La maladie de Bush

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 28/04/2006 Mis à jour le 17/02/2017
Le Président américain souffre-t-il de démence présénile ? C'est l'hypothèse étonnante formulée par un médecin américain à la suite d'un article de presse qui décrivait la baisse des facultés d'élocution de l'ancien gouverneur du Texas. récit.

13 septembre 2004

Un gouverneur éloquent, un président embarrassé


L’histoire commence avec la parution, dans le numéro de juillet du magazine américain « The Atlantic », d’un excellent dossier sur les performances respectives de George W. Bush et John Kerry, les deux candidats à la Maison Blanche, dans les débats publics. Pour écrire son article, James Fallows a visionné des dizaines d’heures de vidéos anciennes, en particulier le débat qui a opposé en 1994 le futur président des Etats-Unis à Ann Richards pour l’élection du gouverneur du Texas. Et une chose le frappe : « le Bush sur vidéo était presque méconnaissable – et pas seulement parce que son apparence était différente (…). La vraie différence était dans sa manière de parler. » Pour James Fallows, le Bush ancien était éloquent, avec une diction rapide et fluide. Il se tirait avec brio des phrases les plus compliquées. « Plus surprenant : il ne marquait pas de pause avant de prononcer des mots complexes, comme il le fait si souvent maintenant, et il n’en inventait pas de nouveau. (…) L’homme donnait une impression d’intelligence et de contrôle. »

Mais le Bush que les Américains ont élu n’a cessé depuis de ravir les humoristes et ses ennemis démocrates par ses accidents linguistiques, ses néologismes, ses hésitations verbales. Au début du mois d’août, rapportait le Washington Post dans son édition du 18 août, George Bush en terminait avec un discours devant des journalistes appartenant aux minorités ethniques lorsqu’il avança une proposition saisissante sur le plan sémantique. « Nous avons en réalité mal nommé la guerre contre la terreur, dit-il. Nous aurions dû l’appeler la Lutte Contre des Extrémistes Idéologues qui ne Croient pas en une Société Libre qui Utilisent la Terreur comme une Arme pour Essayer de Secouer la Conscience du Monde Libre. » Sous forme d’abréviation, cela donne LCEICSLUTAESCML.

Un récital d'incohérences

Dans ce même discours à la presse, le président s’est essayé à une définition de la politique à l’égard des Indiens d’Amérique : « La souveraineté tribale ça signifie que, je veux dire, vous êtes un – vous êtes un – on vous a donné la souveraineté et on vous considère comme une entité souveraine. Et en conséquence, la relation entre le gouvernement fédéral et les tribus est une relation entre entités souveraines. »
La veille, alors qu’il approuvait une ligne de dépenses pour le Pentagone, il avait reçu l’approbation des Démocrates en déclarant que [les ennemis de l’Amérique] « ne cessent de penser à de nouveaux moyens de faire du mal à notre pays et à la population, ce qui est aussi notre cas. »
Un jour plus tôt, il avait résumé ainsi son programme de candidat devant les électeurs de Davenport, dans l’Iowa : « Nous nous battons pour des choses. »
Ces bévues ne semblent pas vraiment troubler George Bush. Accueillant Arnold Schwarzenegger dans le courant du mois d’août, Bush expliquait qu’il a avec le gouverneur de Californie plusieurs choses en commun : « de bonnes épouses, de gros biceps et des problèmes avec la langue anglaise. » Le lendemain, il eut cette phrase énigmatique en guise de conclusion à un discours dans l’Oregon : « J’espère que vous allez partir maintenant et qu’en sortant vous vous direz ‘Qu’est-ce qu’il a dit ?’ »
Une semaine plus tôt, il dépeignait ainsi la politique à l’égard de l’Iran : « Comme vous le savez, nous n’avons pas de relations avec l’Iran. Je veux dire, depuis la fin des années 1970 nous n’avons pas de contacts avec eux, et nous les avons totalement sanctionnés. En d’autres mots, il n’y a pas de sanctions – on ne peut pas – nous n’avons plus de sanctions à notre disposition. » Le même jour, fâché avec l’usage du pluriel, il expliquait ceci : « Dans un monde qui change, nous voulons qu'un plus grand nombre de personnes contrôle votre existence. »
Le 6 août, il passait en revue plusieurs thèmes électoraux avec le même bonheur. Par exemple, sur les impôts : « J'ai diminué les impôts de tout le monde. Je ne les ai pas diminués. Le Congrès l'a fait. Je leur ai demandé de les diminuer. »

Bush est-il malade ?

Dans son édition d’octobre 2004, « The Atlantic » publie la lettre du Dr Joseph Price, un médecin de Carsonville (Michigan) qui fait écho à l’article de James Fallows. Celui-ci indique que le journaliste « avait 100% raison de suggérer que le problème de Bush ne peut pas être ‘un trouble de l’apprentissage, de la lecture ou la dyslexie’ parce que les personnes qui en sont affectées en ont toujours souffert. Les déficits cognitifs qui se développent progressivement ne peuvent évoquer qu’un diagnostic, et c’est celui de ‘démence pré-sénile’. Pour les non-médecins, ce type de démence peut-être décrit comme une situation typique de la maladie d’Alzheimer, qui apparaît tôt dans la vie. Sa progression ressemble à celle des démences séniles, comme Alzheimer. Elle va jusqu’au handicap total et à la mort, comme pour le président Reagan, mais à un âge relativement jeune. La diction ‘désordonnée’ du Président Bush est une démonstration de ce que les médecins appellent ‘confabulation’, et il s’agit quasiment d’une spécificité du diagnostic de vraie démence. Bush devrait immédiatement recourir au diagnostic d’un professionnel respecté et se faire prescrire des médicaments qui offrent la possibilité de retarder la course lente mais inexorable de la maladie. »
On ignore si George Bush va recourir au diagnostic d’un ‘professionnel respecté’, mais l’hypothèse d’une maladie ‘organique’ rampante devrait rendre la presse encore plus attentive aux multiples accidents syntaxiques que la campagne électorale va favoriser. Allez, pour finir, en voici deux récents :
« Je voudrais remercier mon ami, le sénateur Bill Frist, de s’être joint à nous aujourd’hui. Il a épousé une fille du Texas, vous savez. Karyn est avec nous. Une fille de l’ouest du Texas, exactement comme moi. » (Nashville, Tennessee, 27/05/04)
« Je suis honoré de serrer la main d’un brave citoyen irakien qui a eu la main coupée par Saddam Hussein. » (Washington, D.C., 25 mai 2004) 

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