Le régime de South Beach

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 16/03/2006 Mis à jour le 17/02/2017
Le régime de South Beach (ou régime Miami) a été inventé par le Dr Arthur Agatston, cardiologue et professeur de médecine à l’université de Miami. Ce régime, qui se déroule en trois phases, ne fait compter ni les calories, ni les portions.

Profil

Pauvre en glucides, riche en protéines

Principe

C’est un régime qui se déroule en trois phases : 15 jours sans glucides ou presque, une deuxième phase de réintroduction des « bons » glucides et enfin le maintien à vie des bons choix alimentaires. Un peu comme Montignac et Atkins.

Points forts

  • Perte de poids et amélioration du taux de cholestérol
  • Des menus déjà composés

Points faibles

  • La première phase est très restrictive donc difficile à suivre
  • Des conseils diététiques pas toujours étayés


Comment ça marche ?

Le Dr Arthur Agatston, cardiologue et professeur de médecine à l’université de Miami, a mis au point son propre programme minceur en réponse au régime préconisé par l’association américaine de cardiologie. Ce dernier, trop riche en glucides et trop pauvre en graisses selon lui, ne serait pas tenable sur le long terme.

Son but : aider ses patients en surpoids à adopter définitivement un régime qui leur permette de garder le contrôle de leur poids tout en prévenant ou soignant leurs affections cardiovasculaires. Pour cela, le Dr Agatston propose un régime en trois phases qui ne fait compter ni les calories ni les portions d’aliments.

La première étape supprime presque totalement les glucides et est destinée à amorcer rapidement la perte de poids en 15 jours. Au cours de la deuxième, dont la durée est laissée à l’appréciation de chacun, les glucides sont réintroduits progressivement et de manière contrôlée. La troisième phase consiste à adopter définitivement les conseils diététiques pour maintenir pendant toute sa vie un poids et un profil lipidique idéaux. Pour Arthur Agatston cependant son régime « n’est pas un régime pauvre en glucides » de plus, ni comparable à celui d’Atkins.

Selon le Dr Agatston, éliminer les mauvais glucides (sucres raffinés entre autres) permet à l’organisme de mieux métaboliser ce qu’il ingère tout en améliorant la résistance à l’insuline, le tout conduisant à une perte de poids.

Son régime fait la distinction entre « bons » et « mauvais » glucides et entre « bonnes » et « mauvaises » graisses.

Les bons glucides sont représentés par les aliments riches en fibres et / ou en bonne graisse. Ils ont un IG bas, sont digérés et absorbés lentement. C’est le cas des céréales complètes, du riz et des pâtes complètes, du pain complet. C’est aussi le cas de la plupart des légumes et des fruits.

Les bonnes graisses sont les acides gras insaturés (par exemple : acides gras monoinsaturés de l’huile d’olive ou acides gras polyinsaturés de la famille des oméga-3) par opposition aux graisses saturées (présentes dans les viandes, le beurre et les produits laitiers) et aux graisses « trans » (présentes dans certains aliments d’origine animale et dans tous les produits contenant des huiles hydrogénées).

La diète de South Beach fait ainsi la promotion des céréales complètes et conseille de manger de grandes quantités de légumes accompagnés de quantités raisonnables d’huiles végétales riches en acides gras insaturés. Par opposition les graisses animales, les aliments raffinés (sucre et farine en particulier) et les viandes riches en graisses sont à consommer avec une grande modération et seulement à partir de la phase 2.

Le Dr Agatston ne recommande pas d’activité physique particulière.


Les trois phases du régime

    La phase 1

But : amorce rapide de la perte de poids et arrêt des envies irrépressibles de nourriture.

Durée : 2 semaines

Perte de poids annoncée : 4 à 6 kg

Méthode : faire trois repas équilibrés tous les jours avec deux collations (en matinée et dans l’après-midi). Les portions de nourriture ne sont pas réduites.

Aliments à privilégier : les viandes maigres, les volailles, le poisson et les crustacés, les œufs, le fromage allégé, les noix et tous les légumes.

Aliments à bannir : le pain, le riz, les patates, les pâtes, les plats préparés, les fruits, le sucre, les gâteaux, les bonbons, la glace, l’alcool.

    La phase 2

But : réintroduction progressive et lente des aliments interdits en suivant quelques conseils diététiques.

Durée : de quelques semaines à quelques mois en fonction du nombre de kilos à perdre.

