Le fer : ami ou ennemi ?

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 02/05/2006 Mis à jour le 17/02/2017
Le grand public est largement sensibilisé aux conséquences du manque de fer, qui peut conduire à des anémies et affecter gravement la santé des enfants et des femmes. Le grand public est moins averti des risques liés à un excès de fer.

10 mars 2003

Or il y a probablement dans nos pays développés plus de personnes ayant trop de fer que de personnes qui en manquent. En France, 77 à 90 % des femmes en âge de procréer et 95 % des femmes ménopausées ne manqueraient pas de fer. On ne dispose pas de données nationales sur l'excès de fer, mais une étude américaine chez les plus de 68 ans vient de trouver par exemple que 13 % d'entre eux ont des réserves excessives de fer, alors que les déficits concernent moins de 3 % de cette population.
Mais pourquoi se soucier d'un excès de fer ? Tout simplement parce que plusieurs études - mais pas toutes - ont trouvé que les personnes qui ont des taux élevés de fer ont un risque plus important de cancers (notamment digestifs), de maladies cardiovasculaires, de diabète et de maladies neurodégénératives (Alzheimer, Parkinson). Le fer en excès est en effet à l'origine de radicaux libres qui agressent nos cellules et nos tissus.

Doser la ferritine


Le témoin le plus connu du statut en fer, c'est la ferritine. La ferritine est une coque protéique contenant du fer. On dose la ferritine du plasma, dont les variations reflètent l'état des réserves de fer de l'organisme. Les valeurs dites normales sont de :
- 20 à 200 ng/mL chez la femme.
- 30 à 300 ng/mL chez l'homme.
En pratique, pour minimiser les phénomènes radicalaires, il est préférable de se situer autour de 50 à 70 ng/mL.

Trop de viande rouge, trop de fer

Le statut en fer est largement lié aux habitudes alimentaires. Si vous prenez des suppléments contenant du fer, que vous consommez une grande quantité de fruits ou jus de fruits et de viande rouge, vous pourriez avoir un excès de fer, comme le suggèrent les résultats d'une étude américaine récente. L'étude ayant été conduite chez des personnes de plus de 68 ans, il est délicat d'en extrapoler les résultats à la population toute entière en particulier enfants et femmes en âge de procréer, mais elle indique une tendance probablement valable chez l'homme adulte et chez la femme ménopausée.
Dans cette étude, le risque de surcharge en fer (définie pour des valeurs de ferritine supérieures aux limites évoquées plus haut) était 4,3 fois plus élevé chez les personnes qui consommaient des suppléments de fer (au moins 30 mg par jour) par rapport aux non-consommateurs. Il était près de 3 fois plus élevé chez ceux qui mangeaient plus de trois fruits par jour par rapport à ceux qui avalaient au maximum deux fruits par jour, un effet attribué à la présence d'acides organiques comme la vitamine C. Le risque enfin était 3 fois plus grand chez ceux qui mangeaient de la viande rouge plus de 4 fois par semaine. Le risque de surcharge était réduit de 70 % chez les gros consommateurs de céréales complètes.

Adapter son alimentation

Si les enfants et les femmes en âge de procréer peuvent avoir intérêt à consommer fréquemment des aliments sources de fer comme la viande rouge ou le boudin, pour les autres la prudence est de mise. La consommation fréquente de viande rouge est associée à un risque plus élevé de maladies cardiovasculaires. La viande blanche qui contient deux fois moins de fer assimilable paraît mieux adaptée à une consommation régulière.

Il faut surtout être très attentif au fer non alimentaire. De nombreux compléments de vitamines contiennent aussi du fer : ils devraient être évités par celles et ceux qui n'ont pas de risque de carence, les hommes notamment. Par ailleurs, des dizaines de marques de céréales du petit déjeuner ou de lait sont enrichis en fer. Eux aussi doivent être consommés avec prudence y compris chez l'enfant. Des études ont montré que ces aliments peuvent altérer la muqueuse intestinale en générant des radicaux libres. Mieux vaut prescrire aux enfants des formes de fer peu agressives, loin des repas (Feromiel).

Fer systématique

Enfin, il est illogique de voir des médecins prescrire systématiquement à toutes leurs patientes enceintes un complément de fer, en l'absence d'une analyse de sang. En décembre 1997, le Collège national des gynécologues et obstétriciens français a pourtant rappelé qu'il " n'y a aucune justification à la supplémentation systématique en fer des femmes enceintes. " Le risque est grand en effet de voir des femmes qui ne manquent pas de fer recevoir des doses parfois massives de cet élément au risque d'un vieillissement prématuré sans compter que des doses massives de fer freinent l'absorption du zinc. Là encore, le dosage de la ferritine devrait être demandé, y compris par la patiente si son médecin ne le prescrit pas.

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