupe le ministère français de l’Agriculture, l’Inra et le Groupement national interprofessionnel des semences et des plants (Gnis). Ces tests sont dénommés DHS pour « Distinction, homogénéité, stabilité » et prouvent que la variété est nouvelle et qu’elle donne des plantes identiques d’une génération à l’autre. La majorité des variétés inscrites ont donc été créées à des fins technologiques et économiques, un peu comme un « copyright » et sont souvent des hybrides (Lire Les hybrides, des OGM silencieux dans nos assiettes). Cependant, une section spéciale du catalogue est consacrée aux variétés anciennes pour les amateurs (Lire Comment reconnaître un légume de variété ancienne ?). Si les légumes de toutes les variétés qui existent peuvent être vendus, en revanche, les semences de variétés non inscrites au Catalogue ne peuvent pas être commercialisées.

 

Plusieurs voix s’élèvent contre ce système de réglementation dont Bernard Lafon, agriculteur près de Bordeaux dans sa ferme Oh ! Légumes oubliés, créateur du site @limenthus.com et auteur de Le potager de ma grand-mère. Il se bat pour la conservation d'une « biodiversité nutritionnelle » et pour que soient réhabilités les légumes oubliés comme le panais, le topinambour, le cerfeuil, le pâtisson, le rutabaga, l'ortie, le salsifis...

 

Des voix s'élèvent pour la diversité

Pour sa part, Jean Marc Guillet, responsable de l’association Kokopelli qui vend des semences anciennes à Alès dans le Gard revendique : l’association ne cédera pas aux pressions des concurrents et des institutions. Attaquée deux fois en justice pour concurrence déloyale, l’association se bat pour faire entendre sa voix : «pour nous le principe du Catalogue officiel tel qu’il existe aujourd’hui est inconcevable. Nous vendons 1 000 variétés de semences anciennes en majorité à des particuliers. Si elles ne sont pas inscrites au Catalogue, c’est pour dénoncer ce système payant ». Car l’inscription au catalogue peut atteindre les 6 000 euros sur 10 ans pour une variété.

Et le débat sur la privatisation du vivant dépasse le Catalogue. Guy Kastler de l’association Semences Paysannes précise que selon un accord interprofessionnel et pour le blé tendre, les agriculteurs doivent payer une « contribution volontaire obligatoire », sorte de royalties ou taxe redistribuée aux obtenteurs. Les producteurs qui peuvent justifier par une facture qu’ils ont bien acheté une variété homologuée sont remboursés, ainsi que les petits producteurs. En revanche, un agriculteur qui a utilisé des semences fermières (quantité de céréale prélevée sur la récolte précédente) est obligé de payer cette taxe. Une loi devrait prochainement étendre cette pratique à toutes les autres espèces cultivées.

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