Les pourfendeurs des régimes défendent leur bout de gras

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 23/10/2012 Mis à jour le 17/02/2017
Une pétition de médecins, adressée au ministre de la Santé, demande d'interdire "les régimes amaigrissants". Dans quels buts ? Thierry Souccar a enquêté.Ce texte a suscité une réaction du Dr Apfeldorfer au titre du droit de réponse.Et la réponse du Dr Apfeldorfer a été commentée par Thierry Souccar.

Le corps médical compte quelques grands libre-penseurs. Si vous en doutiez, allez donc faire un tour sur le site No-Régime (Non aux Régimes). Il vous invite à signer une pétition adressée au Ministre de la Santé afin d’interdire à d’autres médecins de prescrire des régimes amaigrissants ! Cette pétition interdirait aussi aux « non-médecins» de proposer des régimes amaigrissants « sous une forme ou une autre. »

Il s’est quand même trouvé quelques dizaines de grands démocrates, dont plusieurs professionnels de santé, pour signer cet appel à la censure d’Etat. Tant mieux, nous savons maintenant qui est qui.

Mais ces amis de la liberté d’expression ont-ils seulement lu ce qui leur était donné à signer ?

Pour commencer, rien n’est dit sur ce que serait au juste un « régime amaigrissant ». Par exemple, le Programme national nutrition santé, qui vise par un ensemble de préconisations alimentaires à « réduire de 20 % la prévalence du surpoids et de l'obésité chez les adultes » peut être considéré comme un régime amaigrissant. Le ministère de la Santé devra-t-il dépêcher les forces de l’ordre dans ses propres locaux pour réduire au silence son propre personnel ? Faudra-t-il traîner devant les Tribunaux les médecins qui proposent à leurs patients en surpoids de suivre les préceptes du PNNS ?

De même le caractère cocasse de l’interdiction faite aux non-médecins de proposer des régimes amaigrissants a échappé aux ayatollahs du bourrelet. Grâce à cette pétition, des chercheurs non-médecins comme le Pr Jennie Brand-Miller (université de Sydney), auteure de multiples études et de plusieurs livres sur l’index glycémique seraient mis hors d’état de nuire. Il est vrai qu’elle a montré qu’un simple changement alimentaire entraîne une perte durable du poids – un résultat qui contredit l’affirmation de la pétition selon lesquelles « les régimes amaigrissants sont inefficaces », et qui, à ce titre mérite bien d’être censuré. Les diététiciens-nutritionnistes, qui ont l’outrecuidance de vouloir faire mincir leurs clients en leur suggérant de meilleurs choix alimentaires seront bien plus utiles à la collectivité dans les usines, à serrer des boulons, ou sur les routes à étaler le goudron. Quant aux magazines féminins et de santé qui proposent à longueur d’année des régimes minceur, ils pourront se rabattre sur des sujets moins sensibles comme les goûts alimentaires du bichon à poil frisé ou l’art du macramé, qui ont l’avantage de soutenir la filière canine et la filière textile.

Et que faire des livres traitant du surpoids qui encombrent déjà les bibliothèques ? Les fondamentalistes du mètre ruban n’en disent pas mot, mais heureusement des solutions existent pour éviter la contamination des esprits faibles. Les talibans, qui ont une solide expérience de l’autodafé (plus de 50 000 livres rares détruits à la fin des années 1990) pourraient être utilement consultés sur les combustibles les plus efficaces : étoupe ? essence ? graisses des liposuccions ?

Les médecins à l’origine de cet appel se réclament de la science. Ils affirment en effet, « les données actuelles de la science permettent d’affirmer sans conteste que les régimes amaigrissants, de quelque nature qu’ils soient, sont inefficaces sur le long terme, aggravateurs des problèmes pondéraux, nuisibles à la santé physique et mentale, destructeurs des comportements alimentaires. »

Il est vrai qu’avec une bonne rasade de mauvaise foi on peut passer à côté des quelques milliers d’études conduites depuis le milieu du dix-neuvième siècle, qui montrent qu’un changement alimentaire peut faire maigrir durablement les personnes en surpoids. Il existe de nombreuses façons d’y parvenir : réduction des calories, réduction des glucides, choix des glucides d’index glycémique bas, diminution des graisses saturées, augmentation des protéines. (1)

Et cette perte de poids, qualifiée de « nuisible à la santé » s’accompagne en réalité très souvent d’une amélioration de la santé. Même lorsque le poids est repris, comme dans l’étude DPP, le risque de maladie (en l’occurrence le diabète) est diminué dans le groupe d’intervention par rapport au groupe placebo. (2)

C’est la raison pour laquelle je suis fier d’avoir publié en tant qu’éditeur plusieurs livres fondés sur des travaux scientifiques irréprochables, qui permettent de prendre conscience du fait que tous les aliments ne sont pas égaux lorsqu’on parle de ligne et de santé.