Méthode : choisir les bons glucides (fruits, céréales et pâtes complètes, pain complet, c’est-à-dire des aliments à IG bas) et les réintroduire un par un. Pendant la première semaine par exemple, réintroduction du pain (en version complète) à raison d’une portion de pain dans l’un des trois repas quotidiens. Continuer jusqu’à ce que les « bons » glucides soient présents à raison de trois portions quotidiennes.

    La phase 3

But : adopter pour le reste de sa vie les bonnes mesures diététiques et garder un poids de forme.

Méthode : continuer à choisir les bons glucides et les bonnes graisses.


En résumé

Pas de glucides pendant 15 jours puis réintroduction progressive des « bons » glucides (céréales et farines complètes) avant la phase de stabilisation sur le long terme.


Qu’en dit la recherche ?

Malgré ce que peut en dire le Dr Agatston, le monde de la recherche considère son régime comme pauvre en glucides. Et comme tout régime de ce type, il est considéré comme efficace à court terme. Cependant, comme le souligne une revue systématique de toutes les études conduites sur les régimes pauvres en glucides entre 1966 et 2003, cette perte de poids est due à un apport calorique plus faible et à une plus grande adhésion des personnes au régime mais pas à la réduction des apports glucidiques. Pour les auteurs de cette étude, « il n’existe pas de preuves suffisantes pour pouvoir émettre des recommandations en faveur ou en défaveur des régimes pauvres en glucides, en particulier pour les personnes de plus de 50 ans, pour une utilisation supérieure à 90 jours et pour des régimes prônant des apports inférieurs ou égaux à 20 g de glucides par jour ».

La distinction du Dr Agatston entre bonnes graisses et mauvaises graisses et bons sucres et mauvais sucres est étayée scientifiquement. Les aliments à IG bas (céréales complètes, légumes) sont effectivement assimilés plus lentement par l’organisme et induisent une sensation de satiété plus longue (ce qui est important dans un régime pour ne pas craquer). Les graisses insaturées sont effectivement les meilleures pour le cœur tandis que les acides gras saturés et trans sont à éviter au maximum.

Certains médecins ont cependant relevé des paradoxes dans les préceptes du Dr Agatson, erreurs imputables à son manque de connaissance en nutrition :

  • Il conseille ainsi la margarine comme substitut au beurre alors que de par son procédé de fabrication (hydrogénation) la margarine contient des acides gras trans, ces mêmes graisses que le Dr Agatston conseille par ailleurs d’éviter.
  • En ce qui concerne les acides gras insaturés, le régime de South Beach n’insiste pas sur une donnée importante : le rapport oméga-6 / oméga-3. Il ne suffit pas en effet de consommer des huiles végétales riches en acides gras insaturés il faut aussi veiller à les consommer dans les bonnes proportions. Ainsi le rapport oméga-6/oméga-3 doit être inférieur à 4 / 1 et devrait se rapprocher de 2 / 1. D’où la nécessité d’augmenter ses apports en oméga-3 (en mangeant des noix, des poissons gras et en privilégiant un assaisonnement à l’huile de colza) comme le recommande Agatston mais aussi de réduire ses apports en oméga-6 (remplacer l’huile de tournesol par de l’huile d’olive par exemple), ce qu’il omet de signaler.
  • D’autre part, il propose de manger des frites ou des chips de préférence à des pommes de terre bouillies (à cause de la teneur en graisse qui ralentit l’assimilation des glucides), alors que la friture des aliments conduit à la formation de composés cancérigènes.

En résumé

si les conseils concernant l’IG et les oméga-3 proviennent d’études scientifiques fiables, certaines recommandations diététiques ne reposent sur aucune base nutritionnelle solide.


Notre avis

Ce régime ressemble étrangement à ceux de Montignac et Atkins. Mais comme il a été créé plus tard, il intègre mieux les données nutritionnelles récentes. En revanche, certains conseils sont quand même à prendre avec des pincettes pour du long terme.

 

Bibliographie

- Agatston A : «The South Beach Diet ». Editions Rodale. 2003

- Bravata DM : « Efficacy and safety of low-carbohydrate diets : a systematic review ».

- JAMA. 2003 Apr 9;289(14):1837-50.

- Foster GD : « A randomized trial of a low-carbohydrate diet for obesity. » N Engl J Med. 2003 May 22 ; 348(21):2082-90.

- Samaha FF : « A low-carbohydrate as compared with a low-fat diet in severe obesity ». N Engl J Med. 2003 May 22 ; 348(21):2074-81.

- Moyad MA : « Fad diets and obesity--Part IV: Low-carbohydrate vs. low-fat diets. » Urol Nurs. 2005 Feb;25(1):67-70.

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