Le régime "santé" qui abîme les artères

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 28/04/2006 Mis à jour le 17/02/2017
Toujours moins de graisses, toujours plus de fruits et légumes. A coup sûr la formule miracle pour vivre en bonne santé, si l’on en croit les « nutritionnistes » qui conseillent les Français. Et si ce n’était pas aussi simple ?

24 mars 2004

La chasse au gras a été ouverte il y a près de 20 ans. Elle s’est traduite dans nos magasins par une avalanche de produits allégés, dans nos magazines par la stigmatisation des graisses et chez nos «nutritionnistes» par une apologie du moins gras pour maigrir à coup sûr. A la fin des années 1990, plusieurs études cliniques ont montré que ce n’était pas aussi simple. Non seulement les régimes pauvres en graisses sont difficiles à suivre sur le long terme, mais en plus, ils sont peu efficaces.

En 2000, les mêmes « experts » ont découvert que les fruits et légumes sont bons pour la santé. Ils préviendraient, selon eux, maladies cardiovasculaires et cancers. C’est vrai pour les premières, ça l’est moins pour les secondes, j’y reviendrai dans un futur édito. Mais oui, globalement, les fruits et légumes méritent d’être recommandés. Et voilà nos nutritionnistes lancés dans la promotion de la martingale idéale : moins de graisses, plus de fruits et légumes. Alors même que le caractère essentiel de certains corps gras, en particulier d’origine végétale, apparaît chaque jour un peu plus nettement.

Une étude publiée aujourd’hui vient opportunément nous le rappeler (1). Les auteurs ont suivi 37 femmes en bonne santé qui s’alimentaient sainement selon les nouveaux canons de la nutrition : peu de graisses, beaucoup de fruits et légumes. A leur grande surprise, ils ont constaté chez ces femmes une baisse significative du « bon » cholestérol (HDL) et une augmentation tout aussi significative du cholestérol oxydé (OxLDL) et de la lipoprotéine (a) qu’on appelle aussi Lp(a). Ces deux derniers marqueurs biologiques sont associés à un risque cardiovasculaire accru. En effet, le cholestérol une fois oxydé précipite le développement de la plaque d’athérome dans les artères. De son côté, la Lp(a) peut comme le cholestérol, être oxydée par les radicaux libres et participer elle aussi à la plaque d’athérome.
Bien sûr, il est trop tôt pour dire que les régimes pauvres en graisses sont à prendre avec des pincettes. Mais il faut garder à l’esprit que dans le régime crétois, l’un des plus protecteurs pour le cœur, les graisses contribuent à 40 % environ des apports énergétiques…

(1) Silaste M-L : Changes in dietary fat intake alter plasma levels of oxidized low-density lipoprotein and lipoprotein(a). Arterioscler Thromb Vasc Biol. 2004;24(3):498-503

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