Bien sûr, les résultats sont plus nets et durables lorsque le régime alimentaire est associé à de l’exercice physique et une prise en charge psychologique. C’est cette démarche globale qu’il faut promouvoir, plutôt que dénigrer « les régimes » comme il est devenu de bon ton de le faire.

Le plus savoureux : certains des signataires de cette pétition n’hésitent pas à cautionner par ailleurs des comportements qui valident les régimes amaigrissants. Prenez la margarine Primevère léger qui affiche « seulement 25% de matière grasse, soit deux fois moins que Primevère Tartine ». A qui s’adresse-t-elle ? Aux personnes, explique-t-on chez Primevère,  qui font « attention à [leur] poids » et souhaitent « réduire [leur] consommation de matière grasse ». Et cette  margarine allégée destinée à « ceux qui font attention à leur poids », qui a participé à sa formulation ? Le Dr Jean-Michel Lecerf, de l’Institut Pasteur de Lille, par ailleurs signataire de la pétition anti-régimes amaigrissants.

Reste à savoir dans quel contexte et dans quels buts a germé une telle pétition.

Le site No-Régime qui propose de signer la pétition contre les régimes amaigrissants a été enregistré par une certaine Anne-Dominique Bonte, 65 rue St Charles à Paris dans le 15ème arrondissement. Elle l’a enregistré le 8 août 2012. (Note : depuis la parution de cet article, la référence à Mme Bonte a disparu, le site est maintenant enregistré au nom de l'hébergeur, GANDI).

La pétition du site enregistré le 8 août, est signée de deux médecins, les Dr Zermati et Apfeldorfer, qui ont fait paraître 6 semaines plus tard, le 20 septembre, un livre s’attaquant au régime Dukan et dans la foulée aux autres régimes amaigrissants.

Il se trouve aussi que les Dr Zermati et Apfeldorfer sont les principaux animateurs du site Linecoaching qui promet de « réguler votre alimentation et perdre du poids sans devoir vous mettre au régime. »

Et qui trouve-t-on derrière le site Linecoaching ? La société Méta-coaching dirigée par… Mme Anne-Dominique Bonte, au 65 rue St Charles à Paris dans le 15ème arrondissement.

Après cela, seul un esprit mal intentionné verrait dans No-Régime autre chose qu’une démarche dictée par le souci de la santé publique.

Références

(1) Wadden TA, Webb VL, Moran CH, Bailer BA. Lifestyle modification for obesity:new developments in diet, physical activity, and behavior therapy. Circulation.2012 Mar 6;125(9):1157-70.

(2) Knowler WC, Barrett-Connor E, Fowler SE, Hamman RF, Lachin JM, Walker EA, Nathan DM. Diabetes Prevention Program Research Group. Reduction in the incidence of type 2 diabetes with lifestyle intervention or metformin. N Engl J Med. 2002;346:393–403

Droit de réponse à M. Thierry Souccar, après son éditorial, intitulé « Les pourfendeurs des régimes défendent leur bout de gras »

Ainsi, M. Souccar, vous dont le site vit de publicités, qui tenez boutique, qui faites la promotion  du régime Atkins, un régime des années 1970 dont les effets désastreux sur la santé et le poids sont aujourd’hui parfaitement identifiés, qui vendez d’ailleurs aussi des « barres Atkins »,  voilà que vous venez nous faire la morale.

Nous ne vivons pas dans le même monde, Monsieur Souccar. Pour votre part, vous vivez dans un monde fait de papier et d’écrans, alors que Jean-Philippe Zermati et moi, nous sommes dans la vraie vie, à tenter d’aider, depuis maintenant plusieurs décennies, des personnes en difficulté avec leur poids et leur comportement alimentaire.

Comment les aider efficacement ? Par la grâce de régimes amaigrissants ? La solution semble facile et élégante : il s’agit de renoncer à manger certains aliments pour en consommer d’autres. Il s’agit de contrôler son alimentation sur le mode conscient afin de contrôler son poids. C’est cela, un régime amaigrissant, puisque vous posez la question.

Mais voilà, et contrairement à vos assertions, qui datent un peu, les recherches scientifiques récentes sur le sujet des régimes montrent clairement que ces stratégies sont efficaces sur le court terme (un an), mais inefficaces sur le moyen et long terme (au-delà de 3 ans).

Citons quelques études du XXIe siècle : Anderson et al. étudient 29 programmes amaigrissants. Poids moyen des sujets: 100 kg. Perte de poids moyenne à 5 ans: 3 kg. (1) C’est là une des études les plus optimistes !

Phelan et al. étudient le devenir de 2400 personnes : 94% des « successful losers » ont repris leur poids en 2 ans. (2)

Field et al. font le point sur 15 000 enfants de 9 à 14 ans qui ont été suivi pendant 3 ans. A poids et âge comparables, les enfants qui ont fait des régimes ont pris plus de poids en 3 ans que ceux qui n’en avaient pas fait. Les auteurs concluent que les régimes favorisent l’augmentation du poids à moyen terme. (3)

Sacks et al. étudient les différents régimes possibles, qui ne sont pas si nombreux que ça, et les comparent. À deux ans, on ne peut constater que l’évolution du poids ne dépend que de l’intensité de la réduction calorique et pas de la nature du régime, que tous ont à deux ans la même évolution, les mêmes pitoyables résultats. (4)

Citons pour conclure le rapport très officiel d’expertise collective, de l’Anses de novembre 2010 (5) qui fait le point de l’état des connaissances en la matière : il y est dit clairement que les régimes amaigrissants dérèglent nos systèmes de régulation de la prise alimentaire et du poids, sont destructeurs de la psyché, de la santé physique, et que sur le long terme, ils font prendre du poids plutôt qu’ils n’en font perdre.

Alors, voyez-vous, monsieur Souccar, ce que nous disons à propos des régimes amaigrissants est argumenté, et le consensus scientifique, désormais, nous rejoint.

Mais alors, que faire pour venir en aide à nos patients désespérés, les aider à perdre leur poids excessif, à aller mieux dans leur tête et dans leur corps ? Voilà des années que nous cherchons de nouvelles approches. Et ma foi, nous avons aujourd’hui le sentiment de ne pas avoir travaillé en vain.

Nous savons comment nous y prendre pour aider nos patients à retrouver une alimentation gouvernée par leurs mécanismes de régulation physiologiques, et quitter ainsi les rivages de la restriction cognitive. Nous savons aussi les aider à ne pas « manger leurs émotions », augmenter leur tolérance émotionnelle et ne plus être la proie d’impulsions alimentaires. Nous employons pour cela les techniques cognitivo-comportementales et des techniques de ce qu’on appelle la 3ème vague des thérapies cognitivo-comportementales, comme la pleine conscience.

Et puis, nous avons jugé que nous ne pouvions pas rester enfermés dans nos confortables cabinets à faire notre petite cuisine, que notre devoir était d’aider le maximum de personnes à s’en sortir. Nous avons donc communiqué, sous forme de conférences, d’interventions dans les congrès médicaux, d’articles scientifiques, de livres grand public.

Nous avons aussi fondé une association, il y a 13 ans de cela, le Groupe de Réflexion sur l'Obésité et le Surpoids (www.gros.org) réunissant des professionnels de santé prêts à faire autre chose que de prescrire des régimes amaigrissants. Cette association regroupe aujourd’hui plusieurs centaines de membres et organise une formation selon notre approche.

Est-ce suffisant ? Les thérapeutes formés ne sont malheureusement qu’une goutte dans la mer, vu les proportions qu’ont pris les problèmes de poids aujourd’hui.

Nous avons donc décidé d’investir l’outil Internet, un outil formidable, qui permet de toucher le plus grand nombre. Et pour cela, nous avons constitué une équipe, avec une spécialiste d’Internet (en l’occurrence Mme Anne-Dominique Bonte, dont vous avez si bien repéré le nom et l’adresse, devenue la PDG de notre société), des psychologues, des informaticiens et fondé www.linecoaching.com.

Le programme que nous avons développé, cette aide en ligne nous semble un outil à la mesure du problème, qui propose une méthode réalisable sans avoir à se déplacer, qui donne accès à une communauté offrant un soutien. De plus, les études parues dans les pays anglo-saxons sur les sites de thérapie en ligne sont encourageantes : l’aide en ligne s’avère au moins aussi efficace que l’aide par un thérapeute en direct, voire dans certains, plus efficace ! Dans la mesure, bien entendu, où cette aide en ligne est fondée sur des méthodes intelligentes, cela va sans dire !

Voici pourquoi nous considérons linecoaching.com comme une avancée dont nous sommes effectivement fiers. Il s’agit d’une méthode cohérente, vraie, qui désintoxique de l’addiction à la nourriture, qui désintoxique des régimes, qui permet de combattre le poids de tendances sociétales lourdes.

Nous poursuivons aussi notre combat militant en regroupant les personnes capables d’esprit critique face aux régimes amaigrissants, sur le site www.no-regime.com. Comme vous avez pu le constater, nous sommes loin d’être les seuls à penser de la sorte, et des médecins nutritionnistes, endocrinologues, psychiatres, des diététiciens-nutritionnistes et autres professionnels de santé, mais aussi des sociologues et anthropologues, ou toutes personnes ayant à faire, de par leur profession, de par leur expérience personnelle, avec ces problèmes, nous soutiennent. Ces personnes, rassurez-vous, ont toute leur tête et savent ce qu’elles signent, ce pour quoi elles témoignent.

Dans le même temps, nous avons publié, aux éditions Odile Jacob, un opuscule concernant le régime Dukan, à nos yeux l’un des plus nuisibles sur le marché : « Mensonges, régime Dukan et balivernes ». Eh oui, nous sommes remuants. Bonne lecture, monsieur Souccar.

Dr Gérard Apfeldorfer, psychiatre, cofondateur du site linecoaching.com, du site no-regime.com et Président d'honneur du  Groupe de Réflexion sur l'Obésité et le Surpoids (www.gros.org)

Références bibliographiques :

(1) Anderson J. W., Konz E.C., Frederich R.C., Wood C. L. Long-term weight-loss maintenance : a meta-analysis of US studies. Am. J. Clin. Nutr., 2001, 74, 579-584

(2) Phelan S, O Hill J, Dibello J.R, Wing R.R. Recovery from relapse among successful weight maintainer. Am J clin Nutr, 2003, 78, 1079-84.

(3) Field A.E, Austin S.B, Taymor C.B, Malspeis S., Rosner C.B, Rockett H.R, Gillman M.W, Colditz G.A. Relation between dieting and weight change among préadolescents and adolescents. Pediatrics Vol. 11,2 N°4, October 2003, pp. 900 – 906.

(4) Sacks F.M, Bray G. A, Carey V. J, Smith S. R, Ryan D. H, Anton S. D, McManus K, Champagne C. M, Bishop L. M, Laranjo N, Leboff M. S, Rood J. C, Jonge L, Greenway F. L, Loria C. M, Obarzanek E, Williamson D. A. Comparison of Weight-Loss Diets with Different Compositions of Fat, Protein, and Carbohydrates. New England J. Med, vol 360 : 859-873, feb 26 2009, 9).

(5) Évaluation des risques liés aux pratiques alimentaires d’amaigrissement, Anses, rapport d’expertise collective, novembre 2010. NUT2009sa0099.pdf, http://www.gros.org/ressources/bibliographie/lisez-le-rapport-complet-de-l’anses-sur-les-regimes-amaigrissants

La réponse de Thierry Souccar au Dr Apfeldorfer

J'ai bien lu et relu, et je dois féliciter le Dr Apfeldorfer pour avoir réussi à ne pas répondre aux deux seuls points sur lesquels il était, avec le Dr Zermati, interpellé :

  1. Dans une société démocratique, des médecins peuvent-ils appeler à interdire et censurer des pratiques alimentaires utiles, qui sont recommandées par des instances internationales comme moyen de perdre du poids ?
  2. Pourquoi derrière cet appel « militant » à la censure, qui a toutes les apparences d’une initiative désintéressée, se cache une société commerciale à laquelle participent les Dr Apfeldorfer et Zermati ?

Le Dr Apfeldorfer me conteste le droit à la critique sous le prétexte que LaNutrition.fr (comme d’autres sites d’information : Le Nouvel Obs, Le Monde…) a une activité commerciale. Qu’il relise mon article. A aucun moment il ne lui est fait reproche de faire commerce de sa méthode. Il est interpellé sur l’opacité de sa démarche : à la différence de LaNutrition.fr, dont la boutique en ligne est clairement identifiée, aucun des utilisateurs du site No-Régime ne savait qu’il avait été créé par la présidente de Linecoaching. L’embarras est d’ailleurs tel que toute référence à Mme Bonte a été supprimée après la parution de mon article. Sur ce point, les signataires de sa pétition qui souhaitaient des explications (il y en a !) resteront sur leur faim.

Dans sa réponse, le Dr Apfeldorfer justifie longuement la méthode Linecoaching pour aider à la perte de poids. Qu’il relise mon article. A aucun moment je n’ai formulé le moindre jugement sur son travail. J’ai même écrit que les approches comportementales peuvent être utiles pour perdre du poids, en association avec un régime alimentaire et un programme d’exercices physiques.

Mais si la méthode Linecoaching des Dr Apfeldorfer et Zermati est peut-être efficace, peut-être après tout ne l’est-elle pas du tout.

Personne ne le sait, parce qu’elle n’a pas été évaluée dans des études rigoureuses. Voilà aussi ce qui nous différencie. Je ne propose pas de coaching pour maigrir, mais le Nouveau Régime Atkins dont j’ai publié l’édition française est, lui, soutenu par plus de 50 études publiées pour la plupart dans des grands journaux médicaux à comité de lecture. Et il s’agit aussi d’études à long terme.

Contrairement à ce qu’écrit le Dr Apfeldorfer, ce régime est différent de la version des années 1970. Il a été conçu par trois médecins universitaires américains et il est en tous points conformes aux recommandations nutritionnelles. C’est l’une des méthodes les plus efficaces non seulement pour perdre du poids et ne pas le reprendre, mais également pour prendre en charge le diabète, les dyslipidémies, l’épilepsie et peut-être Alzheimer. Voilà pourquoi il est conseillé par de très grands noms de la nutrition, comme Gary Foster, directeur du Centre de recherche sur l’obésité (Temple University, Philadelphie)  ou encore le Pr Walter Willet, qui dirige à Harvard la plus importante unité de recherche en nutrition au monde.

Le Dr Apfeldorfer ne nous éclaire pas plus sur les raisons qui justifieraient que des régimes amaigrissants fussent interdits et leurs auteurs censurés. Il cite quelques études qui concluent que les régimes seraient peu efficaces à long terme, mais il ne les cite pas correctement (l’étude Anderson ne dit pas que la perte de poids moyenne à 5 ans est de 3 kilos, mais qu’un individu moyen perd plus de 3 kilos, et que les régimes très basses calories font perdre 7 kilos). Le Dr Apfeldorfer assure qu’il est dans la vraie vie. Si c’est le cas, alors il aurait dû constater que les résultats des régimes « dans la vraie vie » sont meilleurs que ceux donnés par les études d’intervention : entre 1999 et 2006 plus d’un tiers des Américains qui ont cherché à perdre du poids ont réussi à maintenir une perte égale ou supérieure à 5% de leur poids initial. (1)

Mais à supposer même qu’un procédé – en l'occurence les régimes amaigrissants - soit peu efficace, comment justifier son interdiction ? L’acupuncture n’a que des effets modestes sur les douleurs chroniques, (2) mais aucune personne saine d’esprit ne songerait à l’interdire.

Le DrApfeldorfer évoque aussi les conclusions d’un rapport de 2010 de l’Anses. Mais ce rapport est incomplet puisqu’il ne dit pas un mot de l’index et la charge glycémiques. Il est approximatif puisqu’il commet la même confusion que le Dr Apfeldorfer sur Atkins. Enfin, le sceau de l’Anses sur un avis ne lui confère pas un caractère de vérité démontrée. N’est-ce pas la même agence qui nous assurait il y a peu que la créatine est cancérigène, que le sucre n’est responsable ni d’obésité, ni de diabète, ou qu’à moins de 12 grammes par jour le sel est sans danger ?

A propos de la censure qui avait jeté en prison et conduit au tombeau l’écrivain Louis Desprez, Zola dénonçait en 1885 « l’effroi de la liberté, cet effroi, qui, un de ces beaux matins, nous mettra au cou le carcan d’un dictateur. » Nous attendons des Dr Apfeldorfer et le Dr Zermati qu’ils nous montrent qu’ils n’ont pas peur de la liberté. Et qu’ils retirent leur pétition.

Références

(1) Kraschnewski JL, Boan J, Esposito J, Sherwood NE, Lehman EB, Kephart DK, Sciamanna CN. Long-term weight loss maintenance in the United States. Int J Obes(Lond). 2010 Nov;34(11):1644-54. Epub 2010 May 18. PubMed PMID: 20479763.

(2) Vickers AJ, Cronin AM, Maschino AC, Lewith G, Macpherson H, Foster NE, Sherman KJ, Witt CM, Linde K; for the Acupuncture Trialists' Collaboration. Acupuncture for Chronic Pain: Individual Patient Data Meta-analysis. Arch Intern Med. 2012 Sep 10:1-10. doi: 10.1001/archinternmed.2012.3654. [Epub ahead of print] PubMed PMID: 22965186.

A découvrir également

Back to